La sécheresse a déjà pointé son nez cette année et risque de récidiver. Depuis le début du mois de mai certains départements, comme la Vendée, ont connu des restrictions d’eau importantes. En parallèle de l’appel à l’économie d’eau, le Conseil Général du département cherche des solutions.

En Vendée, la mer à boire…ou à manger

Si la Vendée manque d’eau, c’est en partie pour assouvir les besoins des agriculteurs (70% de l’eau consommée) pour irriguer les cultures. Les plantes exotiques, communes de nos jours dans le paysage français – comme le maïs – nourrissent les bêtes pour satisfaire les besoins carnivores des français. Il faut donc de l’eau. L’été dernier, la Vendée lançait un syndicat mixte d’études pour son projet d’usine de dessalement d’une capacité de production de 30 000m3 d’eau par jour. Philippe de Villiers, président du Conseil général, déclarait alors : « L’Etat souhaite labelliser cette expérience parce qu’il considère que l’avenir de l’eau sur le littoral Atlantique, c’est probablement le dessalement. Il se pourrait alors que la Vendée soit en position de département pionnier ». Avec l’abandon officiel, le 23 juin dernier, du projet de construction du barrage de l’Auzance, l’idée de dessaler l’eau de mer est plus que remise au goût du jour. Même s’il n’existe pas encore de grosses unités de dessalement dans l’hexagone, l’entreprise française Suez environnement s’y connaît en la matière. « Leader » mondial dans le domaine de l’eau et des déchets, elle gère de très grandes unités au niveau international et s’apprête à inaugurer une des plus grosses usines du monde (450 000m3 d’eau par jour) à Wonthaggi, près de Melbourne (Australie) en fin d’année 2011 (cf. vidéo Youtube).

Le dessalement rassure les riches et inquiète les écolos

En 2008, on comptait déjà 13 869 usines de dessalement dans le monde. Pour la majorité implantée dans les pays riches, il semblerait que ce soit une solution de facilité à l’encontre des économies d’eau. Aujourd’hui, deux techniques sont utilisées pour dessaler l’eau de mer : la distillation et l’osmose inverse. La première sépare le sel de l’eau via la vaporisation (le même principe que le cycle naturel de l’eau). La seconde (60% des installations mondiales) utilise la pression pour faire migrer les molécules d’eau à travers une membrane. Malgré les efforts par certaines entreprises d’inclure un pourcentage d’énergies renouvelables, ces usines – et en particulier celles qui fonctionnent par distillation – consomment énormément d’énergie et produisent une grande quantité de gaz à effet de serre. Côté rejet, les inquiétudes portent sur les saumures (solution salée) et le chlore. Pour 1m3 d’eau potable, les usines de distillation rejetteraient 9m3 de saumures (eau 10 à 15% plus salée que l’eau de mer) et les usines utilisant l’osmose inverse n’en rejetteraient qu’1m3 (eau 2 fois plus salée que l’eau de mer). Enfin, pour se faire une idée, l’ensemble des unités de distillation du Golfe Persique rejetteraient 22 tonnes de chlore et 300kg de cuivre par jour. Le premier est biocide mais se dilue rapidement, le second s’accumule dans les sédiments et les organismes marins. Dans le cas de la nouvelle centrale de Wonthaggi, l’étude d’impact environnemental révèle que certaines espèces de poissons vont être affectées. Les surfeurs de Wonthaggi vont-ils continuer à surfer chez eux après le lancement de l’usine de dessalement ?

Actuellement, seule une étude de faisabilité a été lancée pour le projet d’usine de dessalement de l’eau de mer en Vendée. Espérons candidement que les économies d’eau seront privilégiées face à la construction d’une telle infrastructure et ses impacts sur l’environnement.

Photo : Colin W Brown

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3 Commentaires

  1. stef dit :

    SUEZ AREVA même combat […] ils ont soif de fric c tout

    à ce sujet, excellent article dans courrier international: " Aujourd’hui, les usines de dessalement existantes produisent 19 millions de metres cubes de dechets chaque jour. Or on prevoit que la production des usines de dessalement aura triple en 2015, ce qui du meme coup multipliera par trois les rejets de saumure et donc l’acidification des oceans.” http://www.courrierinternational.com/article/2008

  2. Fred dit :

    Hum… L'article de Courrier International est basé sur le même genre de science que celle qu'Alphonse Allais a utilisé pour l'affirmer haut et fort : « La mer est salée parce qu'il y a des morues dedans ». Il n'y a pas d'effet direct de la salinité sur le pH, et les effets indirects sont largement inférieurs à d'autres causalités. Je me demande si Maude Barlow n'a pas confondu chlorure de sodium et acide chlorhydrique. Bref du grand n'importe quoi. Sans compter que l'océan est un milieu ouvert, et que l'eau dessalée reviendra par le cycle hydrologique à l'océan diluer ladite saumure, avec au final une salinité qui devrait rester constante.

    Maintenant je suis d'accord sur le fait qu'il faut faire tout ce qui est possible pour limiter et réguler les consommations d'eau. Un article de la rubrique Planète du Monde de ce jour, sérieux celui-là, explique bien ce qui attend l'agriculture du siècle prochain : une terre sèche, dans toute la métropole, en raison du changement climatique (S. Foucart, « Les sécheresses seront plus intenses et plus fréquentes dans l'Hexagone », 01/07/2011). Cela nécessitera un changement global des systèmes de culture et il faudra effectivement oublier le maïs, dont un seul champ en été consomme autant d'eau qu'une petite ville. Or actuellement, la profession agricole n'en a cure.

    Ceci dit il est dores et déjà clair que l'eau ne venant plus du ciel, il faudra la prendre ailleurs. Les eaux profondes sont surexploitées et les eaux de surface nécessitent des équipements de retenue que les populations n'acceptent plus. Le seul plan B actuel c'est le dessalement. Il semble illusoire de vouloir lutter contre : il faut plutôt essayer d'en maîtriser la technologie et les conditions économiques. A cet égard l'osmose inverse est intéressante car les rejets de produits chimiques sont très faibles (mais non nuls : il faut des produits pour nettoyer les membranes d'osmose qui s'encrassent). De plus les eaux rejetées ne sont pas chaudes. Il faut en revanche proscrire la distillation et ses rejets polluants, de nature chimique ou thermique.

    Encore un détail : le chlore pose un sérieux problème, il est un peu léger d'écrire que « il se dilue rapidement ». Et il finit par disparaître même, étant hautement réactif et instable. Mais il s'accompagne de production de sous-produits de dégradation stables qui sont connus pour être potentiellement dangereux pour la santé humaine, et dont on peut imaginer qu'ils le sont aussi pour le milieu marin.

    Un bon article ici : http://www.larecherche.fr/content/recherche/artic

  3. DHERBECOURT dit :

    Je suis stupéfait ! Pouquoi gaspiller des centaines de milliers d’euros d’argent du contribuable à étudier une étude de dessalement d’eau de mer en Vendée ?
    Ne serait-il pas plus judicieux d’étudier des cultures moins gourmandes en eau que celles qui couvrent ce département ?

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