Dans Surf Aptitude, un guide de 74 pages qui vient de paraître, le psychologue Olivier Garcia nous donne des pistes très intéressantes pour développer le mental indispensable à l’optimisation de nos performances sur les vagues, que l’on soit surfeur libre ou compétiteur. Ce livre très agréable à lire est agrémenté de témoignages de surfeurs comme Xabi Lafitte, Manu Portet ou le jeune espoir Thomas La Fonta qu’Olivier Garcia a suivi pendant toute l’année 2010. Voici un extrait du livre où il est question d’imagerie mentale, un sujet qui nous intéresse tout particulièrement sur Surf Prevention :

S’améliorer dans son canapé grâce à l’imagerie mentale : le surfeur a intérêt à collaborer avec un psychologue.

Pratiquement tous les surfeurs se servent de manière intuitive de l’imagerie mentale alors que les surfeurs de très haut niveau le font de manière plus systématique. L’imagerie mentale se caractérise par la représentation mentale d’un mouvement ce qui activerait un large réseau de zones cérébrales similaire à celui activé lors du mouvement réel (Decety et al., 1994).

L’intérêt principal de l’imagerie mentale en surf est d’améliorer ses manœuvres et d’en apprendre des nouvelles. Avant la compétition l’imagerie vous permet de visualiser et ressentir les manœuvres avec l’avantage aussi de focaliser votre attention et vous sentir en confiance. Elle permet aussi de consolider ses acquis moteurs en se rappelant de ses meilleures prestations et de ne pas les perdre en cas de blessure.

« Avant une série je me voyais sur la vague et je la sentais dans mon corps. Personne ne me l’a jamais dit ou expliqué mais je le faisais systématiquement. Je pense que quand tu arrives à ça, techniquement, tu as passé un cap. » Stéphane Delclos

On peut distinguer deux types d’imagerie :

– L’imagerie interne : c’est quand on voit l’image comme de ses propres yeux. On s’imagine dans son corps en train de surfer pouvant regarder autour. Ce type d’imagerie permet de ressentir les sensations corporelles que procure le surf, de moduler son niveau d’activation et de prendre conscience de ce qui se passe autour.

– L’imagerie externe : c’est quand on se voit de l’extérieur, comme à la TV, filmé de la plage. Ce type d’imagerie serait profitable pour améliorer son timing et sa position sur la vague et corriger ses défauts techniques.

Cependant, selon les individus, tel ou tel type d’imagerie sera naturellement utilisé avec plus ou moins de facilité et d’efficacité. C’est pourquoi utiliser les deux types rendra la technique plus efficace.

Comment pratiquer l’imagerie mentale ?

Pré-requis :

• S’installer confortablement et se relaxer par une respiration lente et profonde si on est débutant.

• En cas de difficulté à former des images, les débutants peuvent esquisser ou mimer les mouvements. Se dire qu’avec la pratique les capacités d’imagerie s’améliorent rapidement.

• Rechercher des images nettes et précises en utilisant tous les sens. Les surfeurs auront tendance à privilégier les informations visuelles sur la vague et la sensation des appuis sur la planche et de glisse mais il faut arriver à intégrer le bruit, les couleurs, les odeurs, le goût du sel, les conditions atmosphériques et les sensations musculaires et articulaires.

• Rechercher pendant l’imagerie à ressentir les émotions (par exemple sentiment d’excitation avec les poils qui se hérissent et sensation de chaleur dans la poitrine) et identifier les pensées liées aux émotions.

• Profiter des vidéos nombreuses de surfeurs experts pour reproduire mentalement les séquences motrices. Chronométrer votre durée d’imagerie et comparer avec la durée du passage vidéo servant de modèle pour apprécier vos progrès en imagerie mentale. Être bien sûr de reproduire mentalement des modèles sans défauts techniques ou en ayant identifié clairement les défauts sur les vidéos de vous-même.

Essayons :

« Je commence par me voir comme dans un film : je vois clairement la vague, son déferlement, sa couleur, les reflets du soleil – j’entends le bruit un peu sourd de la vague – je vois la couleur du ciel en arrière-plan – je me vois surfer parfaitement cette vague en exploitant au maximum ses sections et son énergie – je trace des lignes idéales en choisissant une prise de rail optimale – je me vois sur cette vague de profil, puis en prenant de la hauteur, vu de devant, vu de derrière. Je change avec l’imagerie interne : je sens la vague, je fais corps avec elle – je sens mes appuis sur la planche – je sens la glisse et l’énergie de la vague – je vois les sections qui s’ouvrent devant moi et je ressens d’instinct la manoeuvre à effectuer – je ressens mes muscles qui s’activent puis se relâchent pendant la manoeuvre – je ressens mon maintien d’équilibre défiant la gravité et jouant avec la vague – je sens que ma manoeuvre a parfaitement anticipé le déferlement de la vague – je ressens une excitation agréable – j’ai un sentiment de puissance et de confiance. »

Quelques minutes de pratique d’imagerie par jour sont réputées efficaces d’autant plus que l’imagerie est combinée avec la pratique réelle des points à améliorer.

Olivier Garcia : Thomas, il faut avouer qu’essayer de te faire travailler l’imagerie est un défi. Tu n’as pas de prédispositions pour l’imagerie interne et tu n’as pas non plus fait l’effort de t’améliorer.

Thomas La Fonta (l’air coupable) : C’est vrai je sais exactement où sont mes membres dans l’espace pendant mon surf mais en imagerie je ne retrouve pas les sensations d’appuis sur l’eau, je ne sens pas mes muscles ou articulations comme tu as essayé de me faire travailler.

Olivier : Par contre tu utilises maintenant l’imagerie externe de manière plus systématique mais davantage pour conforter des acquis que pour de nouveaux apprentissages.

Thomas : Oui maintenant, quand j’ai bien surfé une vague je me la refais immédiatement dans ma tête en essayant de voir ce que ça donnerait en vidéo.

Olivier : La vidéo, parlons-en. As-tu reproduit mentalement des séquences des surfeurs pro. ?

Thomas : Oui si je prends mes deux surfeurs préférés qui sont Jérémy Florés et Mick Fanning, j’arrive à m’inspirer et à reproduire mentalement le surf de Jérémy Florés qui a un surf fonctionnel et qui correspond peut-être mieux à mon style. Mais pour Mick Fanning que j’admire, j’ai plus de mal à me projeter et donc à reproduire mentalement son surf.

Olivier Garcia exerce comme psychologue au Centre Hospitalier de la Côte Basque. Il est spécialisé en psychologie du sport, neuropsychologie et psychothérapie comportementale et cognitive. Olivier Garcia utilise l’activité physique et sportive pour promouvoir la santé chez ses patients. Il propose une optimisation de la performance en surf au sein du Bidarteko Surf Club. Vous pouvez commandez son livre en cliquant ici.

Thomas La Fonta né le 15 Avril 1991 est un jeune surfeur qui a débuté à l’âge de 9 ans. Licencié au Bidarteko Surf Club, Thomas est un surfeur passionné et talentueux qui a été sacré champion d’Aquitaine espoir en 2009. Il a remporté le Pro Junior de Santander en 2010. Voir Thomas en action à Lafitenia dans la vidéo YouTube ci-dessous. A suivre sur le blog http://bidartbrothers.com .

Thomas Vainqueur junior tour Lafiténia from Antoine Justes on Vimeo.

A propos de l'auteur :

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1 commentaire

  1. Tatou dit :

    Salut!

    Ce sujet m'intéresse depuis longtemps dans le domaine du surf mais aussi dans celui de la musique et de la pratique d'un instrument.
    J'ai toujours pensé que pour le surf, ces techniques pouvaient êtres particulièrement utiles car elles permettent de surfer mentalement pendant de longues minutes alors que dans la réalité le temps de surf effectif au cours d'une session est plus réduit. De ce fait une progression liée au travail mental peut avoir lieu.
    De mes quelques connaissances sur le sujet je peux conseiller à ceux qui veulent s'y mettre de se visualiser à la première personne. C'est-à-dire, ne pas se voir depuis l'extérieur comme si l'on regardait une vidéo de soi, mais être dans son corps pendant la visualisation, et voir avec ces propres yeux.
    Essayez également de travailler un mouvement précis (exemple cut-back front side) que vous aurez préalablement décortiquée avec une vidéo de pros (avec des ralentis) juste avant le travail mental.
    Il existe un livre très intéressant qui aborde ce sujet parmi d'autres: Vaincre le trac de Michel Ricquier et "l'utilisation de vos ressources intérieurs" du même auteur.

    Merci à Surf prévention pour ses excellents sujets.

    Tatou

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