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Cité de l’Océan de Biarritz : tout ça pour ça ?

Mise à jour Juillet 2016 : depuis la rédaction de cet article, la Cité de l’Océan a connu différentes améliorations qui vont dans le bon sens comme l’animation VIRTUAL SURF. Ce billet de blog remonte à il y a 5 ans à l’ouverture de la Cité.

Samedi 25 Juin 2011 avait donc lieu l’inauguration de la Cité de l’Océan à Biarritz. J’ai réussi à me glisser in extremis parmi la foule des invités triés sur le volet. Comme prévu, il y avait plus de politiques et de représentants de la haute société que de jeunes surfeurs. On avait quand même fait venir 150 enfants de la ville pour rajeunir l’assistance. Après de longues minutes d’attente sous le cagnard, nous avons finalement pu découvrir en avant-première l’intérieur de la Cité de l’Océan. Ce fut pour moi un choc, dans le sens négatif du terme, qui n’a fait que confirmer mes craintes quant au contenu.

Vous remarquerez que je n’écris plus Cité de l’Océan « et du surf », car l’emploi du mot surf est usurpé ici. Surfeur, passe ton chemin, tu ne trouveras rien dans ce bâtiment qui puisse satisfaire ta curiosité. L’attraction consacrée au surf qui devait faire vivre une expérience unique est d’une indigence rare : on passe dans une espèce de petit couloir où sont projetées des images de vagues et de surfeurs dont la mauvaise qualité du rendu ne parvient même pas à mettre en valeur les images d’un Laird Hamilton dévalant des montagnes liquides. Le surf est bien le parent pauvre de cette Cité qui devait lui être consacrée, avant que l’option ne soit rejetée car jugée insuffisamment « bankable ».

On dit que les absents ont toujours tort, mais là, je crois que tous ceux qui ont eu l’intelligence de ne pas participer à cette mascarade ont eu raison. On a assisté à un exercice d’auto-congratulation politique de haut vol entre le maire Didier Borotra et ses invités comme le Président de Région Alain Rousset. Alain Juppé a préféré s’abstenir de faire le déplacement sur la Côte Basque, officiellement pour assister à une réunion avec Nicolas Sarkozy. Le champion de surf Tom Curren a également brillé par son absence. Pour couper le ruban, on a appelé à sa place…Serge Blanco. (je ne vous raconte pas des blagues).

Comment peut-on mettre autant d’argent – 41 millions d’euros – dans un projet aussi peu ambitieux, si l’on excepte le côté architectural ? Comme le résume très bien une jeune biarrotte déçue après cette inauguration, les attractions de cette cité ne sont « même pas au niveau d’un Futuroscope des années 80 ».  Dans la plupart des attractions, on propose à des jeunes qui passent déjà beaucoup trop de temps devant des écrans (télé, ordinateur, smartphone…), de se remettre devant des écrans plasma et des tablettes tactiles on ne peut plus basiques.  A se demander si les concepteurs de cette Cité de l’Océan savent que les jeunes d’aujourd’hui ont chez eux des iPad ou des consoles de jeu du type Nintendo Wii (déjà dépassée) ou XBOX 360 Kinect…parce que là on est loin du niveau…

Contrairement à ce qu’annonçait le commissaire de l’exposition, les moyens utilisés ne paraissent pas adaptés pour capter l’attention des jeunes. Les enfants que j’ai observés appuyaient sur un bouton, une touche avant de zapper tout de suite sur autre chose.

A aucun moment on n’a l’impression d’être immergé dans l’océan. Il faut dire qu’il manque beaucoup d’ingrédients essentiels pour s’y croire : l’eau, le vent (qui pourra toujours être remplacé par la climatisation…) et la lumière du soleil qui ne parvient pas à éclairer ce sous-sol sans l’aide de projecteurs et d’ampoules luminescentes… Même les murs d’un blanc fade sont loin des belles couleurs de la mer.

Point positif : le bâtiment conçu par l’architecte Steven Holl a quand même un certain cachet. Le problème est qu’il s’agit pour l’instant d’une coquille vide ou très mal remplie avec des espèces de bunkers et des attractions parsemés. Il ne semble pas y avoir d’unité dans la disposition des éléments. Pour le moment, l’intérieur de cette Cité n’a pas d’âme.

Après avoir vu ça, on se demande comment on a pu avoir l’idée de concevoir une telle Cité pharaonique à l’intérieur de laquelle on ne trouve rien d’exceptionnel, avant de financer des choses essentielles comme se préoccuper de la pollution chimique des eaux de baignade, rendre toutes les plages de la ville accessibles aux handicapés, ou permettre aux jeunes de se loger à Biarritz, par exemple.

Il y aurait le potentiel pour faire quelque chose de beaucoup mieux dans cette Cité. A condition de demander à des personnes qui connaissent la mer, qui connaissent le surf, avant de consulter des grands scénographes et professeurs de Paris… Quand on a visité les lieux, on se dit qu’ils seraient plus adaptés pour héberger un véritable musée du surf par exemple. Demandez à Gérard Decoster, l’organisateur de l’incontournable MIACS, ce qu’il en pense

J’ai beaucoup de mal à croire qu’ils parviendront à attirer les 400.000 visiteurs payants annuels espérés. Peut-être feront-ils illusion pendant cette première saison estivale de lancement mais derrière, ça sent la chronique d’un fiasco annoncé. Le salut viendra peut-être des scolaires si on arrive à les persuader de l’intérêt de cette Cité. Les gens viendront peut-être une fois, mais réfléchiront avant de repayer un ticket…

Le cadre de la Cité de l’Océan n’en reste pas moins magnifique. Il faut dire que samedi était l’une des plus belles journées de l’année sur la Côte Basque. Il y aurait quelque chose de bien à faire à cet endroit, à condition de rendre la parole aux jeunes et à ceux qui veulent faire bouger les choses à Biarritz. Il faudra de toute évidence faire évoluer cette Cité, l’animer, la faire vivre.

Ce qu’il faut retenir de tout cela : si vous passez par Biarritz, n’hésitez pas à aller boire un verre sur le toit de la Cité mais ne vous attendez pas à monts et merveilles à l’intérieur. Si vous voulez découvrir l’Océan, le vrai, prenez une planche de surf, ou un simple maillot de bain, et mettez-vous à l’eau sur une plage de Biarritz. Vous constaterez que l’expérience visuelle, sonore et olfactive est autrement plus intense que celle que pourront vous faire vivre tous les écrans tactiles de la Cité de l’Océan…

Voici un aperçu de la Cité de l’Océan en images :

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