Handi Surf: quand le handicap se dissout dans l’eau
Les samedis après-midis, à la piscine Lauga de Bayonne, l’Association Chrysalide, en collaboration l’Association Nationale Handi-Surf, organise des séances aqua-ludiques pour les enfants en situation de handicap. L’ambiance est incontestablement joyeuse et, en y regardant de plus près, on s’aperçoit vite que le plaisir de l’eau est franchement contagieux… et bénéfique pour tous.
Miser sur le plaisir pour progresser
Comme me l’expliquent Marie Lagache, bénévole de l’Association Chrysalide, et Jean-Marc Saint-Geours, président de l’Association Nationale Handi-Surf, le but de ces séances est de ne pas fixer d’autres objectifs que le plaisir et la détente. Les enfants en situation de handicap, tout comme leurs parents, ont des emplois du temps chargés. Les parcours d’accompagnement et de rééducation sont parfois aussi contraignants que les programmes d’entraînement des sportifs de haut niveau. Alors, le samedi, parents et enfants se détendent librement, avec l’aide de l’eau. Des surfeurs viennent bénévolement transmettre leur savoir aquatique à travers le jeu, et y véhiculent sans le dire leurs valeurs de partage, de respect et de convivialité.
Canaliser l’énergie
Les enfants qui présentent des troubles du développement (par exemple, l’autisme) sont souvent hyperactifs et gèrent leurs émotions différemment de ce que nous avons l’habitude d’observer au quotidien. Pour certains d’entre eux, l’eau est une occasion de se défouler librement, de sauter dans le bassin, de crier, de s’éclabousser… comme le font d’ailleurs tous les enfants à qui on ouvre un espace aquatique. Pour d’autres, les séances en piscine sont plutôt un moment d’apaisement dans lequel ils se focalisent sur l’expérimentation de l’eau : effleurer sa surface, la faire couler entre ses doigts, y plonger la tête, etc. On peut lire sur leurs visages de l’émerveillement et une expression de bien-être indéniable.
L’eau, facilitatrice de motricité
Au fil des séances, les parents constatent d’importants progrès chez leurs enfants. Une plus grande aisance dans l’eau, mais également une meilleure coordination des mouvements acquise par la manipulation des accessoires qui peuplent le bassin. En piscine, se hisser sur un tapis, passer en dessous, ou attraper une planche est facilité par la flottaison tout en nécessitant un effort constant pour rester à la surface. En tenant un objet dans les mains, il faut bouger les jambes, gérer les oscillations du corps et bloquer la respiration dès que la tête s’enfonce. La complexité de l’exercice est occultée par le plaisir de l’immersion. Les jeux avec les planches de surf en mousse sont particulièrement plébiscités, et les petits surfeurs d’eau douce réalisent des prouesses d’équilibre pour reproduire les gestes de rame et de glisse.
Un lieu de socialisation
Les séances ont été conçues pour être un lieu de rencontre où les parents peuvent partager leurs expériences, où les enfants s’habituent à être en contact avec de nouvelles personnes. Les maîtres nageurs présents sont à l’écoute de leurs difficultés et conçoivent avec eux des jeux et exercices adaptés. Les surfeurs bénévoles, qui pour la plupart n’ont pas de connaissances particulières sur le handicap, sont des interlocuteurs d’un genre tout à fait nouveau ; il en ressort des rencontres très spontanées, où enfants comme adultes se montrent bienveillants et patients. Dans l’eau, les enfants deviennent les guides et les grands se laissent mener vers une plus grande spontanéité, utilisant le langage non-verbal bien plus que d’habitude. Quand un nouveau bénévole entre dans le bassin, il lui suffit d’attendre quelques instants pour être « choisi » par un ou plusieurs enfants et que, petit à petit, la complicité s’installe.
L’appel des vagues
Donc, le samedi après-midi à la piscine municipale, j’ai observé des parents qui discutent gaiement, des enfants qui crient, rient et font des « splashs » dans tous les sens, et des adultes qui se laissent entraîner dans des jeux joyeux. Offrir aux enfants en situation de handicap un moment de plaisir tout à fait « normal » était un challenge ambitieux, et sa concrétisation est une belle réussite. Toutefois, dans les paroles de ces petits nageurs, on retrouve des mots qui résonnent comme un rêve collectif : aller dans la mer, dans les grosses vagues, et faire du surf ! Ils savent que des sessions handi-surf sont régulièrement organisées. Pour certains d’entre eux, la piscine du samedi est un peu plus qu’un moment ludique ; c’est aussi la préparation pour un projet plus grand, une projection vers un avenir qui les fait rêver.
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L’Association Nationale Handi Surf est agréée par la Fédération Française de Surf et par l’ensemble de ses clubs. Jean-Marc Saint-Geours, président de l’association, est titulaire à la fois d’un BPJEPS activités nautiques, mention surf, et des trois niveaux de certification dédiés à l’intégration de personnes en situation de handicap ; ces titres lui permettent d’être tuteur de futurs moniteurs certifiés, la formation étant un axe de développement majeur pour le handi-surf. La prochaine étape de l’aventure sera un pas important pour réaliser les rêves de glisse des enfants de toute la France, car elle s’intitule « tournée des plages, formation et développement du matériel adapté ».
Liens :
Association Nationale Handi Surf : www.handi-surf.org
Association Chrysalide : www.association-chrysalide.org
Lire aussi:
– Faire surfer un enfant autiste.
– Des Vagues et des Enfants.
1 commentaire
Un grand bravo à ces associations. Par expérience avec ma fille, une jeune ado trisomique 21, la mer est un des milieux qu’elle prefere et les vagues ne lui font pas peur au contraire. Elle adore faire de la biscotte et pour elle c’est un réel bonheur, c’est plus facile que de se déplacer sur la « terre ferme ». Le surf est trop difficile (pas d’équilibre possible debout), mais la biscotte est un de ses sports favoris depuis toute petite.