A bord de Fleur de Passion, le voilier de l’expédition « The Changing Oceans », Ben Halpern dirige une équipe de scientifiques et de plongeurs. Tous sont là pour un même but : évaluer l’état des écosystèmes coralliens en Mer Rouge. Durant une dizaine de jours l’équipe a plongé sans relâche sur des récifs situés entre Hurghada et Hamata, au sud de l’Egypte. Ils ont quantifié l’abondance des poissons et des invertébrés tout en relevant l’état de santé des différents coraux rencontrés. Après l’écosystème rocheux d’Al Hoceima au Maroc, c’est la deuxième mission qu’ils effectuent pour valider leur carte cumulative des impacts humains sur les océans du monde.

Les dégâts humains virent au rouge

En 2002, Ben est au Japon pour un grand colloque sur les récifs coralliens. Depuis l’estrade, ses confrères sonnent l’alarme et affirment qu’il n’y a plus d’écosystèmes coralliens vierges de tout impact humain. C’est le déclic pour Ben et son collègue. Ils vont travailler cinq ans pour établir une carte permettant de pointer du doigt toutes les zones maritimes dégradées par les activités humaines. Avec l’aide d’une trentaine de spécialistes des quatre coins du monde, Ben et son équipe ont rassemblé des données sur tous les types d’écosystèmes et sur près de 17 activités ou pollutions. Parmi elles se trouvent la pêche, le transport maritime, le tourisme, les espèces invasives ou encore les changements climatiques. A partir de calculs, ils ont défini un indice permettant d’évaluer l’impact de ces activités sur les différents océans du monde. En 2008, la carte est publiée dans la revue scientifique « Science ». Un rouge alarmant saigne la majorité des côtes bordant les pays dit développés. D’après leurs prédictions, la Chine et l’Europe du Nord sont les plus mauvais élèves. Bordant les côtes de l’Antarctique, un bleu pâle laisse espérer une zone vierge de tout impact humain.


Des prédictions aux validations

« Cette carte est pour l’instant un modèle, même si elle est proche de la réalité nous devons la valider grâce à des données recueillies sur le terrain » explique Ben. L’équipe se donne une dizaine d’années pour parcourir tous les océans et leurs divers écosystèmes. Palmes aux pieds et calepin en main, les scientifiques récoltent ainsi de précieuses données sous l’eau. En Mer Rouge, elles sont révélatrices. Alors que Ben pensait trouver des récifs vierges de tous dégâts liés à la pêche ou au tourisme, il tombe nez à nez avec des récifs dynamités. Les gros poissons manquent à l’appel et sont sûrement déjà dans l’estomac de gourmands touristes. « C’est impensable, l’Homme laisse sa trace partout » s’affole Ben.

Un outil de sensibilisation dans une optique de protection

Grâce à la carte, Ben et son équipe espèrent sensibiliser les acteurs locaux pour qu’ils mettent en place des moyens de protection. Dans le cas de la Mer Rouge, « beaucoup d’Egyptiens en dépendent, que ce soit par le biais du tourisme ou de la pêche. Si ils continuent à cautionner la dégradation de leur mer nourricière, ils n’auront bientôt plus de poisson et personne ne voudra venir plonger dans des eaux si pauvres » déclare Ben. Selon lui la solution est simple : mettre en place des aires marines protégées. En attendant, la mission Mer Rouge est terminée, Ben rentre aux Etats-Unis pour traiter les données qu’il a récolté. Il reviendra dans quelques mois pour les présenter au futur gouvernement et aux associations de protection de l’environnement.

A propos de l'auteur :

 

Tags: , , , , , ,

 

1 commentaire

  1. compagnon dit :

    peut on cloner Ben?

Laisser un commentaire