Andy Irons : un an déjà…
Il y a un an jour pour jour, nous apprenions la mort d’Andy Irons, triple champion du monde de surf, retrouvé inanimé dans une chambre d’hôtel à Dallas au retour de la dernière compétition à laquelle il aurait dû participer, le Rip Curl Pro Search de Puerto Rico.
Un an après, on a toujours du mal à réaliser ce qui s’est passé pour que disparaisse ainsi un jeune homme dans la force de l’âge qui s’apprêtait à devenir père de famille.
Sa disparition nous a permis de mieux nous rendre compte qu’Andy Irons était l’un des meilleurs surfeurs de tous les temps, le seul à avoir perturbé ce qu’il convient d’appeler l’ère de Kelly Slater.
Le plus difficile dans les suites de son décès a été le mensonge dans lequel se sont enfermées les instances du surf directement concernées : son sponsor majeur, l’ASP et toutes les personnes qui savaient mais qui ont préféré se taire pour « préserver la famille » et ne pas nuire aux intérêts du surf business.
Si le deuil a été difficile à faire pour nombre de ses fans, c’est avant tout parce qu’on leur a cachés la vérité sur les problèmes que connaissait Andy Irons depuis des années. Sans l’obstination du journaliste Brad Melekian, on n’en aurait peut-être jamais rien su. Après un article intitulé Last Drop – repris dans l’article très controversé sur Surf Prevention intitulé « Andy Irons et la drogue » – Brad Melekian est allé au fond des choses dans l’article « Crashing Down » publié cet été dans Outside. Passé plus ou moins inaperçu, cet article restera comme le seul à essayer d’expliquer comment un tel drame a pu survenir.
Dans cet article d’investigation journalistique, on comprend comment la communication a totalement brouillé les pistes pour le grand public. L’histoire de la dengue tout d’abord ne fut que pure invention : si Andy Irons n’était pas au mieux de sa forme à Puerto Rico, aucune analyse pouvant confirmer un diagnostic de dengue n’a jamais été réalisée. Andy Irons n’a jamais été hospitalisé mais il est parti seul en avion vers Miami où il a fêté Halloween avant de transiter à Dallas où il passa les dernières heures de sa vie.
Pour masquer un peu plus les causes de sa mort, le rapport d’autopsie a d’abord été reporté avant d’être analysé par un médecin légiste spécialisé dans les cas difficiles engagé par la famille et qui a livré une version édulcorée des causes de sa mort publiée dans le New York Times avant que les medias n’aient connaissance du véritable rapport. La machine médiatique faisant son travail, les communiqués de presse ne retiendront que la mort d’Andy Irons par infarctus du myocarde, occultant la responsabilité de sa consommation de drogues.
Le véritable rapport d’autopsie d’Andy Irons est pourtant clair : celui-ci est décédé avec dans sa circulation un cocktail de cocaïne, de méthamphétamine, de méthadone, d’alprazolam et de cannabis qui aurait pu suffire à lui seul à entraîner sa mort. Andy Irons avait de surcroît un rétrécissement d’un artère coronaire, plus probablement secondaire à une consommation chronique de cocaïne dont les méfaits sur le cœur sont bien établis, qu’à une cardiopathie héréditaire évoquée par la famille sur la foi du décès d’une grand-mère à l’âge de 77 ans (son frère Bruce a passé des examens et il n’aurait aucun problème coronaire).
Même si on n’a pu le lire sur aucun média de surf, le PDG de Billabong Paul Naude et Graham Stapelberg, vice-président du marketing chez Billabong, se sont laissés aller à quelques confidences, qu’ils se sont bien gardés de faire du vivant d’Andy. Celui-ci souffrait bien d’addictions depuis plusieurs années, et ils en avaient parfaitement connaissance. C’est même Billabong qui a avancé les 75.000 dollars de sa première cure de désintoxication en juin 2007 au centre de Promises à Malibu où il retournera en novembre de la même année. Réticent au départ, Irons s’engagera ensuite pleinement dans sa thérapie en combinant les 12 étapes des Alcooliques Anonymes à son amour pour le surf.
Le plus grave dans cette histoire est qu’Andy Irons – qui avait reconnu ne jamais avoir été testé – n’a jamais subi le moindre contrôle anti-dopage, pour la simple et bonne raison qu’il n’y en a jamais eu sur le tour. Comme l’a déclaré une responsable de l’ASP de 2005 à 2009, trop de surfeurs auraient risqué d’être contrôlés positifs… Aujourd’hui encore, malgré la bonne volonté affichée par l’ASP, on attend toujours que ces contrôles anti-dopage soient mis en place…
On pourra toujours se demander si Andy Irons aurait pu s’en sortir si on l’avait laissé se soigner plutôt que le faire revenir sur le tour prématurément et sans encadrement adapté avec des problèmes de toxicomanie non résolus. Mais il serait malhonnête de vouloir refaire l’histoire tant l’on sait que ces problèmes de polyconsommation de drogues intriqués avec des troubles psychiatriques sont difficiles à gérer.
Choisir d’en parler est le premier pas. Andy Irons avait décidé en 2007 de s’adresser à ses fans dans les médias pour dire la réalité de sa situation…mais il ne l’a jamais fait. N’a-t-il simplement pas osé ou l’a-t-on dissuadé de le faire ? Toujours est-il qu’aucun journaliste ni aucun rédacteur en chef ne s’est jamais hasardé à lui poser la moindre question sur le sujet, de peur de perdre les publicités de son sponsor dans sa publication…
Un an après la mort d’Andy Irons, on peut se demander ce qu’il adviendrait d’un jeune surfeur professionnel en proie aux mêmes difficultés sur le circuit professionnel de surf en 2011. A-t-on tiré des leçons de ce drame ou tout va-t-il continuer comme avant comme cela semble en avoir pris le chemin ?
Au cours des multiples et vibrants hommages rendus à A.I., on a avant tout célébré le grand surfeur qu’il était. Sa dimension humaine ne doit pas être oubliée, pour que la vraie histoire de sa vie aide d’autres personnes dans son cas à s’en sortir.
Hommage vidéo à Andy Irons pour ses performances en France.
Source : http://www.outsideonline.com/outdoor-adventure/athletes/andy-irons/Crashing-Down.html?page=all
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La maison de Kauai d'Andy Irons rachetée pour 4.33 millions de dollars par un Californien:
Larry Wilson II of La Jolla, Calif., is listed as the buyer of the property, which is assessed at $4.33 million, according to property tax records.
The three-bedroom, three-bathroom fee-simple 2,610-square-foot home on 16,408 square feet of land was built in 2003. It originally listed for $4.8 million and was on the market since September 2010 before selling in April, so it was listed for more than 500 days.
http://www.bizjournals.com/pacific/blog/2012/09/k…