C’est une mode qui nous est venue d’Australie quand des surfeurs s’étaient mis à surfer du « semi-gros » à Kirra avec des jet-skis (cf photo). Alors que ces engins à moteur étaient initialement destinés exclusivement au très gros surf, on voit de plus en plus de sessions en surf tracté dans des vagues largement surfables à la rame. Tout est plus facile avec un jet : on peut prendre plus de vagues, mieux se placer au take-off, prendre plus de vitesse, se caler plus facilement dans le tube… Tout cela est bon pour nos surfeurs pros qui veulent avoir leur photo dans un mag de surf ou une vidéo qui buzze sur Facebook… mais ce manège n’est pas du goût de tous les free surfeurs qui se retrouvent à profiter de l’océan à côté de ces surfeurs motorisés. Surf Prevention s’oppose à la banalisation de cette nouvelle pratique pour au moins trois raisons :
– Faire du surf tracté, c’est tricher ! Ce n’est pas nous qui le disons mais le big wave rider Mark Healey qui a bien conscience qu’utiliser un jet-ski pour prendre des vagues est une solution de facilité : « j’ai eu de gros barrels ce matin en trichant, euh… je veux dire en tow-in ! » a -t-il déclaré sur son Twitter. On ne parle pas des chargeurs de très gros comme Peyo Lizarazu à Belharra, Laird Hamilton ou Tyler Larronde à Jaws qui ne pourraient pas surfer ces vagues sans utiliser la technique du tow-in. Il est question ici des surfeurs qui utilisent un jet-ski pour des sessions où les vagues font moins de 3,50 mètres. Le pire est que ces surfeurs ont pour la plupart un excellent niveau et qu’ils pourraient se passer de leur moto aquatique pour surfer du gros. Les exemples se sont multipliés ces dernières semaines avec des sessions tow-in dans le sud-ouest de la France comme on peut le voir sur la vidéo ci-dessous dans les Landes. Il y a même eu une session tow-in à la Côte des Basques de Biarritz récemment !
– Le jet-ski, ça pollue. Pour ces grands défenseurs de la nature que sont les surfeurs, il est paradoxal de se les imaginer faire le plein d’essence avant d’aller contaminer un peu plus le milieu marin avec leur pétrolette aquatique. Je vous renvoie aux calculs de l’ingénieur Olivier Papin qui nous expliquait à quel point les surfeurs polluaient l’environnement en une seule session assistée par un jet-ski.
– Last but not least : le tow-in c’est dangereux. La règle tacite voulait que les surfeurs tractés fassent place nette dès qu’il y avait au moins un surfeur à la rame aux alentours, mais on se rend compte qu’en pratique cela ne se passe pas tout le temps comme ça. Un jet-ski peut être accidentogène pour ceux qui l’utilisent mais aussi pour les surfeurs qui évoluent à proximité. Plusieurs accidents de surf spectaculaires liés aux jet-ski ont déjà eu lieu : le stand-up paddler accidenté à Mavericks, la grosse frayeur de Raimana à Teahupoo, l’accident de Maya Gabeira ou encore le SUP blessé par un jet-ski fou sur la Gold Coast. Il est d’ailleurs curieux de constater que les surfeurs qui ont crié au loup quand les SUP sont arrivés sur les spots (à cause de leur danger supposé) sont les mêmes qui tolèrent cette nouvelle pratique du jet-ski dans les vagues moyennes…
Le jet-ski est un formidable engin de sauvetage mais il n’a pas sa place pour une pratique récréative dans les « petites » vagues. Laird Hamilton et Darrick Doerner doivent rire jaune quand ils voient que leur pratique du tow-in a été détournée pour surfer des vagues de taille moyenne voire petites… Mais est-ce qu’on parle encore de surf ici ?
