Comme nous l’avons déjà vu sur Surf Prevention, l’Australie est à l’avant-garde de la prévention sur les plages avec des initiatives comme un centre de dépistage du Covid-19 à Bondi Beach ou des plages ouvertes en respectant les contraintes sanitaires. Surf Prevention s’est entretenu avec Pierre Caley, ancien sauveteur de Biarritz expatrié en Australie pour voir comment ça se passe sur place.

Surf Prevention : Salut Pierre, peux-tu te présenter rapidement ?

Je m’appelle Pierre Caley, j’ai 30 ans, je suis sauveteur professionnel sur les plages de Cronulla (sud Sydney) depuis 5 ans, ancien membre du Biarritz Sauvetage Côtier pendant 10 ans et champion du monde avec John Despergers en 2014. J’ai pratiqué ce sport pendant des années, je surfe, je nage… bref, je passe beaucoup de temps dans l’océan ! (Pierre avait également participé au Didacticiel du Surf et de la Baignade pour les Boops NDLR)

Comment est ressentie la crise du Covid-19 en Australie ?

La crise ici n’est pas ressentie de la même façon que pour vous en France bien sûr. Nous avons 6500 cas et 60 morts d’après les chiffres récents. Il a fallu du temps pour que les gens se rendent compte du problème. Après, il est difficile de comparer. L’Australie fait 14 fois la France et donc, pour beaucoup de gens, la distanciation était déjà quotidienne.

Comment vous organisez-vous pour maintenir l’accès aux plages dans ce contexte ?

Nos plages sont ouvertes pour les “exercices physiques” : les gens peuvent aller surfer, nager ou courir sur la plage. La marche est aussi autorisée. Nous faisons des annonces toutes les 15 minutes pour rappeler aux gens les règles, nous passons beaucoup de temps sur la plage dans nos buggys pour être sûrs que les gens comprennent le message.

Il est interdit de s’asseoir pour bronzer ou discuter, ou même de rester statique sur le sable, il faut être toujours en mouvement et ne pas s’attarder ! Le passage doit être bref. En gros, tu surfes, tu nages ou tu cours et quand tu as fini, tu rentres à la maison ! L’activité physique ne peut se faire que par groupe de 2 personnes avec 1,5 mètres de distanciation minimum. Les gens ne doivent pas s’asseoir non plus sur les bancs.

Les surfeurs et usagers des plages sont encouragés à surfer local, au plus près de leur habitation. La police fait des patrouilles sur la plage et fait surtout de la prévention.

Les usagers respectent-ils les consignes ?

Les usagers respectent les consignes et la distanciation sociale, ils savent à quel point ils sont chanceux de pouvoir utiliser l’océan et la plage ! Donc tout le monde respecte les règles.

Crois-tu que nous pourrions mettre en place ces mesures en France ?

Bien sûr, nous avons des plages immenses en France avec beaucoup d’espace ! Les sauveteurs à Biarritz ou sur le reste de la côte devront avoir une double casquette et faire respecter ces règles ! Si les Australiens y arrivent, je suis certain qu’on peut y arriver ! Soyons positif ! Maintenant ça dépend comment les médias tournent l’histoire, les gens adorent un peu de drame, donc je pense que tout le monde aura son mot à dire !

Ici on recommande 1 m 50 à 2 mètres comme distance de précaution. De mon point de vue, il est compliqué de se retrouver aussi proche de quelqu’un dans l’eau, enfin peut-être pas à la Côte des Basques hahaha !

Et à Biarritz que tu connais bien ?

Oui je pense que pour Biarritz aussi ce ne sera pas un problème… L’agglomération de Cronulla a 220.000 habitants et tout se passe bien ici ! Pour le moment, il n y a eu aucune contamination sur les plages du sud de Sydney et aucun cas venant de surfeur !

Merci Pierre, un dernier mot ?

Bravo pour vos engagements, ça fait plaisir de voir quelqu’un qui comprend les besoins des Biarrots et des surfeurs !

A propos de l'auteur :

Médecin, surfeur, blogueur. Auteur des livres Surfers Survival Guide, Surf Thérapie et DETOXseafication.

 

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9 Commentaires

  1. Delouze Alain dit :

    Responsable sécurité des plages en tant qu élu, je vais en parler avec les élus et la responsable du service.
    C est intéressant comme principes, mais sera difficile, mais pas impossible à gérer avec la mentalité française.
    Alain Delouze

  2. colin dit :

    Bonjour , interview très intéressant de Pierre , lifeguard à Bondi Beach en Australie ! Par contre la réglementation est différente selon les régions ; j’ai une amie française qui est actuellement au nord de Brisbane ,et il est formellement interdit de surfer sur les différentes plages de ce secteur sous peine d’une amende très très élevée !!!!

  3. Merlan dit :

    Mon fils était dyslexique enfant.Le surf a l’âge de 8 ans l’a aidé à trouver son équilibre et sa place dans la société .C’est un sport qui reste si indispensable pour lui,qu il en a fait son métier avec réussite et passion .Consciente du besoin vital de ce sport,je souhaite vivement que l’accès à l océan soit possible,prenons peut etre exemple sur l’Australie. Merci pour cette issue de sauvetage mental et physique.

  4. FONF dit :

    On entend toujours parler de la mentalité française qui serait un frein à ce genre de fonctionnement, valable aussi pour tous les sports nature, il serait peut-être temps que nos décideurs nous fasse confiance, les prises de conscience de l être humain se font toujours au bord du précipice. Je pense aussi que l on peut autogerer nos communautés sportives et instaurer des règles tacites qui permettent de maintenir la distanciation à l eau et eviter les conflits, je ne parles pas de blackshorts organisés en milice , juste de respect mutuel entre pratiquants, pas besoin de forces de l ordre officielles ou pas. Partager bien plus qu avant les vagues sera à mon sens le prérequis qu il faudra que certains acceptent, quel que soit leur niveau ou leur appartenance au spot.

  5. Walter dit :

    Gérer le monde sur la plage, faisable, mais pas facile.
    Mais tout ce monde, comment le gérer en « ville »?
    Locations bondées, campings, commerces….
    Dans les Landes, deux hopitaux disponibles, peut être trois cent lits, des moyens de transport sanitaires limités, tout cela pour une population multipliée par dix…Est-ce faisable?
    Population âgée, commerces en nombre limités, je m’inquiète de la gestion de la population touristique en général plus que de la « simple » fréquentation des plages… (mais exercice déjà difficile).

    • Franck dit :

      Bonjour,
      Pour répondre à Walter, je pense que là on parle de surfeurs ou nageurs….. qui vont à l’eau et dès que c’est fini chacun rentre chez soi.
      On arrive en voiture (pour ceux qui n’ont pas le choix), on met la combi, on part à l’eau et le retour idem,pas plus.
      Pas de touriste, de location de vacances……
      Merci

  6. Walter dit :

    Comment ça pas de touriste ou de location de vacances ? Chacun rentre chez soi où ? A la fin du confinement, il ne sera pas interdit de louer, de camper, de venir en vacances. Et ce qui attire les vacanciers, ce sont les plages. C’est un problème de santé publique qui lie l’activité à la plage au reste de l’existence quotidienne. Donc d’une part je crains qu’il soit difficile de gérer le simple accès à la plage, d’autre part je répète que le reste de la journée, les conditions d’existence ne seront pas en rapport avec l’objectif poursuivi.

  7. J’ai entendu dire qu’ils avaient refermé depuis, c’est vrai ou pas ?

  8. Asma Codraro dit :

    Dans les 78 spots d’Adélaïde il y en a pas mal où les lifeguards sont assez relâchés et tolérants surtout envers les surfeurs étrangers..

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