IRM et claustrophobie : la peur du tube…
La semaine dernière, j’ai été victime d’un traumatisme en stand-up paddle board. A l’arrivée d’une série de vagues, j’ai dû sauter de ma planche en catastrophe et la lâcher pour passer sous une grosse mousse.
Je suis parti « en vrac » sous l’eau et je n’ai pas eu le temps de rétablir ma jambe et de la mettre dans l’axe du leash, ce qui a entraîné une torsion du genou par traction du leash lesté par mon lourd stand-up longboard embarqué par la vague… (classique !).
Résultat : une douleur interne du genou lancinante avec une sensation de blocage et des difficultés à l’étendre complètement. Malgré le repos, les cannes anglaises (les béquilles), la glace, le paracétamol et un gel anti-inflammatoire, la gêne douloureuse persistait au bout de 72 heures. J’ai alors suspecté une atteinte du ménisque interne…
Je me suis décidé à m’auto-prescrire une imagerie médicale (je suis médecin). Les ménisques étant invisibles sur les radiographies standard, j’ai pris un rendez-vous pour une Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) pour visualiser les parties molles du genou et surtout les ménisques.
J’ai donc été admis dans les locaux flambant neufs du service de radiologie de l’hôpital de Bayonne où j’ai été pris en charge par une radiologue chevronnée et des manipulateurs (et manipulatrices) radio dont la compétence n’a eu d’égale que leur sympathie et leur empressement pour me mettre à l’aise (je connaissais déjà les 3/4 de l’équipe pour avoir bossé 3 ans avec eux dans cet hôpital en tant qu’interne de médecine générale).
Je ne m’inquiétais pas outre mesure mais une fois installé dans le tunnel de l’IRM, j’ai quand même ressenti une montée de stress qui m’a fait comprendre pourquoi on contre-indique cet examen aux personnes claustrophobes…
En tant que surfeur qui affectionne les tubes (même si j’ai trop rarement l’occasion de m’y caler…), je pensais pourtant que me retrouver à l’intérieur d’une IRM ne me poserait aucun problème.
Pour une IRM du genou en plus, on ne pénètre pas entièrement dans la machine et la tête peut donc rester à l’extérieur du tunnel.
Il n’empêche que rentrer dans le tunnel d’une IRM n’est pas aussi agréable que de se caler dans un tube en « coffin ride » 😉 .
D’abord parce qu’on n’est pas sur un spot de surf mais dans un hôpital où l’ambiance est forcément plus pesante.
L’immobilité totale est difficile à maintenir 20 minutes durant.
L’examen est suffisamment long pour laisser le temps de cogiter : « Pourquoi est-ce que cela dure si longtemps ? Est-ce que je souffre juste d’un ménisque ou est-ce que je suis atteint d’un sarcome comme les surfeurs Jason Boggle et Richard Lovett ? ». (Note : c’est sûrement une déformation professionnelle du médecin d’envisager systématiquement les maladies graves…)
Le bruit est également gênant pendant l’IRM.
Tout cela fait que, finalement, une IRM n’est pas une partie de plaisir.
Il faut néanmoins souligner qu’une IRM a d’énormes avantages pour le patient : c’est un examen non invasif (sauf quand on injecte du produit de contraste) et indolore. Pas besoin d’arriver à jeun. On peut ressortir de l’hôpital juste après l’examen.
C’est aussi un examen qui n’irradie pas contrairement au scanner et aux radiographies.
Les IRM de dernière génération donnent des images d’une très haute résolution.
Second MRI from Mike Moore on Vimeo.
Pour mon cas personnel, l’IRM a simplement montré un épanchement articulaire au niveau des ailerons rotuliens et m’a complètement rassuré quant à l’état des mes os, de mes ligaments et surtout de mes ménisques qui semblent encore bons pour encaisser de nombreuses sessions de surf après une petite convalescence ! Ouf, j’échappe à l’arthroscopie du genou !
Pour les sportifs, et les médecins qui les soignent, il est très appréciable de connaître l’état précis des articulations, muscles, tendons, ligaments après un traumatisme. Cela permet de guider au mieux la conduite à tenir thérapeutique. C’est la raison pour laquelle les sportifs de haut niveau bénéficient de plus en plus souvent de cet examen par IRM.
Un bémol à souligner : le prix, forcément plus onéreux qu’une simple radiographie. Mais si l’on veut soigner les gens en profitant des dernières technologies, il faut intégrer que les dépenses de santé continueront à croître à mesure que les techniques se perfectionneront et que leurs indications s’élargiront. Discours qui a du mal à passer auprès du Ministère de la Santé et des Caisses Primaires d’Assurance Maladie.
Mais la réalité est là ! Il y a 20 ans, on se serait contenté du diagnostic clinique du médecin généraliste, du rhumatologue ou de l’orthopédiste. Maintenant, nous avons de plus en plus souvent recours à l’imagerie que les médecins prescrivent pour se faire aider à établir un diagnostic ou parfois pour « se couvrir »et éviter qu’on ne leur reproche un manquement à leur « obligation de moyens » avec poursuites judiciaires à la clé. Et tout cela a un coût. ..
Des IRM dernier cri sont maintenant ouvertes. Ces IRM ouvertes n’ont pas de tunnel et ne font pas de bruit. Ce qui les rend idéales pour les patients claustrophobes, obèses (trop corpulents pour rentrer dans le tunnel) ou encore les enfants qui ont du mal à rester immobiles pendant la durée de l’examen. Le seul inconvénient de ces IRM ouvertes est que l’examen dure plus longtemps.
On peut trouver une IRM ouverte à la Clinique du Sport à Mérignac depuis peu et également à Paris, Lille, Lyon ou Nîmes.
Rappel des principales contre-indications de l’ IRM (en dehors de la claustrophobie pour les IRM « fermées ») :
Ces contre-indications sont connues de votre médecin et seront à nouveau recherchées avant l’examen.
– avoir du métal dans le corps (car le patient est placé dans un électro-aimant qui produit un puissant champ magnétique):
* clips vasculaires cérébraux (patients opérés d’un anévrisme du cerveau).
* corps étranger métallique ayant pénétré dans l’oeil par accident de chasse ou de meulage par exemple.
*valves cardiaques non compatibles.
Remarque 1 : il est impératif d’ôter tout objet métallique avant l’examen (bijoux, montre, clés,…)
Remarque 2: les prothèses de hanche ou de genou ne sont pas contre-indiquées.
– être porteur de dispositifs type :
* stimulateur cardiaque ou défibrillateur cardiaque dont le fonctionnement peut être altéré par le champ magnétique et provoquer des troubles du rythme cardiaques mortels.
* pompe à insuline.
* neuro-stimulateur.
– état du patient incompatible car :
* impossibilité de rester allongé pour un patient présentant une orthopnée sur une insuffisance cardiaque ou respiratoire.
* impossibilité de rester immobile chez un enfant ou un patient agité : dans ces cas, on a parfois recours à une prémédication sédative voire à une anesthésie générale.
– présenter une allergie au gadolinium ou à un autre composant du produit de contraste.
– présenter une insuffisance rénale sévère dans le cas d’une injection de produit de contraste.
– précautions particulières à prendre pendant la grossesse et l’allaitement.
5 Commentaires
Bonjour,
Je dois passer une IRM du genou suite à une chute de cheval où je suis restée coincée dessous et "écrasée" au niveau de la jambe. Le traumato à suscpecté une leisure meninscale … Je faisais des recherches sur les IRM et cet article m'a beaucoup aidée! Donc merci!
Il ne me reste plus qu'a attendre la date fatidique de l'IRM… et peut être la meniscectomie qui suivra!
Merci
quelques questions :
-Peut-il arriver que l'équipe médicale en charge de l'IRM puisse pratiquer l'examen sur un patient sans s'être assurée qu'il est porteur de stimulateur ? La question est -elle toujours posée, un examen préalable des cicatrices est -il toujours pratiqué?
-quelle méthode systématique exixte-t-il pour s'assurer que le patient est apte à l'IRM ?
-Existe-t-il un nouvel IRM ouvert pour les claustrophobes, lesquels doivent se contenter d'un scanner?
-Quels sont les avantages comparés de l'IRM et du Scanner? Les deux révèlent -ils autant les problèmes ?
pour info: ouverture le 1er aout 2013 de la 1ère IRM ouverte au Nord de Paris, à la Polyclinique du Bois (IRM des Bois Blancs)
03 20 09 92 92
pour info, depuis le 1er aout, il y a une IRM ouverte, sur le site de la Polyclinique du Bois, à LILLE
Excellent article surtout venant de l’expérience d’un médecin.
Je suis un peu claustrophobie et l’idee de rentrer dans un tube m’angoisse surtout pour un genoux.
Je vais demander si ma tete peut rester prete de l’ouverture.
IRM a cela ouvert me va très bien même si c’est plus long.