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Vision du Requin : le Requin Tigre a-t-il des yeux de Lynx ?

Après nous avoir informés sur le poisson-pierre, Caroline Lepage, journaliste scientifique, auteure du livre « Les Baleines ont-elles le mal de mer ?« , blogueuse sur MerSea Planete et internaute de Surf-Prevention.com, nous renseigne sur la vision des requins. Beaucoup se demandent si les requins peuvent voir, quelle est leur perception visuelle quand ils s’approchent d’un surfeur (par exemple…), et quelles mesures de prévention pouvons-nous en retirer. Caroline nous éclaire sur le sujet.

Une vue perçante ? Tout dépend des conditions. Côté perception des couleurs d’abord, il s’en sort aussi mal que le requin bouledogue pour la simple raison que les squales seraient daltoniens !

Chez les vertébrés, la vision repose sur la rétine. Ce tissu nerveux est constitué de deux types de cellules sensibles à la lumière : les bâtonnets et les cônes. Performants dans la vision nocturne, les bâtonnets captent l’intensité lumineuse grâce au pigment appelé rhodopsine. Plus impliqués dans la vision diurne, les cônes captent les couleurs via l’iodopsine : l’oeil humain dispose de trois types de ce pigment dans chaque cône (sa vision est dite trichromatique). C’est la proportion de chacun d’eux qui en détermine sa fonction : cône réceptif aux longueurs d’onde courtes (bleu), moyennes (vert) ou longues (rouge). L’absence ou un dysfonctionnement de l’un de ces trois types de cellules photosensibles est responsable du daltonisme.

A l’exception des primates qui ont les trois types de pigments, les mammifères terrestres ont souvent une vision bichromatique (à deux pigments). Celle de leurs cousins marins est généralement monochromatique (pigment sensible au vert pour les phoques, dauphins et baleines).

Bon, et les requins alors ? Ce sont des poissons. Leurs cousines, raies et chimères, ont la chance de voir le monde en couleurs. Eux n’ont pas cette capacité. Récemment, l’examen de la rétine de 17 espèces de requins (dont le bouledogue et le tigre) a en effet révélé qu’au mieux, elle était pourvue d’un seul type de cônes (vert), sinon d’aucun !

Conclusion, comme les cétacés, les squales ont une vision monochromatique. Ils ne s’en portent visiblement pas plus mal : après tout, à quoi leur servirait-il de voir du rouge ou du jaune puisque ces couleurs « disparaissent » avec la profondeur ? N’oublions pas que le milieu aquatique en fait baver aux photons et que les différentes longueurs d’onde du spectre visible – ce que l’oeil humain perçoit de la lumière – sont absorbées les unes après les autres. A 5 mètres, adieu rouge, à 15 au revoir orange, à 20-25 bye-bye jaune et violet, à 50 fini le vert, et 300 m plus bas même plus de bleu…

Par contre, la rétine des requins est bien garnie en bâtonnets. Ce qui explique qu’ils soient si doués dans la perception des contrastes : eux qui chassent plutôt à la nuit tombée y voient très bien ! C’est aussi la raison pour laquelle les spécialistes conseillent de ne jamais se baigner ou surfer dans les zones à risque de bonne heure le matin ou en fin de journée. Toujours selon eux, des planches de surf et shortys de bain aux couleurs moins contrastées attireraient moins l’attention des squales

En savoir plus dans le livre de Caroline Lepage : « Les Baleines ont-elles le Mal de Mer ».

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