Nous avions relaté la détresse des surfeurs de Fukushima juste après le tsunami et la catastrophe nucléaire qui s’en est suivie. Deux ans après, même si la zone située autour de la centrale – où sont toujours rejetées des eaux radioactives – est interdite d’accès, les surfeurs ont repris leur activité non loin de là, comme sur le spot de Toyoma, situé à peine à 50 kilomètres de la centrale. Plongée dans le quotidien de ces surfeurs japonais qui, comme on l’imagine, se préoccupent plus de la pollution radioactive des eaux de baignade que de la pollution bactériologique

Toyoma est un spot idéal pour faire du surf, et les locaux n’ont pas résisté à retourner dans l’eau. La plage de Toyoma a été interdite au surf pendant 1 an après l’accident nucléaire de Fukushima de mars 2011, consécutif au séisme de magnitude 9 et au tsunami. Les autorités avaient rouvert la plage de Toyoma aux surfeurs en mars 2012, estimant que le gros de la pollution radioactive était passé.

« Je m’inquiète, mais pas au point d’arrêter de surfer. Si je devais m’inquiéter de tout ce que je mange, de là où j’habite, je stresserais trop. J’essaie juste de ne pas y penser, » déclare  le surfeur local Naoto Sakai, 31 ans. « C’est sûr qu’on peut paraître un peu cinglés mais pour nous, l’important, ce sont les vagues !« , rajoute Yuichiro Kobayashi.

Mercredi dernier, Tepco qui gère la centrale a pourtant reconnu que de l’eau hautement radioactive ayant fui d’un réservoir pourrait s’être écoulée dans le Pacifique. Et elle avait reconnu quelques semaines plus tôt que 300 tonnes d’eau souterraine contaminée s’écoulaient chaque jour dans l’Océan.

Surfeur et militant d’une association de protection du littoral, Yuichiro Kobayashi est devenu par la force des choses un waterman-testeur de la radioactivité des plages: il remet régulièrement des échantillons de sable et d’eau de mer prélevés dans la zone à l’Ecole Technique Supérieure de Fukushima qui fait les analyses.

Cette eau ne présenterait pas de danger, d’après les normes japonaises. Selon les derniers résultats publiés par le laboratoire universitaire – avant la dernière fuite – un litre d’eau de mer contenait 2,95 becquerels de césium 137 et 3,27 becquerels (Bq) de césium 134, soit un taux cumulé de 6,22 Bq par litre. Et les autorités japonaises considèrent comme « sûre » une eau de baignade où la radioactivité est inférieure à 10 Bq de césium par litre.

Yuichiro Kobayashi explique qu’ils ont des outils pour mesurer le césium, mais qu’ils n’ont rien pour évaluer la présence d’autres radioisotopes comme le tritium ou le strontium. Il aimerait que Tepco et les autorités prennent des mesures plus régulières et exhaustives de la pollution radioactive des plages. Il attend maintenant les résultats des analyses réalisées après la dernière fuite, mais il en faudrait beaucoup pour que ce quinquagénaire renonce à sa passion pour le surf.

Toshihisa Mishina, 42 ans, a repris le surf l’année dernière, plus ou moins rassuré par les niveaux de contamination publiés dans les médias. Mais pas question que son enfant de 12 ans aille à l’eau. « Je m’inquiète pour les plus jeunes, car s’ils sont exposés, cela pourrait les affecter à l’âge adulte« , déclare-t-il avant de se mettre à l’eau.

Les locaux reviennent petit à petit sur le site, mais la moyenne d’âge a augmenté car les plus jeunes n’y viennent plus.  Il n’y a plus les compétitions de surf organisées avant la catastrophe, et les commerces du secteur accusent le coup, comme ce surf shop à Iwaki, dont le gérant Etsuo Suzuki estime que son chiffre d’affaires a baissé de moitié.

Source AFP

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2 Commentaires

  1. clo dit :

    Au moins l’eau est chaude;-°)
    Sans rire,c’est ce qu’il risque de nous arriver(cf; centrale du Blayais). C’est étonnant comme plus personne ne parle du Problème (car s’en est un) nucléaire.Vive la Crise et la Guerre, au moins on oublie vite le reste…..

  2. DrGonzo dit :

    Au pays des vendeurs de centrale, on aimerait bien oublié que la catastrophe est toujours en cours!
    Encore une fois ça me rappelle d’aller voir se blogue qui se fait un devoir d’informer les francophones de la situation… http://fukushima.over-blog.fr/ petits extraits…

    « Des scientifiques chinois ont modélisé la diffusion du césium dans le Pacifique. Une reconcentration est possible à l’approche de l’Amérique en 4 ans. »

    « Le même genre d’étude a été menée par une équipe de l’université de Hawai et tombe à peu près sur les mêmes conclusions : les côtes de l’Amérique du Nord finissent par se trouver plus polluée que celles du Japon. »

    Il y a de quoi s’inquiéter donc aussi en Californie, au Mexique et à Hawaii notamment!

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