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Stockage de gaz naturel par EDF dans les Landes : inquiétudes autour du Saumoduc

La mobilisation prend de l’ampleur contre ce grand projet d’EDF dans le département côtier des Landes. Essayons de comprendre en quoi consiste ce projet et ce qui inquiète les usagers de la mer, avec les surfeurs et les pêcheurs en première ligne. Nous nous intéresserons surtout au versant côtier et marin du projet.

Pourquoi stocker du gaz ? EDF – dont l’essentiel du mix énergétique provient du nucléaire – aurait besoin de stocker du gaz naturel pour faire tourner des centrales électriques au gaz. Paradoxalement, c’est à cause de l’intermittence des sources d’énergies renouvelables développées par EDF, comme l’éolien ou le photovoltaïque, qu’ils ont besoin d’autres sources pour assurer un approvisionnement continu. Le type de centrale à énergie fossile qui fonctionne le plus rapidement serait la centrale au gaz naturel, beaucoup moins polluante selon EDF qu’une centrale au fioul ou qu’une centrale au charbon. EDF veut disposer de sites de « stockage rapide » du gaz comme celui envisagé dans les Landes.

Des cavités salines adaptées au stockage du gaz naturel ont été repérées dans les Landes. Le site retenu se trouve sur les communes de Pouillon et Mimbaste, à distance des habitations. Une douzaine de cavités seraient creusées dans le sous-sol, à plus de 1 000 mètres de profondeur. L’ensemble des cavités permettrait de stocker 600 millions de mètres cubes de gaz.

L’avantage du sel est qu’il est résistant et étanche au gaz. Sa solubilité dans l’eau permet la création de cavités par injection d’eau (lessivage) : ce procédé demande beaucoup d’eau et durera des années. Ce ne sera pas de l’eau douce qui sera utilisée, du fait de son utilisation déjà abondante pour l’agriculture et pour l’activité thermale des Landes. La ressource naturelle et inépuisable choisie pour creuser des cavités dans le sel sera l’eau de mer qui sera amenée par une conduite depuis l’océan jusqu’à Pouillon (cf. schéma ci-dessus). Jusque-là tout va bien, ou presque. Le problème est que, dans l’état actuel du projet, l’eau surchargée en sel sera réexpédiée telle quelle depuis Pouillon jusque dans la mer par une canalisation en sens inverse. Il n’a pas encore été trouvé de méthode de valorisation de cette saumure, autre que le rejet à l’état brut en mer.

La double canalisation répondra au doux nom de saumoduc qui sera enterré à plus d’un mètre sous terre. Ces deux canalisations auront un diamètre de 50 centimètres chacune et seront  enterrées parallèlement. La prise d’eau et le rejet de l’eau salée en mer se feraient à plus de 1,5 kilomètres des côtes, à une profondeur supérieure à 15 mètres.

La construction du saumoduc mobiliserait pendant le chantier une bande d’environ 30 mètres de large sur toute la longueur du saumoduc (pour un linéaire d’environ 45 km). Le passage de la zone littorale serait réalisé en forage (sans tranchée) d’environ 1 km sous l’espace dunaire et la plage. La canalisation serait ensuite enfouie dans le fond marin jusqu’à 1,5 kilomètres au large. A cette distance, les courants côtiers assureraient une bonne dilution selon EDF, ce qui permettrait de limiter l’incidence de l’augmentation de la salinité à une zone restreinte autour du point de refoulement. L’ouvrage de refoulement du saumoduc serait équipé d’un dispositif de diffusion pour favoriser la dilution.

Le projet inquiète par son gigantisme, la durée des travaux, l’incertitude sur la nature exacte des rejets et de leur impact sur l’environnement marin. Le saumoduc pourrait entrer en service dès 2017, et fonctionner jusqu’en 2030 au débit de 800 mètres cubes/heure, 365 jours par an !

En temps normal, la salinité de l’eau de mer est de 35 grammes par litre environ à cet endroit. L’eau qui sera rejetée par le saumoduc contiendra entre 250 et 300 grammes de sel par litre d’eau – une salinité proche de celle de la Mer Morte– tous les jours pendant une bonne dizaine d’années… Pour les spécialistes invités au débat public de Capbreton, ce n’est pas un souci car, d’après leurs études, ce sel se diluera très vite et l’eau retrouvera une salinité normale à quelques dizaines de mètres du saumoduc.  A 50 mètres du diffuseur, les salinités diminueraient sensiblement tout en restant plus élevées que la moyenne. D’après EDF, l’impact serait surtout important sur la faune et la flore benthique dans la zone se trouvant à 50 mètres autour du point de rejet et dans les quatre mètres au-dessus du fond. Entre 100 et 150 mètres autour du rejet, les augmentations de salinité seraient de l’ordre du gramme par litre, comparable aux variations naturelles.

Une question primordiale est de savoir quels sont les composants (potentiellement néfastes pour le milieu marin) autres que le sel présents dans cette saumure. Même en faibles proportions, ces éléments pourraient s’accumuler du fait des énormes quantités de saumure rejetées en mer (l’équivalent de 140 camions de 38 tonnes par jour !).

Des forages réalisés au centre du diapir de 197 mètres jusqu’à 1 954 mètres de profondeur ont ramené des carottes de sel qui ont été analysées. Selon Grégoire Richez, porte-parole technique du projet EDF, « le sel présent dans le sous-sol, c’est du sel de mer, déposé là, il y a 200 millions d’années, et ce n’est jamais que celui-là. Nous avons effectivement réalisé des prélèvements, ces carottes, (…) et plusieurs de ces prélèvements ont fait l’objet de tests en laboratoire, les synthèses de ces résultats encore une fois vous sont disponibles dans les documents que nous avons mis à disposition sur le site Internet. Et de ce point de vue-là, nous sommes transparents. Maintenant, un sel pur, mais vous ne le trouverez jamais à l’état naturel, un sel pur pour moi, en terme minier, cela n’a pas réellement de sens. »

Il faudrait connaître la composition exacte des rejets avant d’engager les travaux et ne pas attendre leur mise en oeuvre pour étudier les effets sur la faune et la flore marine…

Autre point d’acchoppement : le franchissement de la dune : selon EDF, le saumoduc franchirait la dune par des techniques de travaux souterrains légers qui n’impacteraient pas sur la dune.

Une station de pompage d’eau de mer serait nécessaire à l’arrière de la zone littorale ; elle serait située à l’intérieur d’une enceinte clôturée et occuperait environ 2 hectares. Quid de la compatibilité avec la Loi Littoral ?

N’hésitez pas à apporter vos précisions en commentaires à cet article.

Surf Prevention qui milite pour la sanctuarisation du milieu marin n’est pas favorable à un tel projet.

Plus d’infos : http://www.debatpublic-gaz-salinsdeslandes.org

Compte-rendu du débat public de CAPBRETON du 24 Novembre 2011 : http://www.debatpublic-gaz-salinsdeslandes.org/docs/verbatims/2011-11-29-verbatim-capbreton-v1.pdf

Pour signer la pétition : http://www.mesopinions.com/NON-au-projet-d-EDF-de-stockage-de-gaz-Salins-des-Landes-petition-petitions-b24ed3e258fe3163f8fd96917aa8a033.html

Les points de vue des citoyens des Landes : http://www.stockage-gaz-landes.net

 

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