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Spondylolisthésis et Surf

Une plainte qui revient souvent chez bon nombre de surfeurs est celle du mal au dos. Il arrive que l’on diagnostique à certains un spondylolisthésis, comme c’est arrivé à cet internaute qui a envoyé un message à Surf Prevention:

« Bonjour je souhaite vous poser une question. J’ai 26 ans, je surfe depuis 2 ans (fish 6’3 et minimalibu en 6’7). Suite à un mal aux lombaires, mon docteur m’a fait passer des radios, et il m’a diagnostiqué un glissement de vertèbre lombaire. Sur le compte-rendu de la radiographie du rachis lombaire (face, profil) est écrit: « Spondylolisthésis de grade I. Pas de trouble de la statique rachidienne dans les plans frontal et sagittal, pas de pincement significatif d’un disque mobile, ni de remaniement dégénératif des plateaux vertébraux adjacents marqué. Pas de lyse ou d’ostéocondensation des corps et arcs postérieurs vertébraux lombaires. Respect des interlignes sacro-iliaques. » Je ne peux pas vous dire avec certitude de quelle vertèbre il s’agit mais je pense que c’est la L5. J’ aurais voulu savoir si je peux continuer quand même la pratique du surf sans aggraver le glissement. Je vous remercie d’avance de la réponse que vous pourriez m’apporter. Votre site est vraiment génial. »

Le spondylo-machin kézako ?
Le spondylolisthésis est un basculement du corps d’une vertèbre vers l’avant. On parle le plus souvent de spondylolisthésis pour une vertèbre lombaire, surtout la dernière (L5, plus rarement L4). La cause est généralement une « lyse isthmique », c’est-à-dire une fracture de l’isthme de la vertèbre qui ne consolide pas (voir schéma).

Très fréquent chez les sportifs
On retrouve le spondylolisthésis chez quasiment 1 personne sur 10 dans la population générale. Les sportifs sont encore plus touchés, et les surfeurs tout particulièrement. Des auteurs ont décrit* l‘augmentation du risque de spondylolisthésis chez les surfeurs du fait de l’hyperextension répétée de la colonne lombaire. L’hyperlordose à la rame et les rotations du rachis peuvent entraîner cette fracture de fatigue qui cause le spondylolisthésis.

Les symptômes:
Ils vont de l’absence de signes cliniques (le plus souvent) à la douleur lombaire (en bas du dos). La douleur d’intensité variable est plutôt mécanique (apparaît après des efforts, disparaît au repos). La douleur peut parfois descendre dans la cuisse ou la jambe (sciatique) et une paralysie peut survenir dans les cas graves (urgence chirurgicale).

Peut-on surfer avec un spondylolisthésis ?
Notre internaute présente un spondylolisthésis de grade I, c’est-à-dire débutant avec un glissement de la vertèbre encore modéré. Il n’en est donc pas encore à penser à une intervention chirurgicale (qui ne s’envisage que dans les cas sévères où le traitement médical a échoué), mais il doit par contre dès maintenant respecter une hygiène du dos, car la pratique du surf en petite planche ne va pas améliorer son problème, bien au contraire.

A ce stade, le surf n’est pas contre-indiqué tant qu’il est pratiqué en loisir (la non contre-indication pour un surfeur de compétition est à évaluer au cas pas cas), mais il faut adapter sa pratique. De nombreux surfeurs pratiquent sans savoir qu’ils ont un spondylolisthésis (il serait intéressant d’en étudier la prévalence) qui peut rester asymptomatique très longtemps.

Quelques conseils de prévention:
– Échauffement et étirements doux avant et après chaque session ;
– Adopter une posture moins cambrée sur sa planche ;
– Eviter les sessions trop longues (mieux vaut 2 sessions de 45 minutes qu’une session de 1h30) ;
– Préférer le surf debout (SUP+++, windsurf) quand le plan d’eau ne remue pas trop, plutôt que le surf cambré (shortboard, bodyboard, bodysurf) ;
– Pour le surf couché à la rame, préférez une grande planche qui flotte. Alterner rame allongée et rame à genoux sur un longboard.
– Eviter le port de charges lourdes, y compris le port d’une grande planche (longboard, SUP) sur de longues distances ;
– Apprendre les exercices adaptés pour étirer son dos, éventuellement en s’aidant d’un swiss ball ;
– Renforcer son « gainage » pour soutenir son colonne vertébrale (renforcement de la musculature dorso-lombaire et abdominale) ;
– Préférer des activités physiques comme la natation (pour se muscler de manière harmonieuse et non traumatisante), la marche (plutôt que la course) ou le vélo (sur du plat).
Adopter une bonne posture pour le surf et dans tous les actes de la vie quotidienne.

N.B.: en cas de spondylolisthésis, PAS DE MANIPULATIONS ostéopathiques qui peuvent aggraver la symptomatologie comme en avait témoigné ce surfeur. Consulter un médecin et faire un bilan radio avant de consulter un ostéopathe expérimenté connaissant la pathologie et proposant une approche douce sans cracking.

Si tout cela ne suffit pas, retourner chez son médecin traitant pour prescription de séances de kinésithérapie, médicaments antalgiques si nécessaire, et bilan radiologique complémentaire éventuel (scanner, IRM lombaire). Dans tous les cas, respecter le suivi médical de l’évolution du spondylolisthésis.

Si vous aussi vous avez un spondylolisthésis, n’hésitez pas à faire part de votre expérience et de vos conseils. Ce serait bien d’avoir l’avis d’un spécialiste (rhumatologue, orthopédiste, neurochirurgien, kiné, posturologue…) ayant l’expérience de cette pathologie.

*Kenneth S. Taylor, Todd B. Zoltan, Suraj A. Achar. Medical Illnesses and Injuries Encountered During Surfing. Curr Sports Med Rep. 2006 Sep;5(5):262-7.

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