Les boissons énergisantes ( type Red Bull, Dark Dog, Monster Energy,…) envahissent le monde du surf et des sports extrêmes avec un marketing intensif : sponsoring de surfeurs professionnels, parrainage de compétitions et d’événements liés au surf,…

La plus connue d’entre elles, le Red Bull pour ne pas le nommer, fait l’objet d’une controverse en France. Cette boisson est-elle dangereuse pour la santé ?

Les experts disent qu’elle n’a pas fait la preuve de son innocuité mais la marque a réussi à s’imposer en mettant la pression sur le gouvernement français, en le menaçant de poursuites judiciaires, car il n’y a pas de preuve de la dangerosité de la boisson

Comme à chaque fois que l’on se pose une question sur un aliment ou un médicament, il faudra attendre plusieurs années et une foultitude d’études contradictoires pour savoir si on peut consommer sans risque tel ou tel produit. En attendant, même s’il existe d’énormes doutes sur cette boisson, le principe de précaution ne s’applique malheureusement pas.

Le pouvoir de l’argent est tellement grand que l’on peut arriver à faire gober n’importe quoi au grand public grâce à un marketing savamment orchestré, un buzz efficace sur Internet et des opérations de « street marketing » d’envergure. Et il suffit de menacer de procès les personnes qui émettent des réserves sans avoir de preuves formelles pour continuer à vendre des milliards de canettes d’un breuvage douteux paisiblement.

En France (l’un des derniers pays européens à avoir fait de la résistance), après la commercialisation d’une version édulcorée à l’arginine, c’est bien le véritable Red Bull qui est en vente libre depuis le 15 juillet 2008, malgré l’avis contraire de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA).

Mais si on écoute ce que nous disent les médecins du sport et les spécialistes de la nutrition chez le sportif, il y a de quoi bannir définitivement ces boissons de l’hydratation d’un surfeur avant, pendant ou après une session. Voici une petite synthèse des effets supposés des boissons énergisantes : je n’invente rien…

Il ne faut pas confondre les boissons énergisantes (type Red Bull) avec les boissons énergétiques de l’effort (Gatorade, Isostar ,…). Ces dernières répondent parfaitement à des critères nutritionnels adaptés à l’effort physique en ce qui concerne l’apport énergétique, le dosage en glucides et en sodium, leurs propriétés osmotiques, etc.

Les boissons énergisantes, elles, ont une composition inadaptée à l’effort physique.

N.B.: les arguments ci-dessous concernent le Red Bull mais la composition des boissons énergisantes concurrentes est proche et elles ont donc sensiblement les mêmes effets.

Elles sembleraient présenter des propriétés acidifiantes sur l’organisme qui pourraient favoriser des blessures comme des tendinites par exemple.

La caféine contenue dans ces boissons présente de nombreux effets indésirables.
La caféine a un effet diurétique (qui fait uriner) et pourrait entraîner une déshydratation et des désordres électrolytiques pendant un effort intense pouvant être à l’origine de blessures musculo-tendineuses ou pouvant perturber la récupération après l’effort. Une boisson énergisante ne peut donc pas réhydrater correctement un sportif du fait de ces propriétés diurétiques. Une canette de boisson énergisante contient environ 80 mg de caféine, pas loin de la dose de perception des effets indésirables (100 à 160mg), et proche de la limite supérieure de consommation quotidienne admise (200mg/jour). La présence de caféine à concentration élevée dans ce genre de boissons induit sur l’organisme des effets secondaires cardiovasculaires: tachycardie, hypertension artérielle,… qui s’opposent à l’adaptation à l’effort. La caféine augmenterait également le risque de trouble du rythme cardiaque à l’effort.

Des avis scientifiques éclairés ont mis en garde contre de possibles effets secondaires rénaux, thyroïdiens, neurologiques ou des troubles comportementaux liés au Red Bull. La toxicité redoutée (mais non prouvée) de certains composants présents à taux élevés dans ces boissons (comme la Taurine (acide aminé qui ne vient pas des testicules de taureau contrairement à un mythe largement répandu sur la Toile…) ou le Glucuronolactone), serait d’autant plus importante à l’effort que la déshydratation relative augmente encore leurs concentrations dans l’organisme.

Ces boissons énergisantes contiennent peu de sodium et pourraient induire une hyponatrémie lors des efforts prolongés en atmosphère chaude (en surf trip sous les tropiques par exemple). Une hyponatrémie peut se manifester par une asthénie, des troubles digestifs ou encore des troubles de la conscience pouvant aller jusqu’au coma.

Les boissons énergisantes contiennent une très forte concentration en glucides, de l’ordre de 112 g/litre (27 g/canette, soit l’équivalent de 6 sucres), ce qui est largement supérieur aux 30 à 50 g/litre recommandés. Cette forte teneur en sucre n’implique pas un meilleur apport énergétique car à de telles concentrations l’assimilation digestive des glucides est fortement perturbée. Ce genre de boissons trop sucrées peut entraîner des troubles digestifs et même des hypoglycémies réactionnelles quand elles sont consommées juste avant une session par exemple.

Ces boissons apportent des vitamines du groupe B en quantités très importantes alors que nos besoins en vitamines B sont déjà couverts par une alimentation équilibrée. La concentration en vitamine B de ces boissons pourrait avoir un effet délétère voire même toxique lorsqu’on boit plus de 2 cannettes.

La consommation de boisson énergisante ne semble donc pas être adaptée à l’effort, ni à la récupération sportive. Les recommandations du fabricant qui préconise de diluer le boisson avec de l’eau lors d’un effort physique, n’apparaissent pas suffisantes pour annihiler les effets secondaires et le risque toxique potentiel de certains composants.

Les experts ne reconnaissent aucun intérêt nutritionnel à cette boisson.

L’innocuité de cette boisson sur la santé ne peut être prouvée, car les limites de toxicité pour la Taurine et le Glucuronolactone demeurent inconnues. Il semble impossible pour le moment d’établir une relation dose-effet, qui autoriserait une consommation modérée sans danger pour l’homme.

Il faut tout de même préciser que ce type de boisson énergisante:
– ne contient pas d’alcool (le mélange avec de l’alcool, courant, est à proscrire totalement).
– ne contient pas de produit susceptible de positiver un contrôle anti-dopage (depuis que la caféine ne fait plus partie des substances interdites).

Si vous me demandiez mon avis en temps que médecin généraliste (que je suis), je vous déconseillerais la consommation de ce type de boisson, au même titre que je déconseille la consommation excessive de café ou de tout autre excitant à mes patients. Ces boissons sont souvent utilisées par les étudiants pour donner un coup de « boost » pendant les exams ou pour « tenir » jusqu’au bout de la nuit en soirée par exemple. Mais au final, les personnes qui abusent de ce genre de produits se retrouvent déphasées, insomniaques, ou irritables dans la vraie vie, car elles perturbent leurs rythmes biologiques naturels (quand on a sommeil, il faut aller se coucher et non pas se resservir une boisson énergisante pour veiller encore plus tard…).

Pour être au top de sa forme, une alimentation équilibrée, une activité physique régulière et une bonne hygiène de vie sont les meilleurs ingrédients. Nul besoin d’y ajouter des « boissons énergisantes ».

Si vous me demandez maintenant mon avis en tant qu’éditeur d’un site Internet consacré à la santé et à la prévention chez les surfeurs, je vous affirme qu’en l’état actuel des connaissances sur ces boissons énergisantes, je refuserais tout partenariat avec ces marques.

Dans tous les cas, il faut respecter les consignes suivantes:
– À consommer avec modération : au grand maximum deux canettes par jour.
– Déconseillé aux enfants et aux femmes enceintes.

Je rajouterais :  » Ne pas consommer avant une session de surf intense et hydratation exclusive aux « energy drinks » à proscrire aux sportifs, surfeurs inclus ». D’ailleurs les surfeurs sponsorisés par une marque de boisson énergisante en consomment-ils réellement avant d’aller à l’eau ?

Plus d’informations en suivant ce lien:  site Internet de la Société Française de Nutrition du Sport  .

A propos de l'auteur :

Surf Prevention est le site sur le Surf, la Sécurité, la Santé et l'Environnement.

 

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3 Commentaires

  1. VANYAMON dit :

    Je pense que vous ne connaissez pas la boisson Beautysane sport effort.

    C'est une boisson ionisante entièrement composée de produits naturels n'entraînant aucun effet indésirable sauf si la prise se fait avant le coucher (on a du mal a dormir).

    Beaucoup de sportifs l'utilisent et ne sont pas payés pour dire qu'elle leur convient parfaitement.

    Renseignez-vous sur ce produit au lieu de généraliser votre point de vue à toutes les boissons énergisantes!

  2. ricky dit :

    Merci pour cet article encore une fois pertinent.

    Avons nous vraiment besoin de ces produits pour nous garder en forme ou même tenter d'avoir des sur performances…?

    Je n'en suis pas sûr !

    En sachant que je viens de fêter mes 37ans, j'en chie dans l'eau (passer moi l'expression) mais pour passer la barre ou bien encore partir des fois au take off car je n'ai plus suffisament d'entrement physique mais je ne prendrais pas de ce red bull de M…….. !

  3. […] Selon des spécialistes en santé, ces  boissons énergisantes sont vraiment néfastes pour la santé. Lorsque vous faites du sport, vous devez bien vous hydrater. Cependant, les boissons énergisantes viennent vous déshydrater, car elles contiennent une grande quantité de caféine. La caféine  a des effets diurétiques (fait uriner), ce qui provoque une déshydratation.  En plus, une grande quantité de caféine dans l’organisme augmente considérablement le risque de troubles cardiaques lors d’un exercice intense. Pour en connaître davantage sur ce sujet: https://blog.surf-prevention.com/2008/12/06/que-faut-il-penser-des-boissons-energisantes/ […]

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