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Sarah Hébert : la Vie en Wind Surf avec un Défibrillateur Cardiaque Implantable

Sarah Hébert a passé son enfance à voguer au fil de l’eau sur le voilier familial. En 1999, elle découvre le windsurf et très vite elle se met à la compétition : elle devient quadruple championne de France de Windsurf (2000, 2001, 2004, 2005) . Mais en Décembre 2005, tout bascule à l’occasion d’une épreuve d’effort de routine pratiquée en Nouvelle-Calédonie. Alors qu’elle réalise un test d’effort sur tapis roulant, une tachycardie ventriculaire (T.V.), c’est-à-dire une arythmie cardiaque potentiellement grave, se déclenche au dernier palier de son effort alors que son coeur tapait à 300 battements par minute. Fort heureusement, cette tachycardie se résout spontanément mais alarme son cardiologue qui la met immédiatement sous médicament bêta-bloquant. Au lieu de se rendre à Melbourne en Australie pour le Formula Windsurfing Championship 2005, Sarah doit partir pour consulter un cardiologue spécialisé en rythmologie à la Pitié-Salpêtrière à Paris. Malgré toute une batterie de tests exhaustive, aucune malformation cardiaque ou autre cause pouvant expliquer cette arythmie paroxystique ne sont retrouvées. Mais compte-tenu de la dangerosité potentielle de ces accès de tachycardie ventriculaire pour une sportive comme Sarah habituée à pratiquer la planche à voile en mer, la pose d’un défibrillateur cardiaque implantable lui est proposée.

Quand elle y repense, Sarah se souvient avoir ressenti à plusieurs reprises par le passé des malaises au maximum de son effort avec palpitations et nausées. Il s’agissait probablement déjà d’accès de TV qui auraient pu dégénérer en fibrillation ventriculaire (contraction anarchique des ventricules) pouvant entraîner un arrêt cardiaque et potentiellement une noyade chez cette windsurfeuse. Les tachycardies ventriculaires sont une cause majeure de morts subites, y compris chez les personnes jeunes. Sarah aime vivre sa passion à fond et elle n’aurait pas toléré de pratiquer son effort à  80%. Dans ces conditions, la pose d’un défibrillateur de type défibrillateur ventriculaire automatique implantable (DAI) est apparue la plus raisonnable. L’implantation du défibrillateur a eu lieu en mars 2006 au Centre Hospitalier Universitaire de la Cavale Blanche à Brest. Sarah a surtout souffert de douleurs post-opératoires qui ont nécessité un traitement antalgique à base de morphine pour la soulager. Quelques jours après son opération, elle ne se voyait pas retirer sur le wishbone de sa planche de windsurf avec ce stimulateur cardiaque sous la peau en-dessous de sa clavicule en région pectorale.

Mais Sarah Hébert récupère vite. Un mois plus tard, elle reprend le sport. Et deux mois plus tard, elle participe au Championnat d’Europe 2006 et le remporte ! L’année suivante, elle devient vice-championne du monde. En parallèle à sa carrière sportive, Sarah participe à des conférences pour communiquer autour de sa vie avec un défibrillateur avec l’un de ses partenaires Boston Scientific. Elle-même a eu beaucoup de mal à trouver de l’information sur ce qu’elle pouvait faire et ne pas faire avec son défibrillateur. L’Association française de POrteurs de DEfibrillateurs Cardiaques (APODEC) l’a beaucoup aidée. Mais tout n’a pas été simple : des médecins et cardiologues ont hésité à lui signer son certificat médical de non contre-indication à la pratique du windsurf en compétition. Car il existe des risques…comme celui que le défibrillateur se déclenche pendant que Sarah est sur l’eau et que le choc entraîne chez elle une perte de connaissance. Pour le moment, la situation ne s’est jamais produite pour Sarah mais c’est un risque que l’on ne peut occulter.

Aujourd’hui Sarah est rédactrice en chef de la Web TV française sur les sports de glisse Wapala TV. Elle a en tête un projet fou à réaliser : traverser l’Atlantique en windsurf ! Elle envisage de partir de Dakar au Sénégal pour rejoindre Pointe à Pitre en Guadeloupe. Elle sera bien évidemment suivie par un bateau accompagnateur  dans lequel elle aimerait bien embarquer un médecin cardiologue, réanimateur ou urgentiste, dans son équipe. A raison de 8 heures de navigation par jour (Sarah passera les nuits dans le bateau) et 20 jours de voyage, Sarah prévoit de faire ces 3500 kilomètres d’un bout à l’autre de l’Atlantique. Tout comme Philippe Croizon avec sa traversée de la Manche, Sarah Hébert aimerait prouver que rien n’est impossible quand on fait les choses avec passion et volonté, même quand on porte un défibrillateur cardiaque implantable.

Plus d’informations sur le site Internet de Sarah Hébert : http://sarah-hebert.com/

Site Internet de l’Association des Porteurs de Défibrillateurs Cardiaques : http://www.apodec.fr

Lire aussi : – les 10 règles d’or de la prévention de la mort subite chez le sportif.

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