La nature commence à revêtir ses couleurs printanières, le thermomètre entame sa lente ascension et une question fondamentale ne va pas tarder à poindre dans l’esprit de nombreux promeneurs du bord de mer : est-ce que je pourrais, moi aussi, me jeter à l’eau avec une planche de surf sous le bras ? Ceux qui ont passé la barre de la majorité savent ramer, c’est un fait. Mais l’apprentissage du surf quand on est adulte reste une démarche particulière.
Apprendre à surfer, quels intérêts et bénéfices pour l’adulte ?
Le surf est une pratique ludique, voire régressive, dans laquelle on retrouve rapidement une joie de vivre infantile et spontanée. Jouer avec l’eau est un comportement quasi instinctif tout au long de la vie, et ce depuis le plus jeune âge où le nourrisson prend conscience de son corps et réalise ses premières abstractions grâce aux manipulations de l’eau. L’autre grand intérêt du surf est de procurer des sensations fortes dès la première poussée ressentie, que l’on soit debout ou couché sur sa planche. La vitesse et la puissance sont immédiatement perceptibles pour le surfeur débutant. On peut ajouter à ce joyeux programme que le surf est un sport complet, qui fait travailler la masse musculaire, l’endurance, le souffle, l’équilibre et l’acuité perceptive. En somme, il brûle suffisamment de calories pour autoriser une consommation débridée de magret de canard ou de fromage de brebis sans prendre un gramme.
Les bénéfices immédiats
Dès les premières sessions, le surf génère une fatigue physique et un « rinçage » psychologique qui donnent le sentiment d’être rempli d’une énergie nouvelle. Les séances à l’eau s’accompagnent également d’un sommeil profond et réparateur. Le surf appartient à ces activités qui nécessitent beaucoup de concentration, et évitent donc de ressasser ses problèmes quotidiens. C’est une excellente manière de déconnecter.
Les bénéfices à moyen et long terme
Au fil des sessions, le niveau général de stress diminue à mesure que la confiance en soi augmente. Les émotions négatives sont mieux gérées et la facilité à relativiser les difficultés de l’existence s’accroît. On apprend beaucoup à propos de soi et de son rapport avec l’environnement en découvrant le rythme des vagues. Sur le plan physique, il faut du temps avant de percevoir le développement musculaire des bras, du dos et de la sangle abdominale. Le profil affûté du surfeur se construit avec les années. Toutefois, la tonicité et la vitalité générale font partie des bénéfices rapides de la pratique.
Profil requis pour se mettre au surf ?
Il existe une multitude de façons de surfer ; selon ses aptitudes physiques et sa personnalité, chacun pourra trouver une pratique du surf qui lui convient. Il y en a pour tous les goûts : depuis le surf en douceur qui vous fait barboter tranquillement dans les mousses jusqu’au sport extrême qui amène à surpasser les limites de ses peurs et de ses capacités, en passant par un surf très esthétique qui s’apparente à une danse avec les vagues ou le surf tandem, particulièrement vintage, dans lequel les duos puisent des moments de complicité irremplaçables. Non, rien de ce que vous êtes ne peut vous empêcher de surfer.
Les difficultés spécifiques aux adultes
Tout d’abord, avant d’apprendre à surfer, il est utile de faire le point sur sa capacité à nager en mer sans se noyer. Ce qu’on appelle l’aisance aquatique n’est pas une compétence innée. Pour ceux qui ne pratiquent pas l’océan (gens des terres, non natifs des côtes, vacanciers et nouveaux arrivants), un petit stage d’initiation peu s’avérer utile. Le BSC (Biarritz Sauvetage Côtier) propose par exemple une séance découverte (1h30) pour appréhender la nage en mer et découvrir les courants ou les endroits propices pour une baignade à risques limités.
Ensuite, il est impératif de laisser son cerveau d’adulte sur la plage. L’adulte a deux grands travers : intellectualiser tout ce qui lui passe par la conscience, et se fixer des objectifs inatteignables. Le surf est une affaire de sensations. Essayer de rationnaliser, de comprendre, de planifier, c’est courir à l’échec. Demander à son moniteur pourquoi on fait tel exercice, pourquoi on doit regarder dans telle direction ou à quoi ça sert de faire du bodysurf est inutile, et ça va agacer votre prof. S’il vous dit de ramer, ramez… c’est tout. Il connaît l’océan et sait où il vous emmène, mais ne peut pas tout vous expliquer. À vous de ressentir les choses et d’en tirer leçon, sans passer par les mots.
L’apprentissage du surf est un rite initiatique qui nécessite un minimum de respect et d’humilité, parce que vous êtes dans l’océan et pas dans une salle de fitness normalisée. N’imaginez d’ailleurs pas déployer un surf élégant en trois séances. Une dizaine de sessions sont nécessaires pour manier la planche de façon correcte, et au moins autant pour passer les premières vagues sans chavirer… après, vous pourrez envisager de faire un canard, de vous lever sur la planche et de lui donner un semblant de direction. Mais peu importe le temps que cela vous prend, car chaque étape procure son lot de sensations, de bien-être et de satisfactions. Sachez en apprécier la teneur sans vous comparer avec ce que vous avez vu sur internet.
Et puis, oubliez la crainte du ridicule. Le surf est fait de chutes, de pirouettes subies, de galipettes involontaires. Les enfants ont un avantage certain sur les adultes : ils tentent tout, se ramassent, en rient et recommencent. L’adulte, trop souvent préoccupé par ce qui paraît être, est bloqué dans ses apprentissages. Dans votre apprentissage de la glisse aquatique, vous aurez l’air idiots, c’est incontournable. Mais c’est l’un des aspects les plus joyeux du surf : se défaire de cette image de grande personne, bien solide sur ses pattes, avec une allure assurée. Dans l’élément liquide, la position verticale n’est pas la norme, et on apprend à se sentir debout dans toutes les positions.
Enfin, il est nécessaire d’abandonner le régime sans sel, la french manucure, le brushing parfait et le bronzage intégral. L’apprenti surfeur avale beaucoup d’eau salée, par la bouche, par les narines, par infiltration et par grosses goulées ensablées. Pas d’inquiétude, c’est bon pour votre santé 😉 Vous allez être confrontés aux éléments naturels : le vent, le sable, et l’eau de mer adouciront votre peau, coifferont vos cheveux et tanneront votre carcasse… mais pas à la manière des magazines de mode. L’adulte qui apprend à surfer doit laisser parler son côté roots, car son allure en sortant de l’eau sera façonnée par l’océan. Et ça aide grandement dans le processus de déconnexion des problèmes quotidiens, et de reconnexion avec ses atouts internes.
Quelques recommandations avant de se lancer
S’équiper correctement est un basique ; on ne part pas surfer en maillot sous peine de se brûler une partie du corps sur sa planche et le reste sous le soleil ; on ne se lance pas dans l’aventure avec la planche d’un copain sans courir le risque d’y briser son dentier ou de se prévaloir d’un coup d’aileron en plastique.
Pour l’adulte, il est également indispensable de se réconcilier avec les assouplissements ; la pratique du surf vous emmènera dans des positions scabreuses et procurera des tensions musculaires intenses qui ne peuvent se dispenser de stretching et de yoga.
Pour finir, soignez bien l’avant et l’après session, en gardant à l’esprit qu’un jour de surf n’est pas un jour comme les autres. Avant de vous mettre à l’eau, préparez méticuleusement vos affaires (ça vous évitera des galères immenses) et mettez-vous du solide dans l’estomac trois ou quatre heures avant (sucres lents, féculents, riz, pâtes…).
Après la session, réservez-vous du temps pour « digérer » ce que vous avez ressenti et appris ; sans ce ressassement mental, votre corps n’intègrera pas grand chose. Une session de surf vous fera « planer » pendant plus ou moins 24 heures, alors profitez-en.
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