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Surfeurs à moteur : pas de bras, mais du chocolat quand même…

La rame est l’une des composantes essentielles du surf. Un surfeur passe en moyenne plus de 50% du temps de sa session à ramer. Mais la rame est aussi la partie la plus fastidieuse, surtout quand il y a une longue distance à couvrir jusqu’au pic, quand il y a beaucoup de courant, quand on est courbaturé… Différents moyens sont utilisés par des surfeurs et des surfeuses pour avoir à ramer le moins possible, et prendre un maximum de vagues, parfois au détriment de ceux qui n’utilisent que la force de leurs bras.

Ces dernières années, on a vu les surfeurs professionnels avoir de plus en plus souvent recours au jet-ski. Il est utilisé pour repartir plus rapidement au large pendant des séries de compétition (occultant l’aspect « physique » du surf au profit du spectacle). On voit également des surfeurs se faire tracter pour se la jouer Laird Hamilton dans des vagues de 2,50 mètres… On l’a dit et répété ici, l’utilisation abusive du jet-ski est contraire à l’esprit du surf et constitue une source de pollution évitable du milieu marin.

Mais le jet-ski n’est pas le seul en cause dans la motorisation du surfeur. On apprend dans l’excellent article de Bertand Portrat « Payer ou Ramer ? » du dernier Surf Session que le spot de Chicama est en proie à une nouvelle façon de retourner au pic. Les jours de bonnes vagues, des zodiacs se relaient pour ramener les surfeurs au départ de la vague, moyennant 20 dollars. Cela change totalement la donne sur cette gauche la plus longue du monde qui peut déferler sur 2 kilomètres et qui nécessite 20 minutes de marche éprouvante et une longue rame pour retourner en prendre une. Les surfeurs qui rament contre le courant se voient concurrencés par les surfeurs qui prennent le zodiac pour se faire déposer au pic et se « gaver » de vagues. Sur le principe, ça ressemble un peu au remonte-vague qu’imagine Joël de Rosnay pour 2022, mais dans la pratique, les zodiacs ne contournent pas toujours la zone de déferlement et déforment la vague. Aux nuisances occasionnées, s’ajoutent les risques de collision si un zodiac passe trop près d’un surfeur. Cela crée des tensions entre ceux qui surfent à la régulière et ceux qui « trichent ». Sur la photo, on voit la surfeuse péruvienne Sofia Mulanovich remonter au pic avec un zodiac du Chicama Surf Resort.

Peut-être que dans un futur pas si lointain, les surfeurs n’auront même plus besoin d’engin motorisé pour retourner au pic grâce aux nouvelles planches à propulsion de type Wavejet. Quand  nous avons relayé la sortie de ces planches automatiques, nous avons cru à une blague ou à un gadget onéreux qui aurait du mal à se vendre. Et pourtant, quand on voit la pub qui en est faite aux Etats-Unis et les surfeurs de renom qui participent à sa promotion comme Garrett McNamara ou ici Jamie O’Brien, on peut redouter que ce type de planches se démocratise un jour sur les spots.

Autant ce genre d’aide peut apporter un plus au sauvetage et aux personnes diminuées ou handicapées, autant la banalisation de moyens motorisés sur les spots ne peut que contribuer à y aggraver encore les tensions.

Cela fait bizarre de voir Jamie O’Brien remonter au pic à Pipeline sans ramer…

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