sauvetage cotier

Avec les changements de pratiques et de fréquentation des plages, la réduction de la présence des MNS-CRS, et le boom du sauvetage côtier dans les clubs, il serait temps de donner toute sa place à cette discipline en lui donnant les moyens de se développer et de se structurer. Nous avons posé six questions au Collectif NSA (Nageurs Sauveteurs Aquitains) qui propose des idées pour dynamiser le sauvetage côtier dans le sud-ouest et au-delà.

Pourquoi créer un collectif de sauveteurs aujourd’hui ?

Le Collectif NSA s’est créé en 2015 (sur les trois communes d’Hossegor, Capbreton, Seignosse) face à la nécessité, l’urgence, d’inventer un renouveau du sauvetage sur nos plages, face à une situation totalement nouvelle (fréquentation exponentielle et à l’année des plages, pratiques désuètes, départ programmé des CRS…). Nous nous voulons force de proposition, boîte à idées, source d’innovation et espace de dialogue citoyen avec ceux qui utilisent la plage, ou qui sont soucieux de la sécurité (élus, MNS, pompiers, SNSM, surfeurs, baigneurs, préventeurs, scientifiques, médecins, plagistes, professionnels du tourisme, responsables-sécurité…). La mission du Collectif est aussi de proposer des pistes d’améliorations à l’attention des élus des communes littorales d’Aquitaine, dont les plages sont particulièrement dangereuses. C’est pourquoi nous avons remis à plusieurs élus et responsables un rapport de 70 pages couvrant les différents aspects du sauvetage sur lesquels il semble possible d’apporter tout de suite des améliorations bénéficiant à tous.

Quelle est votre priorité ?

Nous devons répondre à une situation nouvelle : nos plages sont de plus en plus sillonnées été comme hiver et les pratiques se multiplient (planches, kayaks, etc.). Avec les épisodes de fortes chaleurs, on voit des foules de tous âges se baigner hors saison. Les communes peuvent être tenues, légalement, de mettre en place des zones surveillées. Notre priorité est d’améliorer la sécurité, de sauver des vies.

La notion de sécurité sur les plages doit évoluer de toute urgence, car nous fonctionnons encore sur des critères du passé, notamment en matière de flexibilité des périodes de surveillance, mais aussi de visibilité des zones de bain. Nous souhaitons proposer de nouvelles techniques de sauvetage encore trop peu utilisées par les sauveteurs professionnels (paddle, bouée-tube, jet-ski, IRB gonflable, drones), ainsi que des relais internet et smartphones pour améliorer la prévention et la sécurité. D’autre part, nous poussons nos élus à envoyer, dès la saison estivale 2016, un signal fort à destination des baigneurs, en remplaçant nos bons vieux drapeaux « bleu-invisible » par de grandes flammes rouge et jaune, comme dans le reste du monde.

Que proposez-vous à long terme ?

Le moyeu central de cette démarche passe nécessairement par la création d’un Pôle de formation et d’innovation consacré au sauvetage. Cela permettrait de former non seulement des sauveteurs d’élite, mais aussi de privilégier la prévention par la sensibilisation des populations, les jeunes en particulier, aux risques liés à la mer. Les professionnels de la mer y trouveront des réponses aux dangers qui sont les leurs. Un tel pôle servira aussi de laboratoire d’innovation pour améliorer le sauvetage et tout ce qui orbite autour. Grâce à de tels atouts et aux sauveteurs d’exception de la côte aquitaine, la sécurité de nos plages peut devenir un formidable produit d’appel touristique pour la région entière. D’où la création du label « Pays des sauveteurs », image positive pour notre littoral et valorisante pour les sauveteurs.

Au sujet de la sécurité, qu’entendez-vous par « produit d’appel » touristique ?

Dans les années à venir, le contexte international fragile et la baisse du pouvoir d’achat vont pousser le touriste européen à privilégier des destinations plus proches et plus sûres. Selon l’Organisation Mondiale du Tourisme, la sécurité est en passe de devenir la condition numéro un dans le choix des destinations, devant l’environnement. En Aquitaine, nous avons les plus belles plages sauvages d’Europe et les meilleurs nageurs sauveteurs du vieux continent. L’association des deux critères peut être un atout économique puissant.

Parlez-nous de votre approche citoyenne ?

Le Collectif souhaite proposer des formations de sauvetage et de sécurité aux riverains comme aux usagers des plages (y compris pour des activités périscolaires) ainsi qu’aux professionnels de la mer (surfeurs, pêcheurs, marins, plongeurs, plaisanciers) pour qu’ils deviennent acteurs de leur propre prévention. Un exemple : la plage est à la fois un lieu réglementé d’une commune et un espace de liberté. Pour répondre à cette particularité unique, nous avons mis au point une formation totalement novatrice, afin de créer un nouveau maillage de la surveillance des plages basé sur la citoyenneté.

L’accès à ces connaissances présente divers avantages : on améliore la prévention et les conditions de sécurité, on favorise le développement économique et l’on crée du lien social, de la solidarité, entre les populations du littoral. Ces avancées peuvent rayonner vers d’autres domaines connexes comme la sécurité civile, la montagne ou d’autres activités en milieu naturel. Dans ce domaine, l’Aquitaine peut s’appuyer sur des sauveteurs reconnus mondialement.

Où en est le projet ?

Nous avons rencontré des élus, des sauveteurs, des responsables de la sécurité, des baigneurs, et le projet entre maintenant dans sa deuxième phase. Nous voulons commencer à dialoguer avec le public cet été pour le préparer à une évolution dans les années à venir. Notre priorité, à présent, est de construire les bases d’un Pôle de Formation et d’Innovation Sauvetage avec toutes les bonnes volontés, de façon à ce qu’il voie le jour dès 2017.

Contact Collectif NSA : collectifnsa@gmail.com

Marc Muguet et Hugo Verlomme

Photo : Marc Muguet et Hugo Verlomme du collectif NSA.

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