Site icon Blog Surf Prevention

Surf Trip: Easkey Britton première surfeuse en Iran

Récit de Marion Poizeau, réalisatrice, sur son surf trip en Iran en 2011 avec la surfeuse irlandaise Easkey Britton. Retrouvez un reportage complet sur le sujet dans le magazine Explô de Laurent Bignolas sur France Ô mardi 30 Octobre 2012 à 20h35.

Lorsque l’on évoque l’Iran dans les médias, on parle du programme nucléaire, de la République islamique, de la répression des femmes et de la lapidation. Pourtant, j’ai du mal à imaginer qu’un pays avec une histoire aussi longue ne puisse posséder de véritables richesses culturelles. L’empire Perse, l’Etat de la création des droits de l’homme, le pays des Milles et Une Nuits. Faut-il s’en tenir à ce que l’on nous raconte dans la presse ?

Avec Easkey Britton, on veut se lancer le défi de partir surfer dans une république islamique et de constater par nous-mêmes à quoi ressemble l’Iran. J’avoue que l’on a quelques appréhensions avant de partir. Porter le voile, surfer, filmer… Je pars avec une petite caméra, on verra bien…

On a entendu dire qu’il y a des vagues au sud de l’Iran. Un ami a déjà surfé au Pakistan près de la frontière iranienne. Pour lui, la meilleure période pour partir, c’est l’été, de juin à septembre.

Les démarches pour l’obtention des visas sont longues, mais on arrive à s’organiser pour le mois de septembre. On s’envole alors pour Téhéran puis pour Chabahar au sud-est de l’Iran. Sur place, on fait appel à un chauffeur, Bob et un interprète, Abdulah qui vont nous aider dans notre quête: explorer la côte et trouver des vagues.

Après deux heures de recherche, Easkey fait sa première session sur une plage à quelques kilomètres de Chabahar. Quel accueil! C’est une première. Jamais personne n’a encore vu de surf et encore moins pratiqué par une femme. Les hommes n’ont pas l’air de trouver ça désagréable. Au contraire, certains nous confient qu’ils aimeraient voir des Iraniennes pratiquer le sport.

Même la police nous rend visite. Les agents sont inquiets pour la sécurité d’Easkey à cause des rochers. On leur explique que tout va bien et ils accompagnent alors la troupe de curieux qui s’est rassemblée sur la plage. L’ambiance est détendue. C’est très agréable et je n’ai aucun problème pour filmer. Plus tard dans le séjour, les pêcheurs nous expliquent que la meilleure période pour venir, c’est le mois de juin. Il y a plus de houle. Mais les conditions sont déjà très correctes.

Dans l’eau, Easkey apprend à surfer avec un hijab en « Lycra » spécialement conçu pour les femmes musulmanes qui veulent pratiquer des sports aquatiques. Ça glisse beaucoup mais elle finit par s’y habituer!

Le décor est magnifique. L’océan aux portes du désert. Les plages sont vides et très propres. Mis à part la plage la plus proche de Chabahar où les Iraniens viennent se baigner et se détendre le soir, les seuls spectateurs que l’on croise ailleurs, se sont des chameaux.

[nggallery id=39]

Bien sûr, surfer couverte des pieds à la tête dans une eau à 28°C est une véritable contrainte. Pratiquer un sport synonyme de liberté dans un pays comme l’Iran nous permet d’engager des conversations sur certains sujets et notamment sur la condition des femmes.

Pourquoi on ne nous parle jamais du peuple iranien lorsque l’on évoque l’Iran ? L’accueil, le gentillesse, l’honnêté et la culture de ces gens qui nous font oublier la propagande contre le pays. Bien sûr, le poids du régime islamique est très présent, et surtout pour les femmes. Les Iraniens essayent de vivre normalement sans oublier que les choses peuvent changer.

Merci à tous les locaux qui nous ont accueillies chaleureusement et qui nous ont aidées dans notre démarche de pratiquer le surf pour la première fois sur les côtes iraniennes. Certains nous ont même demandé de revenir pour leur enseigner le sport. Et pourquoi pas?


Le site de Marion Poizeau: http://marionpoizeau.com/

Quitter la version mobile