Guillermo Cervera n’en était pas à son premier reportage en tant que photographe de guerre : la Bosnie dans les années 90, le Tchad où il fut emprisonné, l’Afghanistan… Plus récemment, alors qu’il était en Libye pour couvrir le conflit entre les insurgés et les forces de Mouammar Kadhafi, il s’est retrouvé le 20 avril 2011 dans le groupe de personnes atteint par des tirs de mortier dans la rue de Tripoli à Misrata. Ses confrères photoreporters Tim Hetherington et Chris Hondros y laisseront la vie. Guillermo Cervera en réchappera miraculeusement, mais il ressentira après-coup un grand besoin de se ressourcer comme il a l’habitude de le faire, en revenant vers l’océan.

Guillermo Cervera, 43 ans, a sa manière à lui de gérer le stress qui fait suite à ses missions : « Entre les conflits, je pars pour faire des photos de surf. J’ai toujours été effrayé par les collègues qui étaient obsédés par la guerre. Je ne voulais pas être comme ça. Je pars donc faire des photos de quelque chose de beau. »

Avec un père militaire dans la Marine espagnole et une mère qui avait l’habitude de nager dans les vagues quand elle était enceinte de lui, Guillermo a été marqué par l’environnement marin dès le plus jeune âge, même s’il a découvert le surf sur le tard. Il a grandi à Madrid et il a découvert des photos de surf dans des revues de National Geographic qui l’ont ébloui au point d’en rêver la nuit. D’un naturel à ne jamais tenir en place, il a remarqué au lycée que seule la photographie parvenait à le calmer, au point de ressortir zen après des heures dans la chambre noire, bien avant sa découverte de « la chambre verte ».

S’il s’est lancé dans le photoreportage de guerre en partant en Bosnie, c’était avant tout pour comprendre comment des êtres humains pouvaient avoir recours à l’horreur des conflits armés. Pour se changer les idées après cette première expérience traumatisante, il partit faire une année sabbatique aux Canaries : il y restera finalement 7 ans pour y faire quelques-unes de ses plus belles photos de surf (voir photo du surfeur avec un casque), avant de repartir à la guerre.

Guillermo Cervera a couvert la guerre des gangs au Venezuela, il a photographié les Tigres Tamouls au Sri Lanka pendant la guerre civile, il a côtoyé la misère aussi bien au Darfour qu’à Washington où il a suivi les ravages de l’addiction à la méthamphétamine. A chaque fois, il est revenu vers la mer et vers le surf après ses reportages dans des conditions difficiles.

Après son séjour particulièrement traumatisant en Libye, il ressentit le besoin de partir loin faire un long break avec un surf trip à Sumatra en Indonésie (vidéo Youtube) puis dans l’archipel des Açores.

Pour expliquer les bienfaits de la mer, il déclare : « L’eau de mer t’enveloppe, elle te nettoie. Elle nettoie mon esprit. Et c’est précisément de cela dont j’avais besoin après la Libye. » Il insiste sur le fait que les photos de surf ne sont pas juste une distraction : il considère la photographie de surf comme partie intégrante de sa vie professionnelle. La photographie de surf et la photographie de guerre requièrent toutes deux de l’adresse et de la concentration ainsi qu’une aptitude à réagir vite devant un danger inattendu. « Les deux m’aident à me reposer : je fais des photos de surf comme quelque chose de thérapeutique. Mais je vois aussi les photos de guerre comme bénéfiques pour mon travail sur le surf. J’apprécie ces deux façons de faire de la photo de la même manière » déclare de manière quelque peu surprenante Guillermo Cervera.

Source : http://lens.blogs.nytimes.com/2011/10/28/trading-war-for-waves/

Plus de photos de Guillermo Cervera sur : http://guillermocervera.photoshelter.com/

Lire aussi : – Récit d’un Surf Trip en Libye.
La Surf Therapy pour soigner les soldats blessés à la guerre.

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1 commentaire

  1. Léo dit :

    Une vie passée à explorer les extrêmes.

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