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Surf de Grosses Vagues: Trop jeunes pour shooter ?

Dans la surenchère permanente que se livrent les surfeurs de grosses vagues, une nouvelle tendance interpelle et inquiète: celle d’envoyer des enfants toujours plus jeunes dans des vagues toujours plus dangereuses.

Nous nous étions déjà posé la question de savoir s’il fallait réserver un spot comme Jaws aux majeurs. Après le cas de Tyler Larronde qui surfait gros à Jaws à 15 ans, on a découvert cette année deux surfeurs encore plus jeunes sur 2 des vagues les plus dangereuses du monde.

On vient de découvrir la vidéo datée de septembre 2012 du jeune Riley Laing, 13 ans, présenté comme le plus jeune surfeur à surfer la vague terrifiante de Shipstern Bluff en Tasmanie (voir cette vidéo Billabong) sur laquelle des surfeurs adultes aguerris se sont blessés grièvement.

Au début de l’été, c’est le jeune Matahi Drollet, 14 ans, qui faisait parler de lui sur une énorme bombe à Teahupoo en juin 2012. Même s’il s’est sorti indemne de cette vague, le risque est bien là sur un spot où même Laird Hamilton s’est récemment fait punir.

L’exploit de Matahi a impressionné mais a également lancé un début de polémique comme on peut le lire dans cette réaction publiée dans la Dépêche de Tahiti en juin dernier (lire ci-dessous).

A l’heure où certains voudraient faire entrer le surf dans la catégorie des « sports extrêmes » sous la pression de certains sponsors de boissons énergisantes notamment, envoyer un gamin sur un monstre de vague est assuré de faire le buzz, puisque c’est cela qui importe avant tout maintenant.

Mais est-ce bien raisonnable ? Ne faut-il pas penser encore plus à la sécurité quand il s’agit d’un enfant ou d’un adolescent, aussi talentueux soit-il ? Envoyer un enfant dans de telles conditions sans casque et/ou sans gilet de sauvetage est-il responsable ? C’est à ces questions qu’il faudra répondre avant qu’un accident grave ne survienne.

« Un gamin risque sa vie et tout le monde applaudit »

Depuis quelques jours, c’est l’exploit incontournable, du jeune Matahi Drollet surfant sur la mythique vague de Teahupoo, qui fait la une des médias passionnés de Tow In. Ce fameux ride, sur une vague de 4,5,6 mètres, (qui dit mieux) surfée par cette petite crevette d’à peine 40 kg, est applaudi et congratulé par tous les spectateurs et téléspectateurs qui ont eu la chance de la voir à la télé sur les chaines du fenua.

Certes, j’ai eu la même réaction que vous tous en regardant ces images, mais après quelques secondes d’euphorie, c’est la raison qui m’a envahi. Un enfant de 14 ans seulement, le digne petit frère de Manoa Drollet, la référence à Teahupoo. Qui prend une vague de cinq fois sa taille, et de 1000 fois son poids au minimum, wouaouww, il y a vraiment de quoi s’extasier.

Et pourtant, comment peut-on laisser ce gamin, surfer, ces monstres…Sans gilet, sa survie, sa bouée de sauvetage.

Sachez pourtant que même les plus grands, comme Laird Hamilton, Nathan Fletcher, Garret Mc Namara, et j’en passe, ceux-là mettent un gilet, voire même deux, pour leur sécurité.

Et si ce n’était qu’une histoire de gilet, et si on parlait de planche. Oui une simple planche, de 2,5 kg à peine, une latte centrale de 5mm, qui se brise sous 3m³ d’eau, là il y en avait plusieurs tonnes. Au moindre clapot, c’est la dégringolade. Alors que des planches de tow-in et des gilets, ce n’est pas ce qui manque à Teahupoo. Et aussi professionnel qu’il est, Manoa, son grand frère, aurait dû au moins lui prêter le matériel adéquat. Non, au lieu de cela, on s’extasie devant cet exploit, qui aurait pu très bien mal tourner.

Toute cette publicité, ce tapage médiatique sur un exploit qui n’est apparemment pas pris au sérieux côté sécurité. Certes il y a avait d’autres jet-skis, et son frère n’était pas loin. Mais beaucoup le savent, quand tu tombes, tu es tout seul sous l’eau, brassé sur le récif, et les jets ski ne peuvent rien pour toi tant que tu n’es pas remonté.

A cause de vous, d’autres jeunes, vont vouloir aussi surfer Teahupoo, se voir à la télé torse nu sur une savonnette, braver les monstres pour devenir « la star », et entendre leur nom scandé tel des héros qui ont bravé la mâchoire infernale.

Du scoop , de l’exploit, et ceux qui sont là à regarder, filmer, photographier ne pensent pas à ce qu’il pourrait arriver à ce gosse. Ils ont de belles images, des photos extraordinaires, c’est ce qui compte, c’est ce qui marche, et tout le monde en parle.

N’y a-t-il pas eu assez de morts, de blessés, et Dieu sait que vous en connaissez déjà, malheureusement.

Tom

La Dépêche – Le débat – Mercredi 13 juin 2012. Tahiti.

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