Ce n’est pas encore une certitude selon les autorités, mais la présomption s’est encore renforcée suite à la publication hier soir des derniers résultats d’analyses des sangliers morts : les algues vertes, par l’intermédiaire du gaz issu de leur décomposition, l’hydrogène sulfuré (H2S), pourraient bien être responsables de la mort des animaux. Les résultats de dernières analyses toxicologiques sont encore attendus pour confirmer définitivement cette hypothèse.

Rappelons que 36 sangliers au total avaient étés retrouvés morts à Morieux dans l’estuaire du Gouessant au mois de juillet dernier sans qu’aucune explication rationnelle n’ait été apportée dans un premier temps. Même si les algues vertes étaient le suspect numéro un depuis le début de cette affaire, différentes hypothèses avaient été évoquées comme une intoxication aux cyanobactéries (écartée depuis), un enlisement dans la vase avec étouffement ou même un empoisonnement volontaire…

L’examen des estomacs de sept des trente-six sangliers n’a retrouvé aucune trace de poison, d’insecticide ou d’anticoagulant. Ce qui est maintenant certain par contre est que l’hydrogène sulfuré a bien été retrouvé à des concentrations élevées dans les poumons des sangliers et qu’il est « la cause la plus probable » de leur intoxication mortelle. Un taux d’H2S très important a même été décelé chez un ragondin retrouvé mort dans la même zone : 2,45 mg/kg, soit une dose beaucoup plus élevée que celle qui avait conduit au décès d’un cheval mort en juillet 2009 (1,18 mg/kg).

Ironie du sort, cette hécatombe de sangliers survenait quelques jours après l’intervention de Nicolas Sarkozy à Crozon qui avait stigmatisé les « intégristes » de l’écologie investis dans la lutte contre les algues vertes. Après ces dernières informations, il se pourrait que le chef de l’état et sa ministre de l’Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet aient à revoir leur copie pour éradiquer ce fléau en amont, en se penchant notamment sur un projet controversé d’assouplissement des règles d’épandage.

Pour le moment, on traite surtout les conséquences en organisant un ramassage des algues vertes. Mais comme on ne peut pas les ramasser partout, il faut fermer des plages en interdisant l’accès au public. Il est bien triste d’en arriver là alors qu’il serait tellement plus logique de traiter les causes.

Les dangers pour la santé de ces algues vertes semblent désormais avérés après les décès d’un cheval, de chiens, de sangliers…et peut-être aussi d’un homme, Thierry Morfoisse, un chauffeur de benne de 47 ans victime d’un infarctus du myocarde et qui aurait pu être intoxiqué par l’hydrogène sulfuré en 2009.

Le plus effarant est qu’il faille en arriver à des cas mortels pour commencer à prendre des décisions concernant cette pollution par les algues vertes qui empoisonne la Bretagne depuis plusieurs décennies déjà. Les algues vertes constituent une pollution bien visible et potentiellement mortelle par intoxication aiguë et pourtant les mesures effectives tardent à entrer en vigueur pour les éradiquer.

Dans ce contexte de déni de la pollution et de relégation des impératifs de santé publique au second plan, on imagine que l’autre scandale de la pollution chimique des eaux de baignade – invisible et beaucoup plus insidieuse – n’est pas près d’être pris en compte…Comme si les intérêts économiques primaient sur la santé de ceux qui vivent au contact du bord de mer.

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2 Commentaires

  1. Christian Champaud dit :

    Allons, pas de quoi s'énerver, je connais la solution à tout ça. Il suffit d'interdire les plages aux sangliers…

  2. Geopi dit :

    Peut être qu’en rationalisant un petit peu on constaterai que les sangliers par leur comportement (surtout pour chercher la nourriture), les rendent plus vulnérable aux algues. Si la plupart des autres animaux se protègent par instinct ne serait-ce en sentant l’odeur de décomposition des algues. le risque écologique à terme n’est peut être pas aussi prioritaire par rapport à d’autres situations qui sont elles, dramatiques.

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