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Aurélien Jacob : une vie de surf et d’eau fraîche

La casquette sur le côté et la démarche influencée par des pieds nus sur un terrain miné, Aurel Jacob vient de sortir de l’eau et se dirige vers le « Rayon Vert », petit restaurant sur la pointe de la Torche. Autour d’un diabolo fraise il tente de se présenter… et l’exercice est difficile. D’un sourire en coin, gêné, il enlève sa casquette et la pose sur la table. Il se lance d’un trait : « Aurel-Nono-Jacob, 29 ans, né le 27 mai 1982, 1m75, les yeux bleus et les cheveux châtains clairs car je bouffe pas mal de soleil en ce moment à la Torche. Je surfe depuis 20 ans ». Il aurait voulu être infirmier ou kiné mais sa passion pour le surf l’a emporté.

Né dans les Vosges, il n’y passera que très peu de temps. Son père est militaire et sa famille le suit autour du monde à chaque mutation. En 1991 il atterrit sur l’île de la Réunion et glisse pour la première fois sur une vague aux Roches Noires (non loin de là où a eu lieu la dernière attaque de requin). Avec un bon niveau, il décolle deux ans plus tard pour la Bretagne où il commence la compétition en surf et en natation. En parallèle il apprend à prendre soin de son corps via une alimentation saine et une préparation physique adaptée. Les jours de flat, il nage ou court en calculant dans un coin de sa tête sa VO2 max (consommation maximale d’oxygène par minute). Passionné, il devient plus tard moniteur de surf. Il souhaite vivre sa passion à fond, chose qui le préoccupe le plus dans sa vie.

Surfer dès que possible. Celui qu’on surnomme « Nono-Limites » n’en a pas (de limite) concernant le surf. Pour vivre sa passion au quotidien il simplifie sa vie au maximum. Tout comme le free surfer Kristian Spencer, Aurel Jacob ne possède pas grand-chose de matériel : un carton de fringues, quelques planches de surf adaptées aux conditions, des combinaisons en fonction des saisons et un téléphone portable. C’est suffisant pour surfer. Mais sa plus grande possession est immatérielle : ses amis. Il y en a toujours un pour partager une session, une place dans la voiture, un canap’ le soir pour dormir ou même un emplacement sur la boîte aux lettres. Toujours aux petits soins pour ses hôtes, il prend souvent les devants pour mijoter un bon petit plat ou faire un peu de ménage. C’est tout de même arrivé qu’il ne sache pas où aller : « j’ai déjà dormi dans la cage d’escalier d’un immeuble en plein hiver, mon pote n’était pas là. J’ai enfilé ma combi pour avoir plus chaud mais le froid m’a quand même réveillé. J’ai dû sortir courir pour me réchauffer ». Il vit sa vie au jour le jour, un peu comme une aventure.

Ainsi, tous les défis sont bons à prendre. Sauter dans une eau à 8°C en pleine tempête de neige dans le port de Brest, surfer contre une digue la nuit avec 30knt de vent et 15mm de pluie à l’heure, ou encore partir vivre sur une île déserte et se consacrer au surf. « Avec deux potes –Ewen Le Goff et Ronan Gladu- on voulait voir si on était capable de survivre loin de notre société de consommation. Voir si nous pouvions survivre seuls avec le strict minimum et s’il était possible de vivre de surf et d’eau fraîche ». Entre la pêche pour se nourrir, le feu à entretenir, le puits à creuser et les plaies creusées par le sel, « c’était pas toujours facile de dégager du temps pour surfer ». Quand c’était possible, il traînait sa fatigue et sa faiblesse à l’eau. « C’est là que tu te rends compte que le surf est vraiment un loisir et qu’il est dépendant d’une bonne hygiène de vie. Si tu ne dors pas bien et que tu t’alimentes mal ton corps ne suit pas ». Toujours autant accro au surf, il est revenu de ce trip des projets plein la tête. Pour l’heure son diabolo est terminé, il remet sa casquette et repart donner ses derniers cours de surf du week-end.

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