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E-referendum : pour ou contre une vie sans nucléaire ?

Alors que la catastrophe nucléaire de Fukushima est en passe de rejoindre en gravité celle de Tchernobyl, il est encore temps de se poser les bonnes questions sur l’utilisation de l’énergie nucléaire dans les autres pays nucléarisés comme la France avant que d’autres peuples du monde n’aient à souffrir des effets dévastateurs de la radioactivité accidentelle sur la santé humaine et sur l’environnement.

Nicolas Hulot a lancé l’idée d’un référendum citoyen. Malheureusement en France, les hommes politiques semblent déjà avoir tranché : il n’y aura pas de consultation de la population sur ce sujet qui touche directement à son avenir. Le président de la République française Nicolas Sarkozy a assuré hier qu’il n’était « évidemment pas question de sortir  du nucléaire. » Le Ministre des Affaires Etrangères Alain Juppé a de son côté déclaré qu’il fallait un débat sur le nucléaire tout en affirmant dans le même temps que la France ne sortirait pas du nucléaire. Après avoir minimisé dans un premier temps la gravité de Fukushima, Eric Besson et Nathalie Kociusko-Morizet semblent en avoir pris la mesure. Comme l’explique de manière magistrale cet article de Hervé Le Crosnier publié sur le blog du Monde diplomatique, les gouvernants aimeraient nous faire croire que « tout est sous contrôle » quitte à prendre quelques distances avec la réalité des faits.

Mais quand les explosions se succèdent, que l’accident passe du niveau 4 au niveau 6 sur une échelle de 7 et que la situation devient clairement hors de contrôle, il devient difficile de nier l’évidence d’une catastrophe nucléaire qui menace directement le peuple japonais et tous les êtres vivants qui entreront en contact avec cette radioactivité. Fukushima confirme que si une avarie grave survient dans une centrale nucléaire, le pire peut survenir sans qu’aucune intervention de l’homme ne puisse y changer grand chose. Même les meilleurs techniciens japonais ne peuvent rien pour éviter les explosions multiples et les relargages de radioactivité dans l’atmosphère. Imaginez si demain ces centrales se retrouvaient dans des pays émergents qui n’auraient ni la main-d’oeuvre, ni le savoir-faire, ni la réactivité du Japon (ah pardon, c’est déjà le cas…)

Fukushima peut très bien se produire demain près de chez nous. Faire croire le contraire serait un mensonge. Prévenir les risques voudrait dire prévoir les catastrophes grâce à des pouvoirs divinatoires. Mais qui avait prévu la tempête Xynthia ? Qui aurait pu prévoir les attentats du 11 septembre 2001 ? Les catastrophes ont ceci de particulier qu’elles sont le plus souvent imprévisibles. On a beau croire être au top dans la sécurité de nos centrales, on n’en reste pas moins à la merci d’une catastrophe que l’on n’avait pas vue venir. Non, cela n’arrive pas que chez les autres. Ce n’est pas en renforçant le contrôle des centrales que l’on évitera un nouvel accident (au même titre que ce n’est pas parce qu’une voiture sort du contrôle technique qu’elle ne subira pas un grave accident de la route…)

Quand la catastrophe nucléaire survient, la radioactivité invisible fait son oeuvre funeste en silence de manière irréversible. Et c’est au moins une génération de personnes en contact avec l’iode, le cesium 137 et autres éléments radioactifs qui souffriront de maladies graves comme des cancers et de mort prématurée.

Des pays comme la Suisse ou l’Allemagne se sont pourtant donnés un temps de réflexion après cette catastrophe. La Suisse a annoncé la suspension de ses projets de renouvellement de centrale immédiatement après la catastrophe tandis que l’Allemagne a annoncé l’arrêt immédiat de l’utilisation des sept réacteurs les plus anciens du pays par la voix d’Angela Merkel. Il est stupéfiant de constater l’immobilisme de certains pays qui avancent deux arguments pour se défausser : « il est indécent d’en parler maintenant » et « on ne peut pas se passer du nucléaire ». Je réponds faux à la deuxième affirmation : si on peut faire 20% d’énergies renouvelables sans forcer, on peut arriver à 100% avec une volonté politique forte qui ferait fi du lobby du nucléaire.

Cette réflexion dépasse à mon sens les clivages politiques. Les Verts ou « les écolos » ne sont pas les seuls à avoir « l’indécence » de se poser ces questions à ce moment dramatique de l’histoire de l’humanité où chacun se sent solidaire des Japonais. Si l’on n’en parle pas maintenant, on oubliera de nouveau…jusqu’à la prochaine catastrophe. Alors aujourd’hui et maintenant, c’est le moment de donner votre avis. Doit-on s’enferrer dans la voie du nucléaire ou se donner les moyens d’en sortir de manière progressive et raisonnée pour éviter que nos enfants aient à en subir les conséquences ? Vous pouvez voter et donner votre avis sur le sujet en laissant un commentaire ci-dessous.

Etes-vous favorable à une sortie progressive du nucléaire ?Market Research

En tant que médecin, je vote pour une sortie du nucléaire. Je préfère mille fois voir des champs d’éoliennes mouliner en mer que de surfer un jour à proximité de centrales nucléaires sous-marines (le futur grand projet français !). Mais pour contrebalancer cet avis, je publie également cette photo de la famille Simpsons qui semble vivre heureuse à proximité d’une centrale nucléaire et cette vidéo publicitaire d’Areva qui laisse supposer qu’une centrale nucléaire en bord de mer, cela peut-être cool (qui a dit greenwashing ?) . Mais quand on connaît un peu la puissance et les caprices de l’océan et qu’on sait qu’un tsunami peut survenir sur n’importe quelle région côtière du globe, on comprend qu’une centrale nucléaire n’a rien à faire en bord de mer…

Lire aussi l’article http://blog.mondediplo.net/2011-03-15-Tout-est-sous-contrôle

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