Des plages SANS surveillance en Aquitaine
Alors que 20 millions de personnes profitent des plages du Sud-Ouest chaque été et que la saison commence de plus en plus tôt, certaines plages de Gironde et des Landes ne seront pas surveillées avant le 1er Juillet 2008, faute d’effectifs.
En cause, la non-affectation des maîtres-nageurs sauveteurs de la Compagnie Républicaine de Sécurité (C.R.S.) avant cette date. Cette décision aberrante, prise par des technocrates dans leur bureau parisien à mille lieues de la côte atlantique, fait courir un risque inconsidéré aux dizaines de milliers de touristes qui ont déjà commencé à fondre sur les plages d’Aquitaine depuis le retour du beau temps la semaine dernière.
Certains élus locaux landais et girondins n’hésitent pas à parler de désengagement de l’état posant un réel problème de sécurité.
Par le passé, les CRS étaient sur les plages de début juin à fin septembre. Jusqu’à l’an dernier, ils y restaient de la mi-juin à la mi-septembre. Cette année, ils sont sensés ne rester que 2 petits mois et quitter les plages bien avant la fin de la saison, dès la fin août.
Ce ne seront vraisemblablement pas les surfeurs locaux qui s’en plaindront le plus. Ils sont habitués à évoluer librement sans surveillance sur leurs spots à longueur d’hiver, à leurs risques et périls. Cette catégorie d’usagers n’est pas celle qui pose le plus de problèmes puisqu’ils connaissent le milieu et ses dangers et sont généralement en bonne condition physique.
Le risque est bien réel pour tous les néophytes qui s’aventurent dans les vagues une fois par an ou qui n’ont jamais vu la mer. Etre pris dans un courant de baïne dans les Landes ou en Gironde est vite arrivé, et il faut pouvoir être immédiatement secouru pour que la baignade ou la session de surf ne vire pas au drame.
Le journal Sud-Ouest révèle que la semaine dernière un jeune garçon de 15 ans s’est blessé à la tête avec sa planche de surf au Grand-Crohot et a dû être évacué par hélicoptère après intervention des sapeurs-pompiers. On imagine les conséquences que peut entraîner ce genre d’accident sans sauveteur pour porter assistance à proximité.
Les CRS assurent leur service estival sur les plages d’Aquitaine depuis 50 ans avec les bons résultats que l’on connaît en terme de diminution spectaculaire du nombre de noyades.
Les CRS, les « bleus » comme on les surnomme sur les plages en référence à la couleur de leur tenue, sont de vrais professionnels, très (trop diront certains surfeurs) rigoureux dans l’exercice de leurs fonctions. Leur professionalisme est évidemment bien supérieur à celui d’un civil qui fait ce travail comme « job d’été ». L’expérience est également à mettre à leur crédit. Il faut environ 5 ans pour acquérir l’expérience nécessaire sur les plages d’après un CRS anonyme qui a accepté de témoigner dans le Sud-ouest du lundi 23 Juin 2008.
Enfin, ils représentent l’autorité et ils peuvent immédiatement intervenir en cas de délinquance sur la plage ou dans l’eau. Leur statut impose le respect et ils ont vite fait de calmer les velléités inciviques de certains plagistes. Un minot de 18 ans ou une jeune bachelière en imposent forcément beaucoup moins.
Les MNS civils sont évidemment compétents pour assurer la surveillance des plages grâce à une préparation intensive dans le milieu marin. Les plus jeunes sont encadrés par des chefs de postes aguerris. Mais à l’heure où l’on parle de la disparition pure et simple des CRS des postes de secours, il faut se poser la question de savoir si l’on pourrait vraiment fonctionner avec uniquement des civils sur les plages en été. Ces derniers sont les premiers à reconnaître que l’aide d’un « bleu » est souvent la bienvenue dans de nombreuses situations.
La disparition des CRS pourrait entraîner la recrudescence des vols sur les plages ou du vandalisme lié au localisme sur les spots de surf.
Un CRS mythique de la Grande Plage de Biarritz se qualifiait de « briseur de rêve » dans l’intérêt de la sécurité des usagers de la plage. Un surfeur a du mal à comprendre que l’on puisse le sortir de l’eau par la force pour avoir évolué dans la zone des baigneurs mais on ne peut pas faire n’importe quoi sur une plage en été, car la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres… Et il faut bien des personnes compétentes pour maintenir l’ordre dans le vaste bordel que peut devenir une plage en été.
J’ai été l’un des premiers surfeurs français à hériter d’une contravention à la sortie d’une session pour avoir dépassé le drapeau qui délimitait ma zone et mes rapports n’ont pas toujours été au beau fixe avec certains CRS. Il n’empêche que je suis le premier à dire que se passer de leurs services serait une belle connerie…Les plages de Biarritz sont ingérables en été sans CRS par exemple. C’est bien beau de faire bosser les jeunes sur les plages mais encore faut-il les encadrer correctement et ne pas faire peser de trop lourdes responsabilités sur leurs épaules en cas de noyade notamment.
Soyez encore plus prudent que d’habitude si vous allez à la plage ce week-end, notamment sur les spots réputés du Truc-Vert au Cap-Ferret, à Lacanau, au Porge, etc.
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