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Noyade aux Casetas de Biarritz : la Sécurité de la Fête en question

Les Casetas sont le rendez-vous festif incontournable avant la saison estivale sur la Côte Basque. Très prisées des surfeurs, des jeunes et de toutes générations de fêtards, les Casetas sont victimes de leur succès. En quelques années, ces fêtes sont devenues une manifestation de masse face à laquelle les quelques mesures prises pour contenir l’afflux de visiteurs se révèlent insuffisantes. Le drame de la noyade d’une jeune femme cette nuit a montré les limites de la sécurisation d’un tel événement.

Je précise d’emblée que je suis pour le maintien des Casetas qui sont une particularité de Biarritz. Il ne faudrait pas réagir à cet événement dramatique par l’interdiction pure et simple de la manifestation. Mais il faut partir sur de nouvelles bases pour les organiser, se donner d’autres moyens pour les encadrer pour éviter qu’un tel drame ne se reproduise et faire en sorte que l’esprit de la fête reprenne le dessus.

Ces fêtes ont la particularité de se dérouler en bord de mer ; c’est ce qui fait tout leur charme, leur originalité mais aussi toute leur dangerosité. Organiser des bacchanales aussi près de l’océan est un défi au niveau de la sécurité. Quand la mer est agitée comme c’est le cas ces jours-ci, la moindre chute peut avoir des conséquences dramatiques, la fatigue et l’alcoolisation étant des facteurs aggravant les risques de noyade.

Il s’agit du deuxième accident grave en quelques mois, exactement au même endroit. Il conviendrait peut-être de signaliser le danger de ces fosses, d’installer une bouée de sauvetage aux abords du « Trou du Diable » et envisager d’aménager une sortie avec une échelle par exemple pour en sortir plus facilement. On peut se poser la question de savoir si des moyens de secours – et notamment un jet-ski de sauvetage – ne devraient pas se trouver à proximité (au Port des Pêcheurs par exemple), prêts à intervenir. Mobiliser une équipe de sauveteurs de nuit paraîtra peut-être excessif à certains, mais quand on voit tous les fêtards faire les équilibristes sur des rochers pour uriner, on se dit que leur présence ne serait pas inutile, a fortiori par forte houle à marée haute sur une plage qui n’offre pas de voie de sortie aisée dans ces conditions.

Mais toutes les mesures de sécurité n’empêcheront jamais les imprudences en bord de mer. Faire la fête au bord de l’eau comporte des risques que nous rappelons régulièrement sur Surf Prevention. Plus du tiers des noyades en France sont liées à la consommation d’alcool. Il convient d’observer la plus grande prudence aux abords des plages, sur les rochers, et de s’interdire les « bains de minuit » sous l’emprise de l’alcool.

Il faut aujourd’hui se mettre à faire de la prévention pour expliquer aux jeunes ce que faire la fête veut dire. Il ne s’agit pas de leur interdire de boire, mais de leur expliquer comment boire s’ils le décident, et surtout comment se comporter pendant la fête en répétant les conseils de prévention des accidents en soirée dont les chutes d’une hauteur et les noyades figurent en tête de liste.

Au-delà de ça, l’esprit de la fête est à revoir. La finalité première de la fête devrait être de s’amuser, avant de boire. Aujourd’hui, le « binge drinking », la biture express, l’alcoolisation massive, appelez cela comme vous voudrez, ont remplacé la fête. Les casetas ont d’ailleurs été rebaptisées les « paquetas »: on y va pour « se mettre un paquet ».

Il est temps de redonner du sens à nos fêtes.

Une bonne décision serait déjà de suspendre les Casetas au moins pour cette soirée de samedi pour marquer le coup. Une jeune personne est décédée cette nuit et poursuivre la fête paraît totalement inapproprié. Stopper la fête serait la moindre des choses par respect pour la famille et les proches de la victime traumatisés par cet accident. Cela permettrait aussi de bien faire comprendre aux jeunes que ce qui s’est passé cette nuit est grave.

Il faut maintenant partir sur d’autres bases dans l’organisation de nos fêtes, pas seulement les Casetas mais aussi les fêtes de Bayonne, pour qu’elles redeviennent autre chose que des beuveries collectives où les accidents et les bagarres viennent ternir tous les bons moments que l’on peut y passer.

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