Quand une catastrophe nucléaire comme celle de Fukushima contamine l’océan, les dégâts vont beaucoup plus loin que le périmètre du sinistre. La radioactivité ne connaît pas de frontière dans le milieu marin et elle peut se propager à distance, comme nous l’avions vu sur cette carte de simulation de l’impact de la radioactivité dans l’Océan Pacifique.

Les poissons peuvent assimiler des radionucléides ayant contaminé la chaîne alimentaire et les propager au gré de leurs migrations. Un exemple vient d’être fourni par des chercheurs américains qui ont retrouvé des thons rouges contaminés par du Césium radioactif en provenance de Fukushima… au large de San Diego en Californie 5 mois plus tard.

Les 15 Thons rouges (Thunnus orientalis) originaires des eaux japonaises prélevés en août 2011 ont montré des concentrations 10 fois plus élevées que la moyenne des années précédentes en césium 137 et en césium 134 accumulés dans leurs tissus musculaires.

Autant le césium 137 était déjà présent dans les eaux japonaises avant la catastrophe nucléaire (= résidus d’essais nucléaires dans le Pacifique…), autant le césium 134 provient très probablement de Fukushima.

Malgré l’augmentation très significative du césium radioactif dans ces poissons, la concentration reste inférieure aux seuils retenus pour la consommation humaine par les autorités japonaises et américaines, ce qui fait que ces thons rouges radioactifs sont considérés comme tout à fait comestibles. Les auteurs de l’étude précisent que la radioactivité supplémentaire apportée par ces isotopes 134 et 137 du césium reste inférieure à celle émise par les radionucléides naturellement présents dans le poisson comme le Polonium210 (210Po) ou le potassium 40 (40K).

Il est très difficile d’évaluer à l’échelle de la consommation individuelle les conséquences sanitaires de telles augmentations de la radioactivité du poisson, en termes d’augmentation du risque de cancers notamment. Dans l’absolu, on préférera toujours consommer les poissons les moins radioactifs possible, même s’il est parfois difficile d’établir leur provenance. Le thon rouge est notamment consommé en sushi ou en sashimi.

Cette étude montre que des poissons migrateurs peuvent traverser tout un océan en quelques semaines en transportant des isotopes radioactifs. Les thons rouges ne sont bien évidemment pas les seuls à avoir été contaminés. D’autres thons seront pêchés dans les prochains mois pour subir de nouveaux tests ; d’autres espèces migratrices ayant fréquenté les eaux japonaises seront également étudiées.

Source: Daniel J. Madigan, Zofia Baumann and Nicholas S. Fisher. Pacific bluefin tuna transport Fukushima-derived radionuclides from Japan to CaliforniaPNAS 2012 ; published ahead of print May 29, 2012,doi:10.1073/pnas.1204859109

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5 Commentaires

  1. Dav dit :

    des fois je rêve que l'homme n'est jamais découvert l'énergie nucléaire.

  2. seb dit :

    et le pétrole …. mais là on a pas fini la liste est malheureusement si longue !!!

  3. Niou dit :

    par contre, la photo, c'est du Listao…

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