De nouvelles données très intéressantes viennent d’être dévoilées par les « Shark Spotters » en Afrique du Sud. Ce programme unique de sécurisation des spots autour de la péninsule du Cap et de False Bay a accumulé des informations précieuses sur la fréquentation des requins dans la zone au cours de ces huit dernières années.

Les observations des Shark Spotters permettent de mieux comprendre le comportement des grands requins blancs et les facteurs qui entraînent leur rapprochement des côtes. A partir des 1 300 requins observés depuis le démarrage du programme en 2004, des statistiques intéressantes commencent à se dégager.

Il y a tout d’abord une saisonnalité très nette dans les observations de requins avec le gros des repérages annuels ayant lieu au printemps et en été, entre septembre et mai. Les mois de juin et juillet sont très nettement les plus calmes avec de rares observations de requins (schéma ci-dessous).

A noter que 73.8% des observations ont eu lieu derrière la zone où cassent les vagues, dans des eaux plus profondes. La zone côtière où opèrent les shark spotters est particulièrement appropriée aux observations grâce aux hauteurs qui surplombent les plages (cf. photo ci-dessus).

Une nouvelle étude menée par l’Université de Cape Town avec les données du « Shark Spotter programme » a étudié l’influence de facteurs environnementaux sur les repérages de grands requins blancs à Muizenberg, St James et Fish Hoek (non loin de là où a eu lieu l’attaque mortelle du bodyboarder David Lilienfeld en avril 2012).

L’étude a montré une relation entre la température de l’eau de mer et le nombre d’observations de requins. Plus l’eau est chaude (quand la température approche ou dépasse 18°C), plus il y a une probabilité élevée de voir des requins près des côtes.

Plus surprenant, la phase lunaire – dont nous avons vu qu’elle n’était pas sans conséquence sur le comportement des êtres vivants – aurait une influence sur le rapprochement des requins. Plus de requins ont été repérés juste avant ou pendant la nouvelle lune (dite « lune noire » ou lune sombre).

Pour expliquer ce phénomène, les chercheurs évoquent une plus grande disponibilité des proies près des côtes quand l’eau se réchauffe ou pendant la nouvelle lune du fait de l’obscurité relative (le mécanisme exact reste à éclaircir).

Les données des Shark Spotters révèlent également une augmentation des observations de requins près des côtes ces 3 dernières années sur les 3 plages étudiées. Cette augmentation pourrait être due soit à plus de requins utilisant ces zones côtières, soit à des requins y passant plus de temps.

La poursuite des observations permettra de confirmer ces tendances. La couverture nuageuse, la direction et la force du vent n’ont pas montré de lien avec la fréquence des observations de requins.

Ces résultats devraient être publiés prochainement dans une revue scientifique reconnue.

Les Shark Spotters précisent bien que même si ces découvertes apportent des informations précieuses pour augmenter la sécurité des usagers des plages, il faut bien garder en tête que ce ne sont que des tendances. Des grands requins blancs ont déjà été observés près de la côte dans tous types de conditions, y compris dans des eaux froides et à la pleine lune !

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1 commentaire

  1. Une nouvelle étude réalisée sur des requins gris de récif à Palau confirme l’influence de la lune sur la présence des requins près des côtes. Ceux-ci ont tendance à plonger plus profondément pendant la pleine lune et à fuir la lumière du milieu de journée:

    We used acoustic telemetry to describe the patterns of vertical movement, site fidelity and residency of grey reef sharks (Carcharhinus amblyrhynchos) on the outer slope of coral reefs in Palau, Micronesia, over a period of two years and nine months. We tagged 39 sharks (mostly adult females) of which 31 were detected regularly throughout the study. Sharks displayed strong inter-annual residency with greater attendance at monitored sites during summer than winter months. More individuals were detected during the day than at night. Mean depths of tagged sharks increased from 35 m in winter to 60 m in spring following an increase in water temperature at 60 m, with maximum mean depths attained when water temperatures at 60 m stabilised around 29°C. Sharks descended to greater depths and used a wider range of depths around the time of the full moon. There were also crepuscular cycles in mean depth, with sharks moving into shallower waters at dawn and dusk each day. We suggest that daily, lunar and seasonal cycles in vertical movement and residency are strategies for optimising both energetic budgets and foraging behaviour. Cyclical patterns of movement in response to environmental variables might affect the susceptibility of reef sharks to fishing, a consideration that should be taken into account in the implementation of conservation strategies.

    http://www.plosone.org/article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pone.0060331

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