Comme beaucoup, je rêvais de surfer Wavegarden après avoir vu les images de la nouvelle version de la vague. Une opportunité inespérée s’est offerte à nous pour découvrir cette vague perdue dans la campagne basque.

Tout s’est décidé en 48 heures et nous n’avons pas eu le temps de tergiverser. Nous sommes partis le mercredi 24 juillet au petit matin de Biarritz vers un point de rendez-vous top secret. Étaient présents sur cette mission Wavegarden: le free surfeur Anthony Harouet, le docteur Paul Sanchez, le photographe Damien Poullenot d’Aquashot et moi-même.  Après les surfeuses et surfeurs pro des Team Roxy, Rip Curl et compagnie, c’était au tour des amateurs du Team Surf Prevention de se frotter à la vague !

Je redoutais un peu d’être déçu ;  les images des meilleurs surfeurs shootés par les meilleurs photographes et vidéastes auraient pu enjoliver le rendu réel de cette vague. Mais nous avons très vite constaté par nous-mêmes qu’il n’en était rien, et que la vague fait plus que tenir ses promesses. Wavegarden est en réalité encore meilleure que ce que nous avions imaginé !

L’arrivée sur le site du Wavegarden, par une petite route perdue dans la campagne basque avec la vague en contrebas, se passe déjà comme dans un rêvé éveillé. On arrive sur un site magnifiquement aménagé, qui s’intègre parfaitement au cadre naturel.

Ici pas de bétonnage, mais de l’eau, du bois, un ponton et une terrasse pour se poser à l’ombre. Le site est tellement épuré qu’on a du mal à croire qu’il s’agit du site d’une vague artificielle, et qu’on se demande comment un plan d’eau si désespérément plat peut produire une vague…

Après des explications sur le fonctionnement et les consignes de sécurité, nous pouvons enfin nous jeter à l’eau, sans avoir compris comment allait arriver la vague…

On ne voit pas vraiment lever la vague, mais on aperçoit une ondulation qui avance vite. Pour ne pas la rater, il faut ramer fort parallèlement au ponton, se lever vite sur ses jambes, et partir directement en travers pour ne pas que la vague parte sans vous. Wavegarden est une vague beaucoup plus rapide et tendue que ne le laissent croire les photos. Sur les 2 premiers take-off, j’ai été surpris par la rapidité de la vague et je me suis laissé distancer avec impossibilité de rattraper la section. Une chute en début de vague peut occasionner un bon bouillon qui motive à assurer ses take-offs suivants.

Wavegarden, ce n’est pas une vague mais deux vagues en simultané. On surfe chacun d’un côté: pendant que l’un surfe en gauche, l’autre surfe en droite. On surfe sur la longueur du bassin plus que sur la largeur. Quand on arrive au bout de la vague (qui n’est limitée que par la longueur du terrain), on attend que les remous se calment et 2 minutes plus tard, la vague suivante arrive déjà pour surfer dans le sens inverse. On enchaîne ainsi gauche-droite-gauche-droite… non-stop !

Dans le Wavegarden, on surfe beaucoup plus qu’on rame (on ne rame que pour prendre la vague) et on a tout le temps de travailler son placement sur la vague, ses manœuvres, ou de profiter de la glisse.

On n’a jamais l’impression de surfer la même vague. Même s’il s’agit d’une vague « mécanique », chaque vague est différente. Tout est fonction de la hauteur d’eau, des remous à la surface, du côté où on surfe…  Même après une demie-journée de surf, on a toujours une montée d’adrénaline à chaque vague et le surf reste intensif de bout en bout.

Nous avions décidé d’y aller en petit comité pour faire le plein de vagues en toute tranquillité, et nous avons été servis ! Nos jambes ont été mises à rude épreuve… Au lendemain de la session au Wavegarden, Paul a déclaré avoir mal « comme après une grosse journée de snowboard« .

Wavegarden est tout sauf une vague de blaireau. Cette vague plaira tout autant au surfeur moyen qu’au surfeur confirmé, mais il faut quand même avoir un minimum de background surfistique pour en profiter au maximum. La vague est avant tout une vague de haute performance pour la petite planche. C’est une vague à manœuvres.

Quelle planche pour Wavegarden ?
Mieux vaut choisir une planche type fish avec un peu de volume mais bien manœuvrable, plutôt que le shortboard classique. Ma GreenOne de chez NOTOX 6’0 x 19 1/2 x 2 3/8 avec round tail et avant élargi était la mieux adaptée à la vague.

Paul avait choisi un M10 Geoff Rash Hogfish 5’10 x 20 x 2 1/2. Après un essai en single fin, Tony a opté pour l’alaia qui s’est remarquablement bien comporté sur cette vague (il faut dire aussi que Tony touche sa bille sur son bout de bois !)

Surfer en eau douce n’est pas tellement différent du surf en mer; la plus grande vitesse de la vague compense peut-être la moindre flottabilité. La qualité de l’eau nous a paru tout à fait correcte. Il s’agit d’une eau de rivière non traitée mais renouvelée en permanence.

Sécurité
Wavegarden est une vague relativement safe. Le fond est plat, ce qui n’empêche pas de pouvoir s’y érafler. Et la profondeur d’eau, variable, est peu importante. Il faut donc éviter de tomber tête la première. Comme à chaque fois qu’on pratique le surf, le risque principal est de se prendre la planche sur la tête. Et c’est ce qui m’est arrivé ! Pour une fois que je ne mettais pas le casque, ma board m’a assommé après un wipeout en fin de vague. Bilan: un gros choc et une belle bosse frontale en souvenir. Ce qui m’a fait sortir le casque pour les vagues suivantes.

Un concept d’avenir
Wavegarden a trouvé une solution simple, économique et écologique de faire des vagues. Ce concept de vague en pleine nature donne une expérience différente de celle de la Mer, mais on ne se sent pas moins dans un environnement naturel, et on ressort de sa session régénéré et rempli d’énergie positive.

Wavegarden est une vague faite par des surfeurs pour les surfeurs. D’où l’intérêt d’envisager leur implantation près des spots de surf où il y a déjà des « clients » qui pourraient faire tourner le spot 24h/24, 7J/7. Une fois qu’on y a goûté, il y a quelque chose d’addictif dans cette vague et qui donne envie d’y retourner.

Wavegarden, c’est aussi un concept avec des activités possibles autour de la vague: potentiel pour du surf de nuit, du surf en musique, cadre idéal pour une journée entre amis ou en famille… Certains diront que ce n’est plus du surf, mais entre un skatepark en béton et un Wavegarden, il n’y a pas photo. Surtout qu’un Wavegarden coûte beaucoup moins cher ! Le budget pour construire un Wavegarden (moins de 5 Millions d’euros) n’a rien de faramineux quand on compare à des projets comme la Cité de l’Océan à Biarritz, par exemple.

Les flowriders et les piscines à vagues inconsistantes n’avaient pas complètement convaincu les surfeurs, mais avec Wavegarden, on a maintenant une technologie pour surfer une vague parfaite n’importe où il y aura l’espace suffisant pour en installer un. Ce qui est fou avec ce concept, c’est son potentiel pour faire encore mieux en fonction de la superficie disponible. Plus il y a de terrain, plus la vague pourra être longue, haute, et large. Reste maintenant à des investisseurs de se lancer en France pour en faire profiter le grand public.

A propos de l'auteur :

Médecin, surfeur, blogueur. Auteur des livres Surfers Survival Guide, Surf Thérapie et DETOXseafication.

 

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24 Commentaires

  1. Gregoire dit :

    Et le casque alors??!

  2. LordMacGodish dit :

    Qui a 5 millions d’euro et un bon terrain ? ^^

  3. Cedric dit :

    C’est clair ! Et le casque ?

  4. sebastien dit :

    ça fait drole de voir des vagues sur une eau verte

  5. E.M dit :

    Ya plus qu’à gagner à l’Euromillion 🙂

  6. Franck From BZH dit :

    Bonjour,

    Le projet semble intéressant, quand est il des saisons, l’hiver par exemple le gel…le vent aussi qui peu pourrir le plan d’eau, le coût par personne et le nombre de personne maxi, la durée autorisée..sur le papier et les faits c’est une belle machine à vagues écolo avec la possibilité de l’allonger mais est il possible de monter la hauteur? En tout les cas avec plus 200 000surfeur régulier en France le potentiel n’est pas énorme, perso je pense effectivement qu’en cas de flat j’irais faire une session pour une somme entre 10 et 20 euros pour 1H, car c’est environ le tarif pour A/R sur la côte…maintenant 3M c’est une belle somme et l’amortissement ne doit pas se faire en 5ans sinon il faudrait faire un CA supérieur à 20k/Hebdo…ça semble tendu pour des investisseurs sauf pour le qatar ou des parcs d’attraction genre disney… Je me demande si la machine à Kelly (qui tournera en rond je crois) sera aussi performante http://www.kswaveco.com/…bref c’est sympa en espérant que cela se développe autre part que dans le désert…

  7. amsm dit :

    Reportage et commentaires convaincants… Surtout cette saison fort piteuse en conditions de surf en Gironde.
    Attention aux effets secondaires des tests VIP solo car il faudra ajouter à vos sensations et impressions le prix d’entrée, le prix du parking, la durée limitée de présence sur site, le temps d’attente sur le ponton pour prendre une vague, le ralentissement de l’affaire à cause des nombreux échouages multiples et variés prévisibles, l’ambiance sonore d’un équipement de masse d’outdoor grand public touristique, les odeurs de chichis et de gaufres au Nut…, la densité de population requise pour rentabiliser, les activités et commerces associés autour,… On sera loin de l’ambiance nature et good vibs dans la réalité des simple men…
    Mais la bonne nouvelle c’est que c’est une vague qui se surfe vraiment!

  8. BApt dit :

    Bon ok ! Comment on fait pour y aller ?
    Pourquoi ils n’ouvrent pas au public ? !
    Ils ont pensé aux pauvres gens qui rêvent d’une vague comme ça depuis des lustres..
    Allez, dis Guillaume….: c’est quoi l’adresse ?..

  9. DrGonzo dit :

    Ah si j’étais riche! la la la la la la la la

  10. boris de biarritz dit :

    je suis un peu jaloux…. c’est toujours les même qui s’éclate…. ça à l’air bien marrant, mais je suis certain qu’une journée de temps en temps ça va…. pas tous les jours….
    de quoi bien s’amuser entre potes une 1/2 journée.
    Reste à voir la dose de carbone pour la journée…. plusieurs heures de voitures aller-retour…. + l’énergie pour créer les vagues.
    Je ne résisterai pas à essayer cette machine une fois…. 😉

  11. nagel dit :

    Visible sur google earth…

  12. Mouette dit :

    « Wavegarden a trouvé une solution simple, économique et écologique de faire des vagues. »

    Faire des vagues consommera toujours de l’énergie..
    Avez vous le détail de la consommation liée à votre session afin de compléter ce compte rendu ?
    Le travail fait sur WGarden semble avoir permis d’optimiser le rendement de l’installation ; reste que l’action naturelle du vent sur des centaines de kilomètres, à l’origine de toute vague usuelle, est bien loin d’être égalée.

    • Rémi Touja dit :

      Si je ne me trompe pas dans le calcul et d’après les données fournies par Wave Garden, leur bilan carbonne est 200kg de cO2 / heure de surf, soit l’équivalent d’une piscine sur une année.

      En gros c’est 8kg de CO2 par personne par session. Ils estiment le nombre de surfeurs à 30 par session. Une session dure 1h30.

      WG average energy/hour (kWh/h) 270,00
      No of surfers/hour 30,00
      WG energy/hour/surfer (kWh/h) 10,00
      Hours surfing at WG 1,50
      WG energy/surfer (kWh) 15,00
      CO2 emitted per session and person at WG (kg) 7,43

  13. euz64 dit :

    Le chantre de la planche « roots » sur une vague artificielle… Comme quoi ya que les imbéciles qui ne changent pas d’avis !

  14. david dit :

    Bon peut être que quelqu’un sur le forum peut me répondre:
    Comment le bassin se posititionne t il au yeux de la ddass?
    recyclage de l’eau , normes bactériologique, et microbiologique,
    systéme de traitement,
    L’état Français ayant assez réglementé ce genre de structures ouvertes au public.
    BAssin de baignade? ( le surfeur étant immergé par moment, restant en contact prolongé avec l’eau, étant ammené a ingurgité de l’eau.. )
    Bref je connais la réglementation des bassins privés à usage public, et si cela rentre dans ce cadre réglementaire , je leur souhaites bon courage.
    Dans le cas contraire, j’aimerai bien savoir quels est le cadre réglementaire de ces bassins
    merci!!

  15. david dit :

    merci boris
    oui le basssin est en espagne j’avais compris , qui plus est expérimental et non ouvert au public.
    oui je connais ce site , qualité des eaux de baignade naturelle..
    mais la il s’agit d’une structure privé ouverte au public et d’accès payant.

    regarde celui là

    http://www.sante.gouv.fr/piscines-et-sante-selection-de-textes-en-ligne,6276.html

    texte des baignades aménagées entre autre

    je doute fort que l’on puisse jeter des masses de gens toutes la journèe , toutes la soirèe, ( toutes la nuit?) dans un bassin fait pour être rentable sans controler la qualité de l’eau.
    je vois mal les agents de controle de la qualités des eaux laisser des gosse tremper sur la vague en fin de jeté ( la vague d’apprentissage) sans contrôler la qualité de l’eau.
    Qui dit controle, dit normes et pour répondre à ces normes , l’exploitant doit forcement mettre en place des systéme de controle de la qualité de l’eau. filtration, désinfection.
    et donc qu’elles sont les normes pour un tels bassin?
    A moins que l’on considère que le surf ne soit pas une activité aquatique.
    A moins que cela soit déjà prévu par le constructeur.
    sinon l’exploitant risque fort d’avoir plus a faire qu’une simple bache sur un terrain amménager et d’acheter la machinerie de la vague.
    mais bon je pense qu’ils ont du y penser…

  16. Quentin dit :

    Je connais l’adresse, une invitation pour aller le tester et je balance pas l’adresse ! ^^

  17. Bel article!
    Nous confirmons qu’un tel projet en France est bien plus onéreux que 5M et tous les aspects réglementaires et administratifs sont conséquents!
    Au passage vous pouvez jetter un coup d’oeil au projet de Surf Urbain à Paris => http://www.wavesincity.fr
    Surfiquement

  18. cyberjuls dit :

    Bonne banane sur les photos 😉

    Je constate qu’ils y a toujours des réticents qui disent que ça consomme, que ça pourrait sentir le chichi etc etc. Les mecs arrêtez svp, votre ordinateur consomme aussi, mais visiblement vous en avez un. je préfère mille fois des gars comme eux qui se sont donné les moyens de promouvoir une image respectueuse de la nature aux images des autres piscine à vagues. J’imagine juste le formidable outil promotionnel/pédagogique que cela va être pour le surf.

    Les vague type Kelly slater et Webber wave pool ont un impact sur site énorme (grosse cuve avec bord en béton) pour la consommation, hors exploitation réelle bon courage pour les calculs en dynamique des fluides sur les profils (certainement très jalousement gardés) utilisés. Je pencherais quand même pour un avantage au wave garden car moins de frottements sur les parois d’après les croquis des différents systèmes.

    Sur le wave-garden, d’après les vues aérienne j’imagine qu’il y a un couloir/dalle central(e) en béton plus profond sur lequel est tracté le profil. Au delà, visiblement c’est juste une bâche assez résistante. En clair impact minimal. Pas sûr que cette chose ai besoin d’une couverture vu la taille nécessaire. et en hiver y’a plein d’endroit ou l’on a pas 1m de glace, pour nos corps, ben on fera comme d’hab’ en combi.

  19. Arnaud dit :

    Si on connait l’adresse, on a le droit de se pointer pour visiter l’infrastructure et se poser pour regarder les autres surfer ?

  20. guiauchain dit :

    Hola
    je vais tester en octobre le wavegarden de Snowdonia en Engleterre, ouvert au public, eau à 14°….bouuuu
    je vous raconterais…

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