Manger. C’est l’une des plus importantes fonctions que l’homme doit satisfaire dans sa vie. Avant de partir, Ewen, Aurélien et Ronan en ont bien conscience. « Nous mangeons tous les jours plus qu’à notre faim. Il nous suffit d’aller échanger de l’argent au supermarché contre de la nourriture. C’est très facile pour nous, mais est-ce qu’on pourrait faire autrement et retrouver un rapport plus proche à la nature en s’approvisionnant nous-mêmes à partir de celle-ci ? » déclare Ronan.

Avant le départ, ils se sont préparés psychologiquement à manquer de nourriture et à changer leurs habitudes alimentaires. « On est pas de grands amateurs de junk food. Avec Ewen, nous aimons cuisiner de bons petits plats. Mais avant de s’isoler, nous avons abandonné les recettes de cuisine. On a plutôt été regardé sur le site www.fishbase.org quels poissons nous étions susceptibles de pêcher et lesquels étaient comestibles. » raconte Aurélien. Ils partent ainsi avec dans leurs bagages deux fusils de chasse sous-marine.

Sur place, les premières pêches les occupent des journées entières. Il leur faut dans un premier temps comprendre le fonctionnement du lagon. « Au départ, on restait juste en face pour une question de sécurité. Mais très vite, on savait où se trouvait chaque rocher, chaque patate de corail, chaque tombant ou chaque passe. » raconte Aurélien. Rapidement, ils comprennent que les gros poissons entrent dans le lagon à marée montante et en sortent à la descendante pour ne pas se laisser prendre au piège. Mais la pêche ne doit pas être une partie d’endurance « en cas de grosse fatigue, on ne s’aventurait jamais trop loin de manière à ne pas utiliser plus de force, d’énergie que ce qu’on ramène au bout de la flèche » explique Ronan.

« Ayant trop faim, nous avons mangé tout ce que nous ramenions sur le feu. Petits, moyens, gros, sombres, colorés, fluos, tout !!!! Finalement, nous ne savions plus lesquels il ne fallait pas manger… » avoue Aurélien. La chance leur a souri, car dans ces zones indopacifiques, la ciguatera sévit. Cette maladie est causée par des toxines thermostables qui ne se détruisent pas lors de la cuisson. Elle peut causer des troubles neurologiques, musculaires et cutanés. Parfois, en cas d’ingestion chronique, cette dernière peut entraîner la mort.

Parfois, la pêche n’était pas fructueuse. Les crabes de terres fournissaient les seules protéines de la journée. « Étant allergique aux crustacés, je jalousais les autres d’être au régime riz-sec » confesse Aurélien. Ils auraient pu se gaver d’œufs mais leurs poules, Clara et Morgane, n’ont jamais pondu « du moins, elles n’ont jamais été à l’aise pour pondre. Il aurait fallu un coq ? Un œuf témoin ? Un peu d’amour ? » ajoute t-il. Il ne leur restait que la possibilité de les manger, mais elles ont fui le jour où la décision a été prise !

Leurs seules valeurs sûres furent le riz et la noix de coco. Avec un peu d’exploration ils ont pu enrichir leur régime alimentaire de mangues et de bananes.

De cette aventure culinaire, ils retiendront une chose « On voulait toujours cuire plein de nourriture afin d’être tranquilles pour la journée. Mais le riz attrape une forte odeur nauséabonde et pourrit très vite. Ce que tu cuis, tu le manges et tout de suite ! C’est compliqué de conserver de la nourriture dans un milieu chaud et humide. Les mouches attaquent vite la viande, c’est difficile d’isoler complètement des provisions… » dévoile Aurélien.


Des Iles Usions: épisode 4 par ronus

Texte : Anne-Kristell Jouan.

Lire aussi : comment prévenir la ciguatera ?

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