Alors que les pratiques de glisse utilisant un foil se démocratisent, on observe de nouveaux risques et une traumatologie spécifique en fonction que l’on pratique du windsurf, du kitesurf, du SUP ou du surf foil (voir vidéos de wipeouts ci-dessous).

Même si on n’a pas encore de statistiques précises, Alice HAMON, infirmière au Service de Médecine Hyperbare, Subaquatique et Maritime du Dr Mathieu Coulange à Marseille nous livre ses premiers retours d’expérience d’une étude qu’elle a initiée dans un but préventif et intitulée : RISQUES ET TRAUMATOLOGIE DES SPORTS DE GLISSE À FOIL DANS LE SUD-EST MÉDITERRANÉEN.

Apparu dans le monde du nautisme dès 1961, et longtemps réservé aux professionnels, l’hydrofoil se démocratise depuis une dizaine d’années et bouleverse la pratique des sports tels que le surf, le paddle, le kitesurf et le windsurf.

Le matériel évolue rapidement, devient de plus en plus performant et techniquement de plus en plus accessible, ce qui induit une augmentation du nombre de pratiquants, aussi bien en compétition qu’en loisir.

La pratique de ces disciplines entraîne des risques accidentologiques et traumatologiques encore mal connus. Bien qu’il n’existe actuellement pas de données épidémiologiques sur la traumatologie réunissant l’ensemble de ces pratiques, j’ai souhaité dresser un premier constat en interrogeant des professionnels du bassin méditerranéen : concepteurs, testeurs, compétiteurs et commerciaux.

Facteurs de risques :

Il ressort de ces entretiens que la vitesse, qui augmente l’inertie et produit une forte décélération en cas de chute, est le principal facteur.

Le deuxième facteur de risque proviendrait du matériel lui-même, à cause de son encombrement et de ses caractéristiques tranchantes.

En troisième viendraient les collisions, qui conjuguent les deux facteurs précédents. Puis vient la démocratisation de ces pratiques, avec l’augmentation du nombre de pratiquants.

Notons que pour le windsurf foil le vent de travers est la condition de pratique la plus dangereuse car elle permet d’obtenir la puissance maximale (le foil renvoie en poussée la même énergie que la voile), alors qu’en surf foil et paddle foil la chute en bas de vague reste, d’après les informations récoltées, la configuration la plus risquée.

Enfin, l’augmentation de ce potentiel de navigation (vitesse, distance et remontée au vent dans des conditions de vent faible) amène les pratiquants de kitesurf foil à naviguer de plus en plus dans la plage basse des ailes (à partir de 5 nœuds) et à effectuer des trajets plus longs voire de véritables traversées, ce qui peut conduire, après une dévente, à une dérive en pleine mer avec une aile dans l’eau (qui ne redécolle pas systématiquement) et un foil à tracter. Le risque est alors l’épuisement et l’hypothermie.

Traumatologie : contextes et localisations

Lors de chutes à très haute cinétique, le corps humain subit des contraintes élevées. Elles concernent principalement le kitesurf foil et le windsurf foil, les professionnels arrivant aujourd’hui à atteindre jusqu’à deux fois la vitesse du vent, avec des vitesses de 38 à 45 nœuds auxquelles s’ajoute la hauteur du foil (1 mètre en moyenne).

Lors de l’impact avec l’eau, on relève des étourdissements, avec ou sans désorientation, pouvant aller jusqu’à la perte de connaissance, des traumatismes crâniens légers, et des perforations tympaniques. Il existe aussi des atteintes ou des lésions du rachis cervical supérieur (C1-C2 ou C6-C7), principalement des entorses bénignes. Les fêlures de côtes sont les lésions les plus fréquentes et concernent essentiellement les débutants. On enregistre encore des entorses, qui touchent les ligaments croisés antérieurs et postérieurs au niveau des genoux, et qui s’accompagnent de lésions tendineuses au niveau du cou-de-pied soit par hyperextension soit par rotation (le pied étant solidaire de la planche avec les footstraps). Les fractures sont rares et touchent les malléoles et les orteils.

Ce type des lésions, entorses et fractures, ne concernent pas que les chutes à haute cinétique et valent pour tous les engins à hydrofoils cités. Il en est de même pour les coupures, les contusions, les hématomes et les ecchymoses, localisés sur toutes les parties du corps, et le plus souvent provoqués par collision arrière avec le matériel. Les incisions peuvent être profondes et nécessiter des points de sutures.

En surf foil et paddle foil, les blessures sont provoquées soit par l’inertie du matériel pris dans une vague en déferlement et aux chutes durant la pratique par déjaugeage du matériel ou perte d’équilibre.

Autres types de collisions possibles :

Elles sont dues aux chutes, à l’augmentation de l’inertie, du temps de réactivité et à l’encombrement du matériel.

Avec un autre pratiquant ou une personne se trouvant à proximité de la zone de pratique (photographe, observateur…) notamment en compétition, slalom pour le kite et windsurf foil.

Pour le surf et le paddle dans les vagues, ce risque semble plus élevé. L’espace de pratique est réduit (concentration au pic et dans la zone de déferlement) et le matériel continue dans le même sens si le « rideur » est tombé.

Avec un objet à la dérive principalement dans les zones d’embouchures de rivière (ex: zone d’embouchure du Rhône entre La Crau et la Camargue), d’activité humaine (Fos, le Jaï…) ou suivant l’orientation d’un spot (courant d’est sur les spots de Méditerranée).

Avec le fond marin : dalles rocheuses ou cailloux lors de la pratique ou de la mise à l’eau.

Les risques liés aux conditions météorologiques :

Pour le surf et le stand up paddle : le foil permet de glisser et surfer une vague qui ne déferle pas encore ; il est donc propice les jours de petite conditions et de petite houle. Le risque est dû à une pratique proche des côtes et à la proximité avec des surfeurs ou les baigneurs en été.

Il semble donc qu’il y ait un intérêt à effectuer une recherche épidémiologique étendue à l’ensemble des pratiquants et de partager ces informations avec les professionnels de santé et les fabricants. Mais il est d’ores et déjà pertinent d’effectuer des campagnes de prévention auprès des pratiquants.

Alice HAMON
IDE
Service de Médecine Hyperbare, Subaquatique et Maritime
Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille

Wipeouts en surf foil :

Surf et SUP foil

Surf, SUP, Windsurf et kite foil

A propos de l'auteur :

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5 Commentaires

  1. Antoine dit :

    « Apparu dans le monde du nautisme dès 1861 »
    Je pense qu’il y a une coquille, 1961 me parait plus juste

  2. Seb bob dit :

    Un oubli me semble important les kites avec foil qui bombardent dans la zone de baignade sont un vrai danger pour les nageurs. Le code maritime est pourtant clair 5 noeuds pas plus…

  3. Yann dit :

    Non, c’est bien 1861..

  4. RONCA SYLVAIN dit :

    Intéressant, mais il n’est rien dit des collisions possibles avec les baigneurs et nageurs. La nage en eau libre se développe à toute allure et il est plus que fréquent d’observer des foils à grande vitesse dans la bande littorale des 300 mètres où la vitesse est limitée à 5 noeuds. Conséquences : très grand stress des nageurs, voire abstention de la pratique et probablement de graves accidents

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