Pendant l’été 2012, sur 1087 noyades recensées, 140 étaient dues aux courants, notamment à ceux des baïnes (bassines en gascon) océanes et 31 personnes sont décédées des suites de la noyade. Cette année, on déplore déjà plusieurs victimes qui ont trouvé la mort après avoir été prises au piège d’une baïne, comme cette jeune femme emportée à Lacanau le 16 juin. La plupart de ces accidents mortels pourraient être évités si seulement tous les baigneurs comprenaient comment une baïne fonctionne.

Il ne faut pas croire que seuls des touristes se font avoir, puisque la moitié des victimes des baïnes vivraient dans le département où a lieu l’accident. Il y a un travail de sensibilisation et de prévention permanent à effectuer pour que tous les usagers des plages apprennent à reconnaître et à se sortir indemne d’une baïne.

Dans ce reportage très instructif de France 3 Aquitaine, le MNS Kevin Van Der Schueren raconte l’organisation des sauveteurs et les signes d’alerte de noyade qui ne sont pas toujours évidents à reconnaître.

Arnaud Nuter, chef de poste au Cap Ferret, précise que la zone de baignade est préférentiellement installée au niveau d’un banc de sable où cassent les vagues (parfois au grand dam des surfeurs…) car une zone où les vagues ne cassent pas est suspecte d’être une baïne.

Bruno Castelle de l’équipe METHYS (Modélisation, Expérimentation et Télédétection en HYdrodynamique Sédimentaire) à l’Université de Bordeaux I étudie les baïnes depuis plus de 15 ans et il explique très bien le phénomène:

« On trouve des baïnes tout le long du littoral aquitain sur les plages ouvertes. Ce sont de grosses cuvettes qu’on retrouve en moyenne tous les 350-400 mètres [en Gironde et dans les Landes]. On peut retrouver cette forme de corps sableux sur le Pays Basque, même si ils sont moins développés et moins visibles puisque les morphologies des plages sont légèrement différentes. Le courant de baïne n’est pas un courant induit par la marée. L’impact de la marée montante ou de la marée descendante est relativement léger. Le moteur du courant de baïne, c’est essentiellement les vagues.

En moyenne le courant de baïne est maximum entre la mi-marée et la marée basse. Quand vous êtes pris par le courant de baïne, il y a une certaine proportion de chances pour que vous reveniez au bout d’une dizaine de minutes. Mais parfois, on peut être expulsé à 100, 200 ou 300 mètres au large de la zone de déferlement. Le courant de baïne n’est pas un courant stationnaire qui est à 1m/seconde tout le temps; c’est un courant qui pulse: à un moment il va être à 20 cm/seconde et d’un seul coup il va pulser à 1m20/seconde pendant 10-15 minutes, et c’est dans ces moments-là que vous pouvez vous faire expulser très loin. »

Jean-François Deloume du site Lacanau Surf Info, explique que les surfeurs utilisent les baïnes pour aller au large prendre des vagues. Les surfeurs sont un peu les « Saint-Bernard » de l’Océan car même s’ils vont avant tout dans l’eau pour prendre du plaisir, ils se retrouvent régulièrement à porter assistance et à sauver des vies.

Une brochure de prévention du danger des baïnes a été éditée à 100.000 exemplaires par la préfecture de Gironde. Téléchargez ces conseils de prudence face à un courant de baïne ici: Baïnes 2013 (PDF version française).

Cette prévention reste à inculquer à tous les enfants qui pourraient apprendre les dangers de l’océan dès l’école primaire, comme cela se fait déjà dans certaines classes à Biarritz.

Photo Yannick Lavigne / France 3 Aquitaine.

En savoir plus: – Comment sortir d’un courant de Baïne ?

A propos de l'auteur :

Médecin, surfeur, blogueur. Auteur des livres Surfers Survival Guide, Surf Thérapie et DETOXseafication.

 

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2 Commentaires

  1. Thomas dit :

    On peut aussi parler des courants de digues / enrochements. On a sorti 2 mecs en 15 minutes face à un enrochement parallèle la plage à Palavas. 1 avec les planches, bataille de 5-10min il en pouvait plus, et l’autre par les rochers une fois qu’il a réussi à se faire lacérer le dos par les moules et autres…
    Configuration du spot : plage en demi-lune avec la digue parallèle et une perpendiculaire, un gros courant sur chaque une, mais un qui ramène devant les fameux rochers les nageurs qui vont à 5m du bord avec tout juste 1m20 de vague…

  2. Quentin dit :

    Les Baïnes sont aussi très utiles pour les surfeurs flemmards qui aiment utiliser le courant à leur avantage pour passer la barre !

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