Les images sont belles. Le moment historique. Dans le journal le lendemain : « tout s’est passé exactement comme prévu », « parcours minuté », « timing respecté », « organisation calibrée au cordeau »…

Tout ? Sauf un « petit détail »…

La qualité de l’eau n’a pas été vérifiée après une pollution et avant la mise à l’eau des jeunes surfeurs locaux et du porteur de flamme.

Des analyses s’avéraient pourtant indispensables compte-tenu des fortes pluies de la nuit et du petit matin, car on sait que ces pluies occasionnent encore trop régulièrement des déversements d’eaux usées dans l’océan.

Et ces déversements se sont bien produits avant la cérémonie.

En quels volumes ? On ne le sait pas encore car malgré mes demandes à la Ville de Biarritz et à la Communauté d’Agglomération Pays Basque où je suis respectivement élu conseiller municipal et conseiller communautaire, je n’ai toujours pas obtenu de réponses à mes questions sur cette pollution.

Le journal Sud-Ouest a réussi à savoir que les analyses n’ont pas pu être faites comme d’habitude, car le parcours de la flamme olympique aurait empêché les prélèvements…

Ça tombe mal. Ou bien. Imaginons qu’on nous fasse le même coup avant la fameuse baignade dans la Seine en juin à Paris. « L’eau est propre, mais on n’a pas pu faire d’analyses à cause des JO. Croyez-nous sur parole ! »

En attendant, à Biarritz, des surfeurs ont bien été envoyés dans l’eau le matin de la flamme olympique après des déversements. Et aucune précaution n’a été prise pour contrôler la qualité de l’eau avant leur mise à l’eau.

Le porteur de flamme, Edouard Delpero, n’a été informé qu’à sa sortie de l’eau et il s’est empressé d’annuler les cours de son école de surf.

Si je ne lâche rien sur ce point, c’est parce que c’est au moment des déversements que les risques pour la santé sont les plus importants.

Mettre un drapeau violet pour signaler la pollution 6 heures après l’événement polluant ne rime à rien.

Il faut le signaler en temps réel. L’alerte doit être passée au moment du déversement, pas au retour d’analyses… surtout quand celles-ci ne sont pas faites à temps.

C’est ce j’avais réussi à faire mettre en place avec Biarritz Infoplages par les services de la mairie en tant qu’adjoint à l’environnement de 2014 à 2020.

Malheureusement, ce système d’information en temps réel a été abandonné au profit d’un système beaucoup plus opaque et différé.

C’est ce combat qui m’avait conduit à être moins présent sur ce blog Surf Prévention et à m’investir en politique locale suite à ces terribles images de surfeurs dans l’eau au moment d’un déversement.

Force est de constater qu’aujourd’hui, nous sommes revenus au point de départ.

Non seulement les grands travaux d’assainissement nécessaires ne se sont pas poursuivis, mais on se cache derrière une communication positive via le Pavillon Bleu et des informations à retardement sur la qualité de l’eau via l’application Kalilo.

Le surf aux Jeux Olympiques n’a jamais fait l’unanimité mais il aurait au moins pu servir de vitrine pour la protection de notre environnement marin.

Au lieu de cela, nous acceptons une tour en aluminium sur le reef de Teahupoo et de surfer dans des eaux polluées pour faire plaisir à des officiels qui cachent leur inaction par des célébrations.

A une époque pas si lointaine, Surfrider Foundation aurait attendu le passage de la flamme en combinaisons de protection et avec leurs pavillons noirs, en signe de protestation.

Nous n’avons pas à parader quand notre environnement est souillé. Encore moins quand l’événement est sponsorisé par une marque de boissons ultra-sucrées en bouteilles plastiques qui polluent notre océan. Tout cela représente l’inverse de nos valeurs.

Réveillons-nous. Prenons conscience de ces pollutions minimisées.

Et retrouvons notre esprit rebelle, au lieu de verser dans le consensuel et la résignation.

Je sais que tous les surfeurs présents pour porter la flamme olympique représentent bien notre sport et qu’ils se sont faits une fête de cet événement.

Il faut maintenant reprendre le flambeau de la lutte contre la pollution de notre environnement, et ne plus rien laisser passer.

Photo d’illustration de la flamme olympique : Thomas Claverotte Photographie.

A propos de l'auteur :

Médecin, surfeur, blogueur. Auteur des livres Surfers Survival Guide, Surf Thérapie et DETOXseafication.

 

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3 Commentaires

  1. Eric Rougé dit :

    Que de discours inutiles, l’océan à proximité des métropoles, présente toujours des pointes d’insabrulitées. Cela depuis des décennies, les surfeurs n’attendent pas pour pratiquer leur passion une autorisation quelconque. Nous surfons quelques soient conditions météo, du moment que les vagues soient praticables et bien sûr du niveau de chacun. Nous sommes bien entendu pour un océan plus propre, mais rien ne doit nous interdire de nous jeter à l’eau dans la majeure partie du temps. Les pseudos normes mises en place sous formes de pavillons bleus, rien à battre ! Surfeur de plus d’un demi siècle,été comme hiver, une fiole de mesures, ne nous empêchera pas de pratiquer notre art de vivre ! Fuck les mesures de communication, de commissions directives aux regards de pourritures européennes…Pour ajouter, mon sentiment, le surf n’a pas sa place aux JO ,cela est mon regard de surfeur des premières années et heures ! Le surf a un panel de compétitions suffisamment étoffé, les JO ne sont pas les bienvenus dans les aventures surfistiques ! !!☺️☺️☺️

  2. TAÏBA dit :

    Nous ne pouvons que confirmer et de constater que les Mairies travaillent efficacement sur leurs images écologiques mais sur les réels travaux pour assainir correctement avec des stations d’épuration signes et significatives on est très loin des investissements.. La pollution des rivières du pays Basque.. On attend comme à BIDART de plus importantes stations efficaces mais c’est pas encore ça …

  3. OSTERMANN dit :

    Entièrement d’accord avec toi…

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