Modern Express : échouement évité de justesse sur la côte Sud-Ouest

Nous surveillions la situation avec inquiétude depuis plusieurs jours. Après l’échec d’une première tentative de remorquage et le renforcement des conditions de houle, le navire de commerce Modern Express dérivait tout droit vers les côtes sud-ouest de la France et aurait pu s’échouer entre lundi et mardi entre le département des Landes et la Côte Basque, si l’ultime tentative de remorquage avait échoué lundi.

Mise à jour du 1er Février 2016 : Remorquage de la dernière chance en voie de réussite (suivre évolution en bas d’article).

En cas d’échouement, les mesures auraient été prises pour limiter les risques de pollution avec le déclenchement du plan POLMAR. Le point d’échouage et son horaire devaient être précisés au fil des heures. On se dirigeait vers un échouement sur la côte sableuse des Landes, ce qui aurait été à moindre risque de dégâts pour le bateau que la côte basque plus accidentée et rocheuse. En cas d’échouage, on se serait dirigé ensuite vers un démantèlement du navire sur place comme pour le TK BREMEN ou le LUNO.

Rappel des faits : mardi 26 janvier 2016 en début d’après-midi, une opération de sauvetage avait été coordonnée par le MRCC (Maritime Rescue Coordination Center) pour venir en aide au navire de commerce en perdition « MODERN EXPRESS » à 200 nautiques (370 kilomètres environ) au sud-ouest de la pointe de Penmarch. Tout l’équipage de 22 personnes a été évacué par des hélicoptères de sauvetage espagnols dans des conditions extrêmes.

Ce navire de type roulier mesure 164 mètres. Il transporte à son bord 3600 tonnes de bois débité en fardeaux et des engins de travaux publics, ainsi que 300 tonnes de carburants.

Le #ModernExpress poursuit sa dérive vers le sud-ouest de nos côtes alors que la houle et le vent forcissent… pic.twitter.com/N1Mn1h2GxX

— Guillaume Barucq (@GuillaumeBarucq) 30 Janvier 2016

Différents moyens ont été dépêchés sur zone :
– La frégate de lutte anti-sous-marine Primauguet, avec un hélicoptère Lynx à son bord ;
– La société SMIT SALVAGE mandatée par l’armateur pour faire cesser le danger, avec une équipe de spécialistes à bord du Primauguet,
– Deux remorqueurs espagnols, le CENTAURUS et le RIA DE VIGO, affrétés SMIT SALVAGE ;
– L’Abeille Bourbon, le remorqueur affrété par la Marine Nationale ;
– Le bâtiment de soutien, d’assistance et de dépollution (BSAD) Argonaute affrété par la Marine Nationale, avec des moyens spécialisés dans la lutte anti-pollution.

La gîte du bateau reste constante à 40-50 degrés et il ne s’enfonce pas, ce qui témoigne de l’absence de voie d’eau.

Samedi après midi, l’hélicoptère Caïman de la Marine Nationale a pu hélitreuiller 2 spécialistes supplémentaires de la société SMIT SALVAGE sur la frégate anti sous-marine PRIMAUGUET. Le blessé pendant la première tentative de remorquage, pris en charge par l’équipe médicale de la frégate Primauguet, a été évacué. A la suite d’un vol de reconnaissance, l’équipe spécialisée de SMIT SALVAGE a été hélitreuillée à bord du Modern Express. Le temps nécessaire à la préparation du passage de remorque et les conditions météo limites ont conduit à limiter l’intervention à une reconnaissance précise du navire, en attendant une éventuelle prochaine fenêtre favorable au remorquage. La météo sur zone samedi : Vent de force 6 avec des rafales à 70 Km/h – Mer très forte (force 6) avec des creux de 6m.

Dimanche 31 janvier au matin, le navire se situait à 059 nq à l’ouest du bassin d’Arcachon (environ 109 kilomètres). Il dérive au sud-est à une vitesse d’environ 2 nœuds. Les conditions météorologiques se sont encore dégradées ce dimanche matin, avec des rafales à 80 km/h et des creux de près de 6 mètres. Les conditions de vent et de mer ne permettent pas de projeter l’équipe de SMIT SALVAGE sur le Modern Express. L’équipe a continué ses préparatifs et attend maintenant une fenêtre météorologique plus favorable, ce qui sera peut-être le cas lundi matin.

Le vice-amiral d’escadre Emmanuel de Oliveira, préfet maritime de l’Atlantique, donnait une conférence de presse à la préfecture maritime à Brest à 14 heures pour faire le point sur les options envisagées dans les prochaines heures. Voir vidéo :

Principaux points abordés en conférence de presse dimanche :

– La météo sur zone interdit toute nouvelle tentative de remorquage aujourd’hui.
– Les conditions météo devraient se calmer dans la nuit, ce qui permettra de réaliser demain lundi, de jour, une nouvelle tentative de prise de remorque.
– Si une remorque ne réussit pas à être passée dans la journée de lundi, le roulier Modern Express s’échouera entre lundi soir et mardi soir probablement sur la côte sableuse du département des Landes. Au fil des heures, le point et l’heure attendus d’échouage seront alors précisés.
– Le navire sera accompagné jusqu’à l’échouage et tout sera fait pour maîtriser les conséquences de cet échouage : la cargaison ne présente pas de danger pour l’environnement (3600 de bois et des engins de travaux publics) ;
– Les soutes à gazole de propulsion sont intègres. Aucune fuite de carburant n’a été observée ;
– Des brèches pourraient se produire lors de l’échouage, entraînant une pollution limitée. Mais, même en cas de fuites, il n’y a pas de risque de marée noire (300t de gazole sur le Modern Express contre 77 000 t sur le Prestige) ;
– Les fuites seraient alors traitées immédiatement par les moyens spécialisés.
– La préfecture maritime travaille en étroite coordination avec la préfecture des Landes pour mettre en place les actions permettant de limiter les conséquences de l’échouage.
– Concernant la sécurité de la zone : un arrêté a été publié interdisant tout survol ou navigation à proximité du Modern Express. Les opérations qui se déroulent actuellement sont particulièrement complexes. Il est interdit de voler ou naviguer dans cette zone car cela ferait peser un danger fort sur les opérations de secours.

Point de situation, lundi 1er février 2016 à 11h00 :

Le navire se situe actuellement à 24 nq (44 kilomètres) au Sud-Ouest du bassin d’Arcachon. Il dérive à moins d’1 nœud (entre 1 et 2 km/h) vers l’Est.

Le 1er février, peu avant 08h30 du matin, 4 personnes de SMIT Salvage ont pu être hélitreuillées à bord du navire en détresse « Modern Express ».

A 09h15, après avoir atteint la plage avant, ces marins expérimentés ont entamé les opérations préparatoires au passage de remorque.

La remorque vient d’être passée avec le remorqueur espagnol « CENTAURUS».

Le remorquage n’a pas encore commencé.

Point à 13h15 :

Le « Modern Express » s’éloigne actuellement de la côte, remorqué par le « Centaurus ». Le convoi fait route à 3 nds (env 5 km/h). Il est à 46 km de la côte.

Après avoir passé la remorque, l’équipe de SMIT Salvage a quitté le Modern Express par hélicoptère et a rejoint la frégate anti-sous-marine Primauguet.

Le remorqueur « Centaurus » a débuté l’opération de remorquage à 11h45 après avoir réussi à faire pivoter le cargo pour l’orienter vers le large.

La priorité aujourd’hui est d’éloigner le cargo de la côte.

Les efforts de traction restant très importants, la remorque peut casser. Dans ce cas, il faudra tenter une nouvelle prise de remorque.

L’opération de la dernière chance est un succès. Il y avait une seule chance, il ne fallait pas la laisser passer.

1er février 2016 à 18h00

Le remorqueur Centaurus éloigne actuellement le navire « Modern Express » de la côte. Il fait route vers l’ouest à 2 nds (env 4 km/h), et se situe à 65 km de la côte.

Avant d’être remorqué, le navire s’est rapproché jusqu’à 42 km des côtes, à 11h45.

Le navire est maintenant suffisamment éloigné pour ne plus craindre d’échouage sur les côtes des Landes.

Nous avons été informés par les autorités espagnoles qu’elles ont accepté la demande de l’armateur d’accueillir le navire à Bilbao. Le convoi pourrait atteindre les approches du port mercredi matin.

Les moyens du dispositif resteront en place autour du convoi.

Le vice-amiral d’escadre Emmanuel de Oliveira, préfet maritime de l’Atlantique, salue le courage et le professionnalisme des hommes d’exception qui ont fait de cette opération un succès. Ces hommes, ce sont les 4 spécialistes de la société SMIT SALVAGE, mais aussi les équipages des deux remorqueurs espagnols qui ont dû effectuer des manœuvres très délicates, et les marins de la Marine Nationale, notamment les pilotes d’hélicoptère qui ont réalisé des hélitreuillages d’une grande précision.

Cet article sera mis à jour au fil des évolutions de la situation.

Images Marine Nationale

A propos de l'auteur : Surf Prevention.com

Surf Prevention est le site sur le Surf, la Sécurité, la Santé et l'Environnement.

Suivez-moi sur Instagram
Suivez-moi sur Facebook
Suivez-moi sur Twitter