Suite aux inquiétudes suscitées par la dégradation des spots de surf d’Anglet, leur désensablement et la pétition contre la vente du sable, la municipalité d’Anglet a souhaité apporter des réponses concrètes aux interrogations, à préciser son action dans la lutte contre l’érosion et à confirmer son engagement dans la préservation du littoral angloy et la qualité de ses plages. Voici les grandes lignes du plan d’action de la ville d’Anglet qui fait suite à une réunion en présence de SOS Littoral Angloy et de Surfrider Foundation:

Agir contre l’érosion : l’action de la municipalité

Moins de sable sur nos plages:
L’érosion du littoral est visible. Sa manifestation la plus évidente c’est moins de sable sur les plages d’Anglet. Le courant induit par la houle engendre un transport des sables de la côte vers le large. Les tempêtes hivernales entraînent leurs dépôts à l’embouchure de l’Adour. Alors que le niveau de la plage sous marine baisse, le niveau du haut de plage s’élève. Parallèlement, la proportion de madrague sur la plage augmente. En effet ce sable grossier est moins soumis au transport des courants que le sable fin. Sa structure entraine une pente plus importante de la plage ; conséquence : l’accentuation du shore break, dangereux pour les baigneurs, et diminution de la qualité des vagues pour les surfeurs. La diminution des clapages côtiers puis leur arrêt brutal en 2004 ont eu pour conséquence directe l’abaissement global des fonds avec une perte de sable de l’ordre de 300.000 m³ par an.

La reprise des clapages côtiers en 2010:
L’arrêt des clapages côtiers sur Anglet en 2004 a été incontestablement une grave erreur dont l’impact se fait encore ressentir aujourd’hui. Les petits fonds des plages d’Anglet ont subi une phase d’érosion très marquée. En 2010, le dernier rapport du laboratoire d’ingénierie hydraulique SOGREAH réalisé pour le compte du CASAGEC indique que, sur le littoral sud d’Anglet, le stock sédimentaire n’a jamais été aussi faible depuis trente ans, avec en corollaire un risque de dégradation répétée des épis en enrochement.

Dès son arrivée en 2008, la nouvelle Municipalité étudie les conditions de la reprise du clapage. En 2010, toutes les interrogations environnementales sur l’impact du clapage sont levées, le rechargement en sable des plages angloyes par voie marine peut enfin reprendre. Depuis 2010 deux fois par an sont organisées des campagnes de dragage du chenal d’accès au port de Bayonne, pour maintenir ses profondeurs, au Printemps et à l’Automne. Cet entretien de l’embouchure et de la fosse de garde est destiné à protéger le chenal d’accès pour les navires. Une partie du sable dragué dans l’embouchure est ensuite « clapé »c’est‐à‐dire réinjecté sur les plages d’Anglet, si les conditions de houle le permettent. C’est la CCI Bayonne Pays basque, concessionnaire du port sur délégation du Conseil régional, qui réalise depuis janvier 2009, sous sa maîtrise d’ouvrage, les dragages de l’Adour et de son embouchure pour permettre l’exploitation du port de Bayonne.

Premiers bilans:
Des prélèvements qualitatifs accompagnent les campagnes de clapage. Afin de garantir un sable de qualité pour les plages angloyes, les caractéristiques bactériologiques et la présence de micropolluants font l’objet d’une attention toute particulière. Des prélèvements et analyses sont effectués systématiquement sur les sables contenus dans le puits de la drague, à l’embouchure et sur les plages afin d’assurer un suivi de la qualité dans le temps et éviter tous risques de pollutions liées aux sédiments. Toutes les mesures sanitaires et physicochimiques confirment la bonne qualité des sables dragués puis clapés depuis 2010.

Depuis 2010, l’efficacité du clapage augmente. Depuis la reprise du clapage, ce sont 362.781 m³ de sédiments qui ont été remis en circulation dans le système sédimentaire de la zone côtière d’Anglet. En 2012, 60% des volumes dragués ont pu être clapés devant les plages.

Les autres mesures:
Moins de sable sur nos plages, ouvrages de protection menacés, falaises fragilisées, face aux diverses manifestations de l’érosion, des mesures complémentaires au clapage côtier sont mobilisées. A partir de 1974, les services maritimes ont pris des mesures pour limiter l’érosion : le clapage mais aussi l’arrêt de l’exploitation minière des sables de l’Adour et l’édification de six épis en enrochement.
Les épis subissent l’abaissement des fonds. Suite à l’arrêt du clapage côtier en 2004 et aux fortes tempêtes, l’extrémité maritime de ces ouvrages s’affaisse, menaçant leur stabilité et leur efficacité pour retenir le sable lors des tempêtes. Des travaux ont du être réalisés en 2008 et 2011 sur les épis des plages de Marinella et des Sables d’or particulièrement dégradés. Coût des travaux : 1.050.000 euros, cofinancés pour moitié par la Ville d’Anglet et pour moitié par l’Agglomération.
Les roches friables des falaises d’Anglet subissent elles des glissements et des chutes de pierres causés par l’infiltration des eaux de ruissellement, la fragilisation des murs maçonnés par les végétaux et l’accès piétonnier ou des voitures sur certaines zones fragiles et non adaptées.
En 2011, les falaises sont sécurisées : purge des éléments instables, reprofilage de certains talus, amélioration du drainage des eaux, emmaillotage de roches et renforcement des murs maçonnés. L’aménagement paysager des falaises d’Anglet engagé dans le cadre du projet en cours « littoral sud » permettra leur confortement à long terme par la maîtrise des eaux de ruissellement et la réorganisation des circulations sur la zone. Un coût de près de 520.000 € au total, financés par la Ville, l’Europe, l’Etat et la Région Aquitaine.

Des méthodes de gestion durable des plages : si la majeure partie du sable des plages est emportée par les mouvements marins, une partie est aussi emportée par le vent. Afin de limiter le phénomène, les pratiques et les infrastructures ont évoluées au fil du temps. Ainsi, les haies et le double‐rideaux de brande de la promenade Victor Mendiboure retiennent le sable emporté par les vents d’ouest, qui peut ainsi être récupéré et remis sur les plages. Des ganivelles sont aussi installées sur les plages durant la période hivernale et limitent les phénomènes érosifs. Les agents municipaux ont réussi à recréer des espaces naturels sauvages le long de la promenade, la nature reprend sa place (oyats) et contribue alors à la stabilisation du cordon dunaire. Enfin, les agents sont particulièrement vigilants sur les pratiques et veillent à limiter l’enlèvement de sable en même temps que les déchets lors du nettoyage manuel des plages ; les nouvelles cribleuses utilisées limitent aussi les risques.

Toutes ces mesures étaient indispensables pour limiter le phénomène d’érosion accéléré depuis l’arrêt du clapage côtier en 2004. Il s’agit maintenant d’envisager une stratégie de gestion durable permettant d’optimiser la lutte contre l’érosion du littoral.

Vers une stratégie de gestion durable de l’érosion:

La nécessité d’une drague à demeure:
Peut‐on améliorer l’efficacité du clapage côtier actuel ? C’est bien là le premier aspect de la problématique du rechargement en sable des plages angloyes. Le clapage côtier par voie marine, au plus près des plages, du sable dragué à l’embouchure est indispensable et participe d’une logique de gestion globale : le sable dragué provient, en grande partie des plages d’Anglet et doit donc prioritairement y être ramené.

Pour autant « même si les campagnes de clapage sont de plus en plus efficaces, comparativement aux volumes clapés entre 1979 et 1989, qui pouvaient atteindre jusqu’à 520 000 m³ / an et un bilan hydro‐sédimentaire stable, les volumes actuellement clapés sont insuffisants pour rétablir un stock sédimentaire correct » regrette Jean‐Pierre Voisin, adjoint à l’urbanisme de la Ville d’Anglet.

En 2012, si 60% du sable dragué a été rechargé sur les plages … 40% a été clapé au large. Pour claper mieux, Jean‐Pierre Voisin milite pour une drague à demeure au port de Bayonne. En effet, le clapage est mené chaque année depuis 2010 sur deux périodes de 3 semaines, en fonction des conditions de houle. « Une drague à demeure permettrait de s’affranchir des conditions de météo en clapant beaucoup plus souvent et par conséquent d’augmenter les volumes de sable remis sur nos plages ».

Moins soumis aux aléas de la houle et des conditions météorologiques, le clapage au large serait limité au profit du clapage côtier au plus près des plages. « Avec une drague à demeure, on peut espérer approcher les 100% de sable dragué ramené sur les plages angloyes ». Le surcoût du clapage près des plages par rapport à un rejet au large au large est de 10 centimes d’euros HT par m3. « C’est un coût assez faible compte tenu de l’enjeu pour la Ville de préserver la qualité de ses plages » souligne Jean‐Pierre Voisin, « c’est aussi la méthode actuellement la plus efficace et la plus écologique ». Le coût est partagé entre l’Agglomération Côte Basque Adour, la Ville d’Anglet et la Région Aquitaine.

Pas de commercialisation du sable angloy:
Que faire du sable dragué qui ne peut pas être clapé devant les plages ? C’est l’autre aspect de la problématique : vaut‐il mieux rejeter au large le sable qui ne peut être clapé lors des sorties de la drague ou le décharger à terre ? En juin 2012, une modification de l’arrêté préfectoral du 24 mai 2004 prévoit en effet que le sable pourrait être déchargé à terre et stocké. « Pour autant, il n’y a aucun projet de commercialisation du sable qui, n’ayant pu être clapé, serait déchargé à terre » assure Mathieu Bergé Conseiller Régional, en charge des dossiers Infrastructures, transports et intermodalité.

« Les élus angloys sont fermement opposés à toute commercialisation du sable angloy » renchérit Jean‐Pierre Voisin, « il n’y a, à ce jour, aucun projet et nous nous opposerions à tout projet qui irait dans ce sens ». Ainsi les élus angloys seront‐ils particulièrement vigilants aux conditions de renouvellement de l’arrêté préfectoral actuel qui prendra fin le 24 mai 2014.

La Région Aquitaine comme les élus de la Ville d’Anglet sont donc solidairement opposés à la commercialisation des sables d’Anglet. Selon Mathieu Bergé « cette idée de commercialisation est d’autant moins judicieuse que le modèle économique le plus favorable est le clapage au plus près des plages. »

Des méthodes complémentaires à l’étude pour une gestion durable de l’érosion du littoral angloy:
La Ville d’Anglet prépare un dossier et s’apprête à saisir l’Observatoire de l’Estuaire de l’Adour afin de lancer une étude comparative des conditions techniques et financières de mise en oeuvre de solutions complémentaires à l’horizon 2014 (Printemps).

L’étude porterait sur deux axes :
‐ le rechargement sur les plages angloyes par voie de terre du sable déchargé à terre après dragage dans l’embouchure ;
‐ le dragage au large (extraction « minière ») avec une drague à demeure spécialement équipée pour draguer à des profondeurs de plus de 30 mètres qui permettrait ensuite le clapage près des plages. D’importantes réserves de sable ont en effet été détectées au large.

En perspective, une stratégie locale:
C’est donc dans un cadre global qu’Anglet inscrit sa réflexion sur l’avenir de son littoral qui est un enjeu majeur. Le renforcement de la lutte active contre l’érosion, par les clapages côtiers et l’entretien des épis, sera poursuivi. Ces techniques ont en effet déjà fait leur preuve sur le mouvement d’érosion de 1974 à 2004 et leur abandon en 2004 a malheureusement conduit à l’accélération de cette érosion.
La stratégie de la Ville inclut aussi plus largement une stricte limitation de la constructibilité de la bande littorale, que confirme le Plan Local d’Urbanisme révisé et bientôt arrêté. La réflexion de long terme sera poursuivie, dans le cadre d’une stratégie d’agglomération dont l’étude est engagée.

A propos de l'auteur :

Surf Prevention est le site sur le Surf, la Sécurité, la Santé et l'Environnement.

 

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5 Commentaires

  1. Boris de Biarritz dit :

    Nous verrons lors du « CLAP » de fin…. si les vagues seront toujours là….

  2. Steph dit :

    Je demande leur avis aux mecs des Landes (et aux autres, d’ailleurs!), particulièrement nord, à propos du nettoyage systématique et quotidien des plages avec tracteur et tamis…Pensez-vous que ca pourrait fragiliser la cote? Du genre, sable plus fin et qui « tient moins bien » où autre?

  3. incognito dit :

    On sait très bien que le bois, il faudrait le laisser car il aide a fixer le sable.Personne ne le fait…
    On devrait arrêter la ronde des sables a Hossegor, il defonce la plage a chaque fois.
    On devrait arrêter de defoncer la dune pour installer le quickpro…

    etcetc…

  4. reponse a incognito dit :

    on devrait arreter de vivre aussi ..

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