La communauté du surf est en émoi suite à la disparition en mer de Pierre Agnès ce mardi 30 Janvier 2018 au matin.

Connu comme le PDG de Boardriders Inc., qui englobe plusieurs marques dont la plus connue est Quiksilver, Pierre Agnès âgé de 54 ans est aussi un surfeur et un homme de la mer aguerri. Qu’a-t-il bien pu lui arriver pour qu’il disparaisse ainsi ?

On sait seulement qu’il serait parti – a priori seul – en mer ce matin vers 7 h 15 depuis le port de Capbreton à bord de son bateau à moteur de 11 mètres baptisé Mascaret III (modèle Sessa Marine Key Largo) dans l’intention de pêcher le chipiron.

Il aurait passé un appel à un ami pour dire que son retour serait retardé à cause d’un épais brouillard. Silence radio depuis. Pierre Agnès n’a plus donné signe de vie depuis ce moment.

Son bateau par contre a été retrouvé échoué sur une plage d’Hossegor au nord de la Gravière, sur la plage dite du boîteux. C’est cela qui a déclenché l’alerte à 9h17 ce matin via le CROSS ETEL qui coordonne cette opération pour « suspicion d’homme à la mer suite à la découverte à la côte d’une embarcation vide retournée. »

Depuis l’alerte, des moyens très importants* ont été déclenchés pour tenter de retrouver Pierre Agnès mais à mesure que les heures passent, l’inquiétude grandit.

Qu’a-t-il pu lui arriver ? Tous les scénarios restent envisageables pour l’heure : Avarie ? Malaise ? Vague scélérate ? La houle était bien formée ce jour dans les Landes mais tournait autour des 1,50 m – 2 mètres voire 2m50 avec un vent plutôt faible de nord-est.

Les gendarmes ont commencé leur enquête et réalisé des prélèvements sur le bateau pour tenter de relever des indices du déroulement des faits.

Les recherches se poursuivent cette nuit et nous mettrons à jour l’article avec leurs dernières évolutions.

Mise à jour : à 21H22 ce mardi, après concertation avec le directeur du CROSS d’Etel, le préfet maritime de l’Atlantique décide de suspendre les recherches par moyens dirigés. Les recherches en mer reprendront tôt demain mercredi matin.

Mise à jour du mercredi 31 janvier 2018 : les recherches ont repris à 07h45 avec deux vedettes et un jet-ski de la SNSM et la vedette côtière de la Gendarmerie maritime P603 « Adour ».

A 14H35, après concertation avec le directeur du CROSS d’Etel, le préfet maritime de l’Atlantique décide de suspendre les recherches en mer par moyens dirigés.

Mise à jour du samedi 3/2/2018 : hier vendredi après-midi, les enquêteurs de la gendarmerie maritime de Brest, spécialisés dans les disparitions en mer, ont fait un premier point sur leurs investigations avec le procureur de Dax. Selon les faits relatés par France Bleu, il est de plus en plus vraisemblable que le bateau de Pierre Agnès a pris une vague de côté qui l’aurait fait chavirer. C’est l’hypothèse principale retenue par les enquêteurs pour l’instant après avoir écarté les autres : les indices sur la coque montrent qu’il n’a pas été heurté par un objet flottant ou un autre bateau. Les moteurs n’ont pas encore été examinés mais ils fonctionnaient bien à la sortie du port de Capbreton selon les images de vidéosurveillance. Pierre Agnès semblait être en parfaite santé, ce qui rend l’hypothèse d’un malaise moins probable. Le brouillard épais pourrait être en cause, en l’empêchant de bien voir les vagues arriver et en poussant le patron de Quiksilver à avancer lentement avec son hors-bord sans quille (moins stable dans les vagues). D’après Sud-ouest,  le dernier appel de Pierre Agnès aurait été passé à son ami Franck Pierre Zancanaro vers 7 h 30 où il lui disait qu’il était pris dans un brouillard important. Il aurait alors pu dériver dangereusement dans la zone d’impact et surpris par une série de vagues qui aurait fait chavirer le navire et l’aurait projeté dans l’eau. Pour confirmer cette piste, les spécialistes de la gendarmerie maritime de Brest vont recouper les critères météo de ce mardi matin : longueur et hauteur de la houle ; force et direction du courant. Ils vont aussi relever point par point les positions GPS de Pierre Agnès et feront ensuite une simulation avec un logiciel spécial.

*Parmi les moyens de sauvetage engagés dans la phase de recherche en mer, on notera :

moyens aériens : l’hélicoptère de la Sécurité Civile Dragon 33 basé à Bordeaux-Mérignac, l’hélicoptère Caracal de l’Armée de l’air basé à Cazaux, l’hélicoptère Ecu 64 de la Gendarmerie nationale de Bayonne basé à Biarritz, un hélicoptère espagnol de sauvetage maritime HELIMER ;

moyens nautiques : deux vedettes de la SNSM (SNS 208 « Saint Nicolas II » et SNS 079 « Capitaine Martin Jorlis »), la vedette de la Gendarmerie maritime P603 « Adour », le navire « Eole » des Affaires maritimes ;

moyens terrestres : des patrouilles de pompiers.

Plus d’infos : https://www.premar-atlantique.gouv.fr/communiques-presse/operation-recherches-homme-mer-plage-boiteux-hossegor-landes.html

Photo Christophe Caroff (employé municipal à la Mairie d’Hossegor)

PHOTO Xavier GÈS / Sud-Ouest

A propos de l'auteur :

Surf Prevention est le site sur le Surf, la Sécurité, la Santé et l'Environnement.

 

Tags: , , , , ,

 

1 commentaire

  1. Sud-Ouest révèle les conclusions finales de l’enquête sur la disparition de Pierre Agnès : https://www.sudouest.fr/2018/06/07/disparition-de-pierre-agnes-dans-les-landes-l-enquete-est-terminee-5125317-3350.php

    Le possible scénario

    Un travail minutieux des enquêteurs a été réalisé grâce à un simulateur, dans lequel ils ont entré des centaines de données : météorologiques, liées à la spécificité des fonds marins de la zone, des données techniques du bateau… Un travail qui permet de reconstituer une hypothèse du déroulement des événements du 30 janvier.

    Ce jour-là, Pierre Agnes a appareillé seul, à 7 h 17 d’après les images de la capitainerie, soit une heure trente avant le lever du soleil, avec une lune couchée et de nombreux bancs de brume. Il veut se rendre sur un lieu de pêche au large d’Hossegor, et, pour cela, il va parcourir une vingtaine de milles en tout. « Il sort du port à vitesse réduite, les deux moteurs de 350 chevaux chacun sont restés à 800 tours/minutes pendant trois minutes, avec un cap plein ouest, pour sortir de la passe. À hauteur du gouf, il réduit sa vitesse à trois nœuds, puis il remet les gaz et part plein nord, maintenant pendant trois minutes une vitesse de dix nœuds. À cet endroit, au-dessus des profondeurs, l’océan est plus calme. Puis, pendant les dix minutes suivantes, il va quitter cette zone et conserver une vitesse entre 6 et 10 nœuds, avec une navigation rendue compliquée par le manque de visibilité et par la houle, qui tape ouest, nord-ouest, et fait gîter le bateau en tapant à bâbord. »

    Les enquêteurs précisent dans leur rapport qu’au regard des éléments, Pierre Agnes a réduit sa vitesse, car la visibilité est très mauvaise, et la mer désormais « formée ». À 7 h 33, le patron de Quiksilver réduit sa vitesse à 3 nœuds, pour répondre à un appel téléphonique. « Il explique à un proche que la mer est agitée, et qu’il va essayer de rentrer, mais quand la visibilité sera un peu meilleure. » Puis, une fois qu’il a raccroché, il remet les gaz, à 7 h 35, et continue vers le nord à une vitesse de 7 nœuds à l’heure. « Il y a, ce matin-là, une longue houle, avec une période de 13 à 14 secondes, et des vagues annoncées entre 1,70 et 2,20 m. Le vent est faible, contre la houle, ce qui a pour effet de la dresser, mais sans la ralentir. »

    L’arrêt brutal des moteurs
    La simulation effectuée par les enquêteurs permet d’envisager, par moments, des vagues dépassant les 2,50 m. Un bateau de ce type risque, s’il est frappé de travers, de se retourner : « Pas de quille, une vitesse réduite, et le problème, avec ce genre de bateau, c’est que si on ne va pas assez vite, on a vite fait de se faire chahuter, comme un bouchon dans l’eau, et on ne contrôle plus rien. »

    Deux minutes plus tard, les moteurs s’arrêtent brutalement, sous l’action du coupe-circuit : « Ce peut être un acte involontaire du skipper, ou bien une chute dans le bateau, ou encore une chute dans l’eau. Quand Pierre Agnes n’est plus à la barre, le moteur se coupe automatiquement. » L’hypothèse retenue est que le bateau a pris une vague plus puissante à bâbord, et qu’il a chaviré. Conscient ou pas, Pierre Agnes est tombé dans une eau froide, habillé comme en hiver, et n’a pas pu regagner le bord. Quatre mois après sa disparition, les chances de retrouver son corps sont quasiment nulles. L’océan a décidé de ne pas rendre la dépouille d’un éternel amoureux de la mer.

    Source : https://www.sudouest.fr/2018/06/07/disparition-de-pierre-agnes-dans-les-landes-l-enquete-est-terminee-5125317-3350.php

Laisser un commentaire