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Crème Solaire : les Indices de Protection Solaire remis en question

Voici de nouvelles révélations scientifiques qui remettent en cause l’efficacité de certaines crèmes solaires. D’après les résultats d’une étude, il existerait un décalage entre l‘indice de protection solaire (= IP ou SPF) annoncé et la protection réelle apportée par certaines crèmes solaires.

Pour le Pr Laurence Coiffard de l’université de Nantes, de 25 à 30% des produits solaires auraient un indice de protection réel inférieur à celui affiché sur l’emballage. Elle s’appuie sur plus de 200 tests en laboratoire sur des crèmes solaires commercialisées.

Pour la professeure en pharmacie, les tests officiels réalisés in vivo sur la peau de volontaires exposés aux rayonnements UV surestimeraient l’efficacité de certaines crèmes solaires, notamment les crèmes à base de filtres minéraux ou celles contenant des anti-inflammatoires.

Pour les tests standardisés in vivo, on se base sur la dose d’UV nécessaire pour que la peau se mette à rougir (Dose Erythémateuse Minimum) avec ou sans crème. Or, il existerait des produits dans les crèmes solaires susceptibles de retarder l’apparition de la rougeur de la peau, sans pour autant protéger des effets nocifs du soleil.

Sur BFM TV, le Pr Coiffard estime que ces tests réalisés sur l’homme ont été mis au point « par l’industrie pour l’industrie« , et qu’il y aurait différentes astuces pour gonfler son IP, comme jouer sur la couleur de la peau du volontaire ou la saison à laquelle on effectue le test. Elle révèle avoir découvert des crèmes d’indice 50+, qui n’en valaient en réalité que 10 d’après ses propres tests.

Des crèmes solaires boostées aux anti-inflammatoires.

Dans son étude publiée en juin 2012, Laurence Coiffard met en évidence que certains produits solaires sont « dopés » avec des molécules anti-inflammatoires comme l’allantoïne, le bisabolol ou l’acide glycyrrhétinique, dont l’effet anti-inflammatoire est parfois même revendiqué par le fabricant.

Les anti-inflammatoires retarderaient l’apparition d’un coup de soleil et feraient grimper artificiellement l’IP solaire, sans réellement protéger davantage la peau des UV.

Dans une autre étude en cours, le Pr Coiffard indique qu’une majorité de produits solaires contiendraient des ingrédients actifs ayant un effet anti-inflammatoire significatif, sans pour autant être des anti-inflammatoires reconnus.

De leur côté, les fabricants s’inscrivent en faux face à ces allégations en affirmant que les tests in vitro du Pr Coiffard ne sont pas superposables aux conditions d’utilisation réelle des produits solaires.

Laurence Coiffard critique également certaines crèmes «minérales» ou «bio» qui ne contiennent pas de filtres chimiques mais des filtres minéraux comme le dioxyde de titane ou l’oxyde de zinc. Une étude publiée en 2008 arrivait à la conclusion qu’il était impossible d’obtenir des IP maximum de 50 ou 50+, et que pour arriver à un IP de 30, il faudrait utiliser ces filtres en nanoparticules qu’on soupçonne de présenter des risques pour la santé et pour l’environnement…

Les fabricants de produits bio considèrent eux-aussi que l’IP de leurs produits est difficile à évaluer par des tests in vitro en laboratoire.

Devant ces querelles d’experts, il paraît urgent de revoir la fiabilité de ces tests d’évaluation de l’Indice de Protection Solaire, tout en sachant que l’avenir appartient probablement à un autre type de test in vitro qui permettrait de mesurer la protection de l’ADN contre les dommages provoqués par les UV grâce aux crèmes solaires, permettant ainsi d’avoir un «indice de protection cancer» qui serait beaucoup plus utile au consommateur pour prévenir les cancers de la peau.

Couteau C, Chauvet C, Paparis E, Coiffard LJ. Influence of certain ingredients on the SPF determined in vivo. Arch Dermatol Res. 2012 Jun 16

http://www.liberation.fr/economie/2012/08/13/faut-il-faire-la-peau-aux-cremes-solaires_839624

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