On savait que le moustique-tigre était bien présent dans le sud de la France et que toutes les conditions étaient réunies pour qu’apparaissent des cas de dengue ou de chikungunya. C’est maintenant une réalité : après les premiers cas de dengue dans les Alpes-Maritimes, on a appris hier soir qu’une jeune fille de 12 ans souffrait de chikungunya. Il y avait bien évidemment déjà eu des cas de personnes contaminées à l’étranger qui revenaient malades en France. Mais ces 3 cas sont les 3 premiers signalés de personnes contaminées en France, sans avoir voyagé dans un pays où les virus circulent déjà.
Comment se transmet le chikungunya ? A l’heure actuelle, il suffit qu’une personne infectée revienne d’une zone où le virus sévit à l’état endémique, comme l’Ile de la Réunion ou l’Inde par exemple, qu’elle se fasse piquer en période de virémie (quand le virus circule abondamment dans le sang) par un moustique-tigre sur le sol français et que celui-ci contamine ensuite une personne saine comme cette enfant de Fréjus. Deux à dix jours après la piqûre de moustique, une fièvre apparaît ainsi que des symptômes faisant penser à une grippe. Ce sont surtout les douleurs qui permettent d’évoquer le diagnostic de chikungunya : les douleurs articulaires prédominent aux pieds et aux mains et le malade perclus d’arthralgies est littéralement plié en deux et marche courbé, d’où le nom de la maladie en makondé (dialecte africain). Une éruption cutanée de « boutons » et des saignements peuvent compléter le tableau clinique. Des formes graves neurologiques ont été décrites à la Réunion. Le malade n’est pas directement contagieux : seul un moustique vecteur peut transmettre le chikungunya d’un malade à un autre*.
Le diagnostic est confirmé par une « sérologie chikungunya » grâce aux anticorps qui apparaissent à partir du 5e jour. Le traitement est symptomatique avec des médicaments antipyrétiques (contre la fièvre) et antalgiques comme le paracétamol (Dafalgan®, Doliprane®…). Peut-on assister à une vaste épidémie en France ? Non, pas pour le moment si l’on en croit les experts, mais on risque d’assister à de petits foyers épidémiques sporadiques, comme celui qui s’était constitué en Italie il y a exactement 3 ans, en septembre 2007 dans la région de Ravenne. Pour les personnes vivant dans le Sud de la France, ou pour celles qui reviennent d’un séjour sur place, il convient de consulter un médecin généraliste devant un syndrome fébrile et douloureux. Pour prévenir la maladie, il faut se protéger des piqûres de moustiques (vêtements longs, répulsifs, moustiquaire imprégnée…) et lutter contre les eaux stagnantes, que ce soit dans des pots de fleurs ou dans les piscines gonflables des enfants laissées dans le jardin par exemple.
*Une transmission inter-humaine materno-foetale (décrite pendant l’épidémie de la Réunion), par transfusion sanguine, greffe ou accident d’exposition au sang contaminé sont théoriquement possibles.
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