Le surf et la vidéo sont aujourd’hui intimement liés, pour la progression, la communication, et le plaisir. Y a-t-il encore des évolutions à attendre ? La comparaison avec d’autres sports, et l’arrivée de technologies de cadrage automatique, permettent d’esquisser quelques réponses.

Depuis l’arrivée des caméras numériques dans les années 90, puis la baisse des prix des caméras dans les années 2000, tous les sports se sont mis à la vidéo comme outil de progression. En surf cela reste réservé à une élite car le tournage est parfois long, pénible, et/ou coûteux. Dans d’autres sports comme le parachutisme, même les tout débutants sont filmés et progressent ainsi 5 fois plus vite. Le prix payé pour le cadreur est jugé amorti par la très nette diminution du nombre de sauts nécessaires pour atteindre un niveau donné.

Avec l’arrivée de Vimeo en 2004, Youtube et Dailymotion en 2005, la vidéo est devenue également un moyen de communication incontournable pour les sportifs et les marques de surf. Facebook a ensuite amplifié ce phénomène, et plus récemment encore les caméras embarquées.
Et puis la vidéo de surf est aussi pour certains un métier, un loisir, ou une passion qui se suffit à elle-même.
Cela semble banal aujourd’hui de dire tout cela. Il y a seulement 10 ans, pourtant, on était loin d’imaginer où on en serait aujourd’hui : une caméra numérique coûtait encore 2000 euros, et Internet ne diffusait quasiment pas de vidéo.
Alors dans 10 ans, où en sera-t-on ? Une chose est sûre, l’innovation continue… et le tournage automatique, sans caméraman, depuis la plage, en est un exemple. Mais pourquoi filmer du surf sans caméraman ? Comment ? Pour quels résultats ?

Pourquoi ?

Dans un but de progression
Quand on se voit à l’image, on perçoit beaucoup mieux ses axes de progression. On comprend beaucoup mieux les remarques d’un coach. Et cela fait progresser aussi notre proprioception, cette capacité à savoir quelle est notre posture, quels sont nos gestes, par le ressenti. Mais c’est difficile de filmer du surf pendant des heures tous les jours, sans perdre de vue le sujet, pour des surfeurs qui n’ont pas toujours pu intégrer ce coût dans leur démarche de progression.
Les coachs filment souvent eux-mêmes leurs élèves et rencontrent tous les mêmes limites: impossible d’être à l’eau avec eux quand on filme ; difficile de bien observer en même temps qu’on filme ; perte de certaines informations qu’on ne retrouve pas ou peu dans les images tournées (ex. choix de vague).

Le cadrage automatique apporte une solution :
– Le coût d’un équipement n’est plus un coût récurrent. Pour le prix de quelques journées de cadrage, on s’équipe pour plusieurs années.
– Le coach peut observer depuis la plage ou être à l’eau sans se soucier de cadrage.
– Le sportif peut se filmer seul et se débriefer. Tristan GUILBAUD, surfeur pro, vise par exemple ce type d’utilisation.

Un montage avec les images de Tristan GUILBAUD:

– Le surfer peut se filmer seul et envoyer les images à son coach. Celui-ci peut débriefer à distance. Didier PITER propose par exemple un service de ce type très organisé, par internet (www.didierpiter.com).

Certains pédagogues du surf préparent et testent aussi de nouvelles méthodes d’enseignement grâce à la vidéo automatique. Stéphane BECRET (www.naturalsurflodge.com) est de ceux-là. Il pense pouvoir booster la progression des débutants en utilisant astucieusement la vidéo automatique.

Des coachs comme Didier PITER filment automatiquement un élève autonome pour pouvoir s’occuper en même temps de quelques autres moins avancés dans leur progression. Il est aussi intéressant d’être à l’eau avec ses élèves, et d’avoir des vidéos grâce à une caméra automatique restée sur la plage. Didier PITER ou encore Nicolas FERNANDEZ ont commencé à utiliser de telles méthodes de coaching.

Dans un but de communication
Comparé à il y a 10 ans, la compétition n’est plus seulement sur les vagues. Le web a ouvert un espace de communication pour les surfeurs et coachs moins médiatisés que les stars. Ils doivent produire leur contenu seuls. Les amis et les vidéastes les aident, mais ces occasions sont comptées. Se filmer seul devient un élément supplémentaire pour avoir encore plus d’images, avec un investissement durable plutôt qu’un coût récurrent à chaque nouvelle vidéo. Ces vidéos d’athlètes « débrouillards » sont diffusées en général à quelques milliers de personnes, à comparer aux stars d’il y a 10 ou 20 ans qui faisaient une télé pour des millions de personnes. Mille fois moins de public, mais mille fois plus d’athlètes ! On est donc bien dans un processus de démocratisation de la communication vidéo. Et cela vient juste de débuter : moins de 8 ans depuis la naissance du premier site de partage vidéo. L’usage d’outils de cadrage automatique accompagne ce mouvement.

Dans un but de loisir ou professionnel
La vidéo de surf est aussi un loisir et un métier. Les outils de cadrage automatique pour filmer du surf offrent un nouvel outil. Quelques rares personnes ont pu craindre que le cadrage automatique ne prive les cadreurs « humains » de leur rôle. On ne peut pas totalement exclure que cela arrive sur certains exemples, mais face à l’énorme multiplication de l’usage de vidéo, la plupart estiment avoir de nouvelles possibilités plutôt qu’un risque d’avoir moins de tournages à réaliser. Parmi ces passionnés citons Nautimages, l’association de Martin Fichez, avec la session de bodyboard filmée avec 4 outils vidéos différents.

Comment et pour quels résultats ?

Quelques conditions sont nécessaires pour filmer du surf automatiquement depuis la plage d’une façon utile. Il faut bien regarder ce qu’on achète, et comparer les fabricants.
– La rotule motorisée qui supporte la caméra doit au minimum avoir des mouvements gauche-droite. Elle doit suivre le surfeur même s’il n’est pas reconnaissable et s’il croise d’autres surfeurs qui lui ressemblent. Un brassard GPS qui transmet sa position par lien radio à la caméra est la solution la plus robuste.
– En surf, on passe la plupart du temps à ramer et attendre la vague. Il est indispensable de pouvoir stopper le tournage dans ces temps morts. Ainsi on ne perd pas de temps au débriefing puisqu’on ne visionne que les vagues prises. On ne sature pas sa carte SD, ni son disque dur après chaque session. Sans cette fonction « télécommande REC », on filme une fois et on ne recommence plus.
– Un zoom qui s’adapte tout seul à la distance. En effet, dans beaucoup de régions et en particulier en France, la marée nous éloigne ou nous rapproche de la caméra. Le surfeur peut aussi changer de pic. Enfin, sur une vague longue, le surfeur se rapproche de la plage. Si le zoom ne s’adapte pas, le surfeur peut devenir trop petit à l’image et ne plus bien voir ses gestes ; ou devenir trop grand et sortir du cadre trop souvent. Un cadrage d’environ 10 à 15m de côté est un bon compromis.
– Aujourd’hui les principaux reflex du marché n’ont pas de télécommande de zoom. Il faut donc opter pour des modèles vraiment « caméra » pour avoir les fonctions de télécommande REC sur le brassard, et un zoom qui puisse être commandé automatiquement par le support de la caméra.
– Dans les grosses conditions, il peut être nécessaire de filmer depuis 6 ou 8 mètres de hauteur au moins pour ne pas être gêné visuellement par les déferlantes. Il faut alors un mouvement « haut-bas » pour que la caméra baisse sa ligne de visée pendant que le surfeur évolue sur la vague qui se rapproche de la caméra.
– Quelques précautions antivol : selon le lieux et l’endroit, l’équipement demande parfois surveillance. Si un coach ne reste pas à proximité, on peut fixer l’équipement par un antivol de vélo à une structure fixe ; il existe des câbles antivol de 5m de long. Une alarme sonore peut aussi limiter les risques.

Filmer du surf depuis un point haut demande des mouvements « haut-bas » de la rotule motorisée. Cela permet par exemple de ne pas être gêné par les déferlantes pour voir le surfeur dans les grosses conditions.

Conclusion

Les relations entre la vidéo et le surf ont évolué rapidement ces dernières années, et vont probablement continuer à évoluer. L’arrivée des caméras numériques, puis des sites internet de partage, a entamé le mouvement depuis 2005. Les caméras embarquées, et maintenant les outils de cadrage automatique, l’accompagnent aujourd’hui. Les athlètes et coachs utilisent la vidéo de façon de plus en plus autonome, et communiquent par eux-mêmes, ce qui n’était pas le cas il y a 10 ans. Pourtant énormément de surfeurs n’ont pas assez (ou pas du tout) d’images d’eux, ni pour progresser plus vite, ni pour communiquer, ni pour se faire plaisir. D’autres sports comme le parachutisme ont terminé cette révolution vidéo depuis plus de 10 ans. Le surf est peut-être sur la même voie. Si c’est le cas, nous verrons de plus en plus de pratiquants utiliser la vidéo, jusqu’à ce qu’il soit impensable d’apprendre et de progresser dans ce sport sans être filmé… car une fois qu’on y a goûté on ne revient pas en arrière !

A propos de l’auteur de l’article: Eric Willemenot, Président de MOVE ‘N SEE

Créée en 2011 près de Brest, MOVE ‘N SEE développe, fabrique et vend des équipements de cadrage automatique pour le sport, conçus dès le début avec l’avis de sportifs et en particulier de surfeurs patentés. Premiers produits brevetés pour ce type d’usage, ils permettent de filmer sans caméraman dans un rayon de 4 à 500m autour du trépied un sportif qui porte un brassard GPS. www.movensee.com; eric@movensee.com;

A propos de l'auteur :

Surf Prevention est le site sur le Surf, la Sécurité, la Santé et l'Environnement.

 

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2 Commentaires

  1. boris de biarritz dit :

    Il faut vraiment être certain de son coup à propos du vol de l’équipement…. Le temps de sortir de l’eau et de courir après, le voleur est loin.

  2. Igor d'hossegor dit :

    Autrement ya aussi Soloshot, qui est moins cher

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