Mieux vaut tard que jamais. L’ASP se déciderait enfin à prendre en considération le dopage. Brodie Carr, le directeur de l’Association des Surfeurs Professionnels, prévient tout de suite : cette mesure n’a « rien à voir » avec le décès d’Andy Irons. Il s’agit juste d’un pas supplémentaire vers plus de professionnalisme dans le surf de haut niveau. Le surf était jusqu’à maintenant l’un des rares sports à ne pas avoir de programme de lutte contre le dopage. Compte-tenu de l’intérêt grandissant du grand public pour le surf, il n’était plus possible de continuer à faire l’autruche…

Il faut dire que la situation devenait ubuesque sur le circuit ASP. On avait beau se répéter comme pour s’en convaincre que les surfeurs n’avaient pas besoin de produits dopants pour assurer sur les vagues, on commençait quand même à se poser sérieusement des questions devant des transformations de morphologie spectaculaires, des retours de blessures fulgurants ou encore des surfeurs quadragénaires ou presque plus toniques que les jeunots…

La disparition tragique d’Andy Irons sous traitement de substitution à la méthadone et positif à la cocaïne (substances que le moindre contrôle anti-dopage aurait détecté et qui auraient entraîné sa suspension) a rendu le laxisme de l’ASP vis-à-vis du dopage intenable.

Pour prouver que les surfeurs pro sont clean et pour faire taire les rumeurs, l’ASP a donc décidé de mettre en place des contrôles systématiques. Mais comment faisait-elle jusqu’à maintenant me demanderez-vous ? Eh bien il n’y avait tout simplement aucun contrôle. Seuls les pays dans lesquels une compétition ASP était organisée avaient un droit de regard sur les conduites dopantes des surfeurs. Les pays organisateurs ont rarement utilisé cette possibilité qu’ils avaient de contrôler les surfeurs.

Seule la France s’est distinguée en réalisant un contrôle inopiné sur l’épreuve WCT qui se déroulait à Hossegor au mois d’Octobre 2004. Deux surfeurs pris au hasard ont été contrôlés positifs. L’un est revenu positif au cannabis, l’autre était bien « chargé ». Ce surfeur brésilien avait été contrôlé positif aux substances suivantes : stéroïdes anabolisants , amphétamines, cannabis et il n’avait écopé que de 12 mois de suspension par l’ASP… Lire le procès-verbal de cette décision disciplinaire du Conseil de prévention et de Lutte contre le Dopage ici : decision316_2005-21_2 .

Ce gros couac n’avait pas suffi à convaincre l’ASP de mettre des contrôles en place et on n’a plus jamais entendu parler depuis d’un contrôle anti-dopage sur une épreuve WCT de l’ASP malgré les demandes insistantes de certains surfeurs comme Joel Parkinson (lire dans les commentaires) ou Jeremy Flores qui avait lancé un pavé dans la mare dans cet article.

Il aura fallu attendre le début de l’année 2011 pour que l’ASP se rapproche de l’Agence Mondiale Anti-Dopage, la WADA (World Anti-Doping Agency) pour connaître la marche à suivre pour mettre en oeuvre des contrôles sur les épreuves du World Tour.

Les procédures exactes ne sont pas encore arrêtées mais il se pourrait que tous les vainqueurs de compétition soient systématiquement contrôlés ainsi que des surfeurs désignés au hasard au classement général. Ces mesures auront un coût : $20,000 de base + $1000 pour chaque kit de contrôle approuvé par la WADA.

Le circuit de surf ISA collabore déjà avec la WADA depuis plusieurs années sur ses World Surfing Games ou les ISA World Juniors avec des tests sur les compétitions ou en dehors. L’ISA communique d’ailleurs dans les médias à chaque fois que les tests reviennent négatifs chez les finalistes d’une compétition.

L’ASP se prépare donc à rejoindre ce cercle vertueux, même si l’on sait par l’expérience des autres sports que ce ne sont pas les contrôles qui suffisent à éradiquer le dopage.

Lire aussi : – la fiche sur le surf et le dopage.
Contrôles anti-dopage négatifs pour les surfeurs Junior.

Source : http://www.surfinglife.com.au/news/asl-news/6186-the-questions-we-face
Pour retrouver les archives des contrôles pratiqués par l’Agence Française de Lutte contre le Dopage : https://www.afld.fr/decisions.php

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4 Commentaires

  1. En 2007 déjà, Joel Parkinson réclamait des contrôles anti-dopage, Andy Irons avouait ne jamais avoir été contrôlé de sa vie tout en signalant que les drogues "récréatives" étaient bien présentes sur le Tour. Brodie Carr indiquait alors qu'il n'y avait aucun problème et qu'il y avait juste un problème de coût pour généraliser les contrôles… A lire dans cet article très instructif :

    PARKINSON ADVOCATES TOUGHER TESTING FOR SURFERS
    Sunday, 28 October 2007

    "One of Australia's top surfers, Joel Parkinson, has backed calls for more rigorous drug testing in his sport.

    Parkinson said if surfing was to be considered in the same league as other big sports, there had to be regular testing.

    "If it's going to get real serious, I think for sure," he told The Sun-Herald. "If the money goes up in the sport – and the prizemoney goes up by $600 next year for each place – then there should be testing."

    The Gold Coast surfer, ranked No.4 in the world, was in Sydney last week with No.3 Taj Burrow and the three-time world champion, Hawaiian Andy Irons, to promote their new surf movie Trilogy.

    While the Association of Surfing Professionals has maintained that the sport adhered to strict World Anti-Doping Agency guidelines, Irons admitted he had never been tested during his professional career.

    Burrow and Parkinson have been tested only once, both in France, where the government pays for tests.

    All three said performance-enhancing drugs such as steroids were not a problem because professionals would be disadvantaged by bulk.

    However, Irons said "recreational" drugs were around on tours because of hard-partying hangers-on. Last June, two brothers from Irons's home island of Kauai were arrested with three kilograms of cocaine at Los Angeles airport as they were about to catch a plane to the islands.

    Michael and Curtis Smith, founders of the Nalu Underground surf magazine, face up to 40 years in prison for conspiracy to distribute the drug, if found guilty.

    Only two surfers have ever tested positive through random drug tests.

    The first was Brazilian surfer Neco Padaratz, who received a six-month ban after returning an abnormal testosterone reading. A second unnamed international surfer was fined and suspended after marijuana was detected in his system.

    ASP chief executive Brodie Carr said the association attempted to enlist the Australian Sports Anti-Doping Agency to carry out drug testing at Victoria's Bells Beach contest this year, but the authority reported it was unable to do so.

    He said no surfing event at the top level had carried out drug tests outside of France.

    "I think it's associated costs that have prevented widespread testing of professional surfers at the elite level," Carr said. "As far as illegal drugs go, surfers are like any other section of the community, but there is no widespread problem in the sport at the top level. But yes, more regular testing would confirm there was no problem. We welcome funds that will help ensure the sport's competitors are not using drugs."

    While testing has been carried out at Surfing Australia events because it is a requirement of federally-funded sports, there is no such requirement for surfers competing on the World Tour or World Qualifying Series."

    Source : http://www.smh.com.au/news/sport/parkinson-advoca

  2. SIZ dit :

    "des surfeurs quadragénaires ou presque plus toniques que les jeunots".

    Sous-entendez vous que Kelly Slater se doperait ?

  3. Je ne sous-entends rien du tout mais comme beaucoup je me pose des questions sur l'allongement de l'espérance de vie au plus haut niveau en surf.

    Certains "vieux" surfeurs ont soudain un regain d'énergie que la seule préparation physique ne semble pas suffire à expliquer.

    La réponse à ces suspicions (infondées ?) est le contrôle anti-dopage. Je ne serais pas surpris qu'une fois qu'ils seront mis en place, on assiste au même phénomène de diminution des performances qu'en natation après l'interdiction des combinaisons.

    Le surf demande du talent, OK. Mais remporter une compétition de surf demande beaucoup d'endurance et un gros effort physique constant sur toutes les séries qui peuvent être facilités par le dopage.

    Quant à Kelly Slater, il risque de terminer sa carrière sans avoir eu à subir un seul contrôle anti-dopage(il faudrait lui poser la question). C'est dommage car c'est peut-être cela qui l'empêchera d'être reconnu par ses pairs comme l'un des plus grands sportifs de tous les temps tous sports confondus. Kelly Slater se dit pourtant fier d'être resté "clean" pendant toute sa carrière : https://blog.surf-prevention.com/2010/12/19/kelly-… . Il est quand même dommage qu'il n'ait jamais profité de son influence pour appeler de ses vœux des contrôles anti-dopage qui auraient crédibilisé encore plus ses performances, si besoin en était.

  4. steph dit :

    Des contrôles anti-dopage sur le tour? Seulement sur le CT ou aussi sur les QS?
    Dans tous les cas, ca pourrait sérieusement chambouler le classement…

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