Entre sites Internet, blogs, réseaux sociaux, webcam HD, prévisions de surf, photos du jour, applications pour Smartphones ou tablettes, bientôt télévisions connectées, le surfeur vit connecté.
Le surf virtuel est devenu une composante importante du surf réel. Pour mieux comprendre « Comment Internet a changé notre perception du Surf », il faut avant tout redéfinir Internet. Ce réseau mondial tient son nom de son architecture physique : un réseau de réseaux (« Inter Networking »). De manière imagée, on parle d’une toile d’araignée géante, «World Wide Web» en anglais (WWW ou W3). Cette métaphore de la toile d’araignée possède l’avantage d’expliquer les interconnexions physiques des ordinateurs reliés entre eux, ainsi que les interconnexions virtuelles des sites entre eux (on passe d’un site à un autre par le biais des liens hypertextes). Mais cette image de la toile d’araignée ne suffit plus à expliquer les nouvelles possibilités qu’offre Internet aux surfeurs virtuels comme réels.
En abandonnant cette métaphore de toile et en prenant comme nouvelle métaphore l’Océan et le surf, par extension au livre « Surfer la vie » de Joel de ROSNAY, il est possible de mieux comprendre les nouveaux mécanismes d’Internet. De mieux comprendre les possibilités qu’ont les surfeurs (virtuels). Et donc de mieux comprendre les évolutions du surf (réel).
Au lieu d’une toile d’araignée, imaginons désormais un Océan Mondial d’Informations : le World Wide Ocean (WWO). Une étendue constituée de toutes les informations numériques (textes, photos, sons, vidéos, …).
Les informations du WWO peuvent se propager par un swell d’informations (ou houle d’informations) puis être captées par des spots (nos sites et pages web). Un surfeur se rendant sur un spot, va prendre connaissance du swell d’informations et décider de surfer sur cette vague d’informations (action de lire un article, de regarder une vidéo, …).
Concrètement, imaginons qu’un photographe prenne une photo de surf au format numérique. Cette photo fait immédiatement partie du WWO. L’internaute envoie son cliché à Surf-prévention (propagation de l’information) qui décide de la diffuser. Le spot Surf-prévention vient donc de capter un swell d’informations. Les surfeurs qui se connectent au spot peuvent désormais surfer sur cette vague d’informations (action de consulter la photo).
Image 1: Une information est placée dans le WWO, créant un swell d’informations. Ce swell est capté par le « Spot 1 » et permet à des surfeurs de surfer la vague d’informations. Le spot 2 n’est pas suffisamment exposé pour capter cette houle.
A partir de ce spot, les surfeurs peuvent laisser un commentaire, et vont jusqu’à partager la photo grâce par exemple aux réseaux sociaux, aux mails, … Le surfeur devient alors acteur, diffuse l’information, l’aide à se propager et donc alimente à son tour le swell d’informations qui prend de l’ampleur et se propage à d’autres spots. Le nombre de spots qui captent cette houle se multiplie, multipliant ainsi le nombre de surfeurs se jetant sur la vague d’informations. Et ainsi de suite… L’information peut ainsi se propager, amplifiant le swell.
Image 2: Le surfeur sur le spot 1, propage l’information (réseaux sociaux, …). Le swell prend de l’ampleur et se propage à d’autres spots. De nouveaux surfeurs peuvent surfer sur ce swell.
Le surf réel est très fortement influencé par le WWO :
Avant la session :
* on prévoit sa session plusieurs jours à l’avance grâce aux prévisions météo.
* on ne check plus les conditions en prenant sa voiture et en faisant le tour de tous les spots. On le fait depuis chez soi, au bureau, dans le métro, ….
* on achète son équipement, sa wax, sa planche à distance, en quelques clics, ce qui ne favorise pas toujours l’économie locale.
* on prépare son trip à l’autre bout du monde devant son écran.
Pendant la session :
* La fréquentation des spots virtuels entraîne une hausse de la fréquentation des spots réels. Le surf est facile à mettre en scène et à porter en spectacle. De très nombreux swells d’informations concernent le surf.
* On consomme le WWO et on reproduit ce comportement avec l’Océan et le surf. On veut tout, tout de suite.
Après la session :
* On partage ses exploits. On alimente les swells du WWO. On surfe sur des vagues d’informations.
Il existe également de nombreux effets de bord :
* L’image du surf est formatée par les vidéos souvent commerciales qui sont diffusées sur le net. Les surfeurs finissent par consommer des produits qui semblent éloignés de l’esprit surf originel : boissons énergisantes, véhicules polluants, … pour faire comme les surfeurs médiatisés.
* Le WWO favorise l’émergence de nouvelles technologies (caméras embarquées, smartphones, …). Pour interagir avec le WWO, on se filme, on se photographie, on utilise des applications pour smartphones ou tablettes, …
* De nombreux swells d’informations ont pour sujet la nature, l’environnement, la pollution, … Le WWO a permis de rendre possible de grandes mobilisations, et de montrer au monde entier des endroits paradisiaques souillés par les déchets.
Il existe sûrement encore des surfeurs déconnectés, mais ils sont de plus en plus rares. Il existe aussi des nostalgiques de l’époque où Internet n’existait pas.
Pourtant le WWO n’est pas une fatalité. C’est un formidable outil qui a impacté nos modes de vie et modernisé notre pratique du surf.
Un outil qui n’enlève en rien le plaisir de surfer.
Auteur: Cédric SurfingBiarritz, gagnant du concours rédactionnel « comment Internet a changé notre perception du surf » avec sa contribution « Surfer sur l’océan mondial : le World Wide Ocean ! »
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