Le spot de la Côte des Basques à Biarritz, berceau du surf européen, est une nouvelle fois sur le point de vivre un moment décisif dans son évolution.
Très apprécié des surfeurs pour ses différentes vagues et sa localisation à la fois urbaine et ouverte sur la chaîne des Pyrénées ; apprécié des plagistes, des joggers, des flâneurs pour sa plage et son promenoir, l’endroit attire sans cesse plus de monde.
Pour ce seul spot, pourtant localisé au pied d’une falaise et dont l’accès principal est une petite route en cul de sac, on dénombre pas moins de trois restaurants, un surf shop, une zone de baignade, une webcam haute définition, et 5 écoles de surf !
Et on a évité de justesse l’implantation en 1975 d’une marina avec digues et port !
Autant de services qui visent à satisfaire une clientèle venue nombreuse pour profiter des joies du spot, et qui font le bonheur des professionnels.
Pourtant, ce petit paradis est en train de se transformer en un véritable enfer de surpopulation.
A l’origine fréquentées majoritairement par les longboardeurs, les vagues de la côte attirent désormais tous les pratiquants, du bodyboard au stand-up paddle, en passant par les kayaks de mer. Cette diversité n’est pas forcément un problème à partir du moment où les glisseurs maîtrisent leurs engins, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas.
Second sujet à polémique, les écoles de surf. On en compte cinq à la Côte des Basques. Vu la dimension du spot et sa forme étirée, depuis la fameuse villa Belza jusqu’à la petite plage de Marbella, on pourrait penser qu’il y a la place suffisante pour accueillir les élèves de ces écoles en toute sécurité. Pourtant, une plage étirée ne signifie pas obligatoirement des pics à profusion ! D’ailleurs le spot en comprend principalement trois à quatre, qui ne fonctionnent pas forcément au même moment. Tout dépend des conditions météo, des marées. Par houle consistante, on peut même réduire la zone à deux pics, celui de la Villa Belza et le pic central face aux marches. Gardez à l’esprit que la zone de baignade située face aux escaliers centraux, élimine très souvent un pic entre 10h et 19h. Surf totalement interdit dans cette zone !
Le problème avec un nombre aussi important d’écoles, ajoutés à des pratiquants venus en masse, est qu’il devient difficile de faire cohabiter tout le monde au pic en toute sécurité. Le plaisir de venir surfer se transforme en énorme embouteillage aquatique. Les priorités ne sont plus respectées et les collisions s’enchaînent (voir photos ci-dessous). Quant aux élèves débutants, qui pourraient se contenter d’une vague de reforme plus au bord, ils se retrouvent à barboter au line up. Chaque élève attend son tour pour être poussé au take off par le moniteur. Une expérience incroyable pour ces jeunes premiers du surf que d’approcher d’aussi près et aussi vite un véritable line up, mais totalement inadaptée. Il leur faut de l’espace. Il leur faut une zone sécurisée. Ils ne doivent pas gêner la pratique des autres surfeurs. Les apprentis surfeurs n’ont même pas conscience du danger qu’ils encourent lorsqu’ils chutent. Imaginez un moniteur d’auto-école qui amène son élève sur le périphérique parisien à l’heure de pointe avant même de lui avoir expliqué le code de la route et le passage des vitesses.
Le spot est donc devenu une véritable foire du surf, porte ouverte à toutes les dérives commerciales. Dernier exemple en date, la municipalité n’a rien trouvé d’autre de mieux que d’envisager la construction d’un immense parking souterrain dans la falaise. Une réponse encore une fois inadaptée aux problèmes que rencontrent les surfeurs, et au-delà, les habitués.
D’environ trois fois la capacité du parking actuel, les touristes seraient donc fortement incités à se diriger vers le spot. Déjà sur-saturé, l’endroit en deviendrait invivable, le « Saint-Tropez du surf »…
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Toutes les personnes qui se dirigent vers cet endroit incroyable, viennent chercher la tranquillité, la convivialité, veulent profiter d’une session surf agréable et du cadre préservé. En sollicitant des centaines de voitures à se diriger vers un parking, on ancre un peu plus l’endroit dans un objectif de tourisme de masse. Exactement l’inverse de ce que sont venus chercher les personnes qui fuient la côte d’azur.
L’afflux massif et incontrôlé de gens à la Côte des Basques a déjà eu pour conséquence une polémique autour des casetas, les fêtes locales de Biarritz. Faudra-t-il un accident grave de surf pour en tirer des conclusions ?
Le spot de la Côte des Basques a été pionnier en terme de surf en Europe. Aujourd’hui, il pourrait devenir pionnier en terme d’aménagement durable. Cela passe par une organisation intelligente. Moins d’écoles de surf, moins de fréquentation. Des navettes plutôt qu’un parking souterrain creusé dans la falaise. Ce n’est pas incompatible avec le tourisme, au contraire. Il faut savoir accueillir les pratiquants dans de bonnes conditions. De la qualité plutôt que de la quantité, tout simplement.
Signez la Pétition contre l’implantation d’un parking souterrain à la côte des basques !
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