Film et texte touchants sur la thématique « surf et handicap » qui nous tient à cœur sur Surf Prevention. Filmé par Wanaii Films, ce court-métrage nous fait vivre une expérience de surf thérapie en Bretagne pour des personnes lourdement handicapées. On se rend compte par ces images que le surf est un moyen privilégié pour entrer en contact avec cet environnement si bénéfique qu’est l’océan.

« Dans l’eau tout est d’autant plus relié »

« Ce film constitue la mise en lumière d’une succession de belles rencontres.

Tout d’abord, celle avec Yoann Le Magadou, éducateur spécialisé à la Maison d’Accueil Spécialisée « Les Chants d’Eole » de Coallia à Léhon. Très investi dans la vie associative locale, surfeur et ami, avec qui nous partageons la même passion de l’humain. Rencontre avec son équipe : Cyril, Franck, Laëtitia, Amandine, sans lesquels les conditions de réalisation de ce projet n’auraient pas été réunies. La démarche fut initiée par Yoann, qui au regard de ce qu’il vivait au quotidien dans son métier et de nos échanges face à la mer, pressentait un intérêt thérapeutique pour ces personnes en situation de handicap lourd (déficience intellectuelle, troubles psychiques importants ou autisme).

Ensemble, nous avons élaboré pour ce public le champ des possibles aquatiques que peuvent offrir Surf Harmony et la Plage de Longchamp entre St-Briac-sur-mer et St-Lunaire. Dans sa structure, Yoann a dû bien sûr convaincre sa hiérarchie d’un tel intérêt, ne serait-ce que pour tenter une première fois l’expérience.

Surf Harmony a toujours perçu la pratique du surf comme un moyen d’améliorer sa vie. Une ouverture progressive à l’environnement, aux autres, à soi. Ainsi, étant aussi Sophrologue diplômé de l’Institut de Sophrologie de Rennes, je tente d’apporter de ces notions dans les cours de surf, avec philosophie et poésie parfois. Avec Yoann, nous nous sommes entendus pour que chaque séance soit une respiration à la fois ludique, rafraîchissante, apaisante et socialisante.

Personnellement n’ayant pas été au préalable confronté à ce type de handicap dans mes cours de surf, la première rencontre avec Michel, Yannick et Damien, fut forte en émotions. Revoyant au cours de la séance à chaque instant mes attentes. Merci alors à la sophrologie, la méditation, le surf, les voyages. Il faudra donc encore davantage qu’à l’habitude, s’adapter et faire avec. « Faire sans ou faire contre n’équivaut jamais à faire avec », était parmi ces phrases de la cabane cette année. Avec les rires et les peurs, les vagues et le calme plat. Et comme tout surfeur, c’est en étant en phase avec l’élément, avec l’autre, que la session prend sens.

Damien, Michel et Yannick sont accompagnés chacun individuellement dans l’eau.
Nous leur tendons la main, ils la prennent doucement ou nous éclaboussent avec un sourire.
Nous les allongeons sur la planche, si on y arrive!
Ils sont de ces surfeurs peu orthodoxes, cultivant chacun leur style : assis, sur le dos, sur le ventre, déjà une belle réussite et plein de sensations.

Nous sommes ainsi confrontés à leur difficulté de vivre leur corps. Au fil des séances, les contacts de la combinaison, de l’eau, du vent et de la planche, l’activité physique, semblent avoir contribué à délimiter ce corps, le ressentir, et peut-être, l’espace d’un instant à le libérer.

Avec Yoann, nous trouvons assez vite une harmonie entre nous. Lui hésitant moins à les lancer dans certaines vagues, une fois le surfeur arrivé au bord sans encombre, nous nous permettons aussi de rigoler beaucoup. Une bonne humeur qui semble se communiquer.

Un temps de pause au large tous ensemble, tranquilles.
Poser la tête, fermer les yeux, se laisser bercer par les vagues…
Respirer… toucher l’eau, accueillir toutes les sensations et écouter…

Les ouvrir et redécouvrir le paysage, entre la Pointe de la Garde Guérin et celle du Décollé, au loin le Cap Fréhel.

Une course de rame ludique avant la dernière vague. Un sourire de Yannick, Damien ou Michel, et la vague prend sens. La communication est plutôt non-verbale, d’autant plus réelle, les corps fatigués et exaltés s’expriment allant à l’essentiel.

Chaque éducateur est aussi beaucoup sollicité physiquement. Tant que les surfeurs sont bien dans l’eau nous en profitons pour essayer de leur apporter quelque chose, jusqu’à ce que le froid et la bonne fatigue nous ramènent sur la plage. Et comme tous, le goûter sur les transats sera l’ultime plaisir de l’après-midi.

Pour ma part, j’ai eu cette impression qu’à chaque séance, par une présence bienveillante, au-delà nos handicaps et différences, d’un regard nous pouvons toucher ce qui nous relie profondément en tant qu’êtres humains.

La dernière belle rencontre fut donc celle avec Jeremie Eloy. Intéressé par ce projet alliant le surf et le handicap, il nous demanda d’assister à une séance. Plutôt silencieux, lui aussi semblait déjà percevoir la légèreté et la profondeur pouvant se dégager de la nature, des personnes. Professionnel de kitesurf ayant créé Wanaii Films, Jeremie a su poser son regard avec discrétion et sensibilité, exprimant à son tour pleinement son style en images. Il nous offre ainsi à Yoann et moi, l’occasion de partager cette expérience humaine.

C’est donc avec plaisir qu’aujourd’hui, nous partageons avec vous ce moment de vie. »

Morgan Menez
Surf Harmony

surf et handicap

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