Le Japon après-coup – Voici un extrait de l’interview passionnante d’Hiromi Matsubara (sur la photo ci-dessous prise en Australie), leader de Surfrider au pays du Soleil Levant. Entretien à retrouver en intégralité sur le blog de Surfrider. Le 11 Mars 2011, un terrible tsunami a dévasté le Japon. L’île a vu l’une des heures les plus  terrifiantes de sa longue histoire. Dans un pays habitué aux tremblements de terre, les bilans sont lourds tant en pertes humaines qu’en termes de dégâts environnementaux.

Sur son site officiel, Surfrider Japon maintient son optimisme dans un célèbre proverbe japonais : « Nana Korobi Yaoki » : « Tombe sept fois, relève-toi huit ». Le peuple japonais apparait calme aux yeux des occidentaux, mais la réalité est toute autre. Comme si les sourires pouvaient effacer la douleur, c’est aujourd’hui un pays en pleine reconstruction.

Cette catastrophe naturelle met en avant plusieurs des préoccupations du programme anti-nucléaire de Surfrider Japon. Rappelons que la branche nippone a lutté pendant des années pour arrêter les rejets du réacteur de Rokkasho. Rencontre avec Hiromi Matsubara, directrice exécutive de Surfrider Japon.

– Hiromi, le 1er mai dernier, vous avez rencontré la communauté Surfrider de Sendai, quelles ont été vos premières sensations?

C’était très choquant et déprimant, même deux mois après le séisme et le tsunami. Je n’ai jamais été en zone de guerre ni même dans un camp de réfugiés mais cela y ressemblait. Tout était couvert de boue, de débris ;  des maisons et des camions étaient éparpillés un peu partout et tout cela ressemblait à la fin du monde.
Les habitants se sont montrés très courageux et ont surmonté leurs peurs et soucis. Ils ont également été très accueillants au moment de notre visite. Si ce que je voyais m’a beaucoup émue, j’ai également été très touchée par leur accueil et leur en suis très reconnaissante.

– Les événements de Mars ont-ils profondément modifié la face du Japon? Ces changements sont-ils à échelle nationale ou seulement régionale (dans les zones touchées)?

Certains changements sont profonds, en particulier les plages au Nord, près de Sendai, Fukushima et Miyagi. Personne ne sait à quelle vitesse les plages peuvent être nettoyées ni même s’il y a des chances que nous allions surfer sur ces plages à nouveau. Personne ne le sait pour 4 raisons :

Premièrement la priorité pour les habitants est de survivre et de maintenir leurs conditions de vie. Les zones résidentielles viennent en premier. Nettoyer les plages, pour le surf, perçu comme un pur plaisir, n’est pas une priorité pour une majorité de la population et nous devons respecter cela.

Deuxièmement, il y a une pénurie importante de bénévoles, de ressources et de financement pour être mettre en œuvre des nettoyages le long des plages et des côtes.

Troisièmement, il y a beaucoup de débris qui flottent ou ont coulé. Je pense que c’est un point crucial pour Surfrider.  D’importants morceaux de métal dépassent du sable comme des voitures ou des camions, probablement enterrés ou coulés dans le tsunami. Personne ne le sait, à moins de plonger et vérifier sous l’eau.

Quatrièmement, il n’y a pas que des débris, les canalisations ont également été fortement endommagées et beaucoup de matériaux toxiques et de pollution se sont infiltrés dans les océans. La qualité de l’eau n’est donc plus suffisante pour surfer.

Ces multiples raisons expliquent les profonds changements sur les plages locales. À travers le Japon, de par la situation encore dramatique des plages locales dans le Nord après un mois et demi, les surfeurs nippons sont toujours dans une sorte de deuil. En signe de respect envers les victimes du Tsunami, ceux-ci ne sont pas certains de se  baigner ni de surfer dans cette eau. Les surfeurs pourraient être considérés comme stupides, ignorants et irrespectueux pour aller dans l’eau, comme nous sommes encore à expérimenter les conséquences. Certaines personnes sont très prudentes pour le surf. En plus de cela, la pollution de l’usine nucléaire de Fukushima est toujours d’actualité. Certaines personnes ont réalisé des tests de radioactivité dans l’eau. D’autres comptent sur les sources gouvernementales ou officielles et pensent que cela est sûr. C’est pourquoi les gens ont commencé à retourner dans l’eau. Mais il y a une phobie nationale et une théorie de conspiration entourant la sécurité de l’eau et comment les déchets radioactifs peuvent affecter la santé humaine dans le long terme. Cela a aidé la sensibilisation et la prise de conscience de l’importance de l’énergie nucléaire et de ses dangers, pouvant causer des dommages importants tant sur terre qu’en mer.

Retrouvez l’intégralité de l’interview sur le blog de Surfrider Foundation Europe : http://blog.surfrider.eu/2011/06/14/hiromi/

Lire aussi : Hommage aux surfeurs disparus de Fukushima.
eRéférendum pour ou contre le nucléaire.

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