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Accidents de surf : l’avis de Fred Compagnon

Fred Compagnon, 33 ans, prend des risques en surfant depuis son plus jeune âge sur toutes sortes de planches : bodyboard, SUP, alaia,…

Même s’il ne s’est jamais blessé sérieusement, il a vu évoluer la dangerosité de nos spots au fil des années.

Il est l’un des riders les mieux placés en France pour parler des risques inhérents à la pratique du surf et de ses sports dérivés.

Voici son avis sur le sujet récupéré dans une discussion lancée aujourd’hui sur Facebook par Franck Lacaze, ex-rédacteur en chef de feu Trip Surf.

« Il faut peut-être reprendre le problème à la base…

En effet, les sports à risque, comme le surf, demandent une concentration importante et une certaine expérience pour éviter les blessures.

Si l’on prend l’exemple du ski, il y a des couleurs pour cela, les débutants « sont verts » et peuvent se concentrer sur leur ski sans avoir à se concentrer sur le danger.

Les confirmés sont rouges, noirs ou hors piste et doivent se concentrer sur leurs trajectoires, ceci sans avoir à se soucier d’un débutant qui se mettrait sur leur route.

En surf, les débutants se mettent là où il y a du monde, c’est la couleur universelle, imaginez une piste noire ou rouge avec des mecs glissant à 70 km / h au milieu de débutants s’exerçant sur leur chasse-neige.

C’est l’image du surf d’aujourd’hui, on part à contre-pic sur une vague à tube, à ce moment-là un novice lâche sa planche dans le wall, un autre coupe la trajectoire, pendant qu’un troisième essaye de démarrer.

Résultat, le mec qui démarre manque de concentration.

Donc, à mon avis, la première chose à faire, c’est que les écoles de surf arrêtent de « fabriquer des surfers » en quelques heures, leur donnant l’accès au pic sans aucune expérience.

Idem pour les shops qui louent des Bics à des gens qui n’ont jamais vu la mer, sans leur donner la base…de rester au bord dans les mousses, comme nous l’avons tous fait pendant des centaines d’heures.

C’est le bordel aujourd’hui dans l’eau à cause des gens qui font de l’argent en oubliant qu’il y a des gens dans l’eau.

Cela fait trente ans que je prends des vagues et que je prends plus de risques que la moyenne, zéro point (de suture)…concentration oblige.

Et les fois où je suis passé près de la sentence, c’est à cause de personnes qui n’avaient rien à faire dans l’eau à cet endroit, à ce moment.

En trente ans de pratique, je n’ai jamais vu sur une plage, une pancarte ou un papier expliquant cela,  par contre des pancartes avec un chien barré en rouge, il y en a partout.

Note de Surf Prevention : + 1000 Fred ! Dans le Sud-Ouest, la prévention des crottes de chiens est en avance sur la prévention des accidents de plage… Il y a tout de même la pancarte de Nat Young aux Cavaliers depuis peu…

Faisons un bilan sur les accidents et l’on verra bien que les blessures des surfers confirmés sont assez rares, et que pour beaucoup, un nose moins pointu et des dérives reponcées dans le cas où elles ont un accroc réduirait encore ce nombre.

Alors s’il vous plaît, écoles, shops, loueurs de boards, arrêtez de faire de l’argent en nous envoyant des débutants incapables d’anticiper dans des endroits où le temps de réaction est de l’ordre du centième de seconde…

Et si demain je me crève un oeil, me perce la carotide ou me coupe la fémorale, sans l’aide de personne, la probabilité d’un accident restera encore très faible sur 20 ans de prise de risque intense.

Je suis sceptique sur les casques par contre. Les gens casqués feront encore moins attention aux autres, se sentant protégés.

L’éducation est la base. Les feux, les panneaux, les ronds-points, les stops et les cédez le passage existent en surf : cela s’appelle l’expérience.

Je remets encore en cause tout un système qui fait de l’argent sans se préoccuper des conséquences ».

Fred Compagnon.


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