C’est une histoire de survie en mer assez extraordinaire qui est arrivée au surfeur sud-africain Brett Archibald, 50 ans, alors qu’il venait de partir en boat trip depuis Padang (Sumatra) pour les îles Mentawaii avec des amis sur le bateau Nagu Laut.

Mardi 16 avril, en pleine nuit, alors qu’une tempête agite l’océan, Brett Archibald est pris de mal de mer. Il va sur le pont prendre l’air mais il est éjecté par-dessus bord vers 3 heures du matin alors que tout le monde dort sur le bateau…

Ce n’est que plusieurs heures plus tard, alors qu’ils arrivent sur le spot de surf, que ses camarades se rendent compte de sa disparition: Brett Archibald n’est ni dans sa couchette, ni sur le pont supérieur.

Ils alertent immédiatement les garde-côtes et les autres bateaux qui croisent dans les environs pour participer aux recherches et ils cherchent à retracer leur chemin pour revenir sur leur sillage.

Après une journée entière de recherches intensives, les espoirs s’amenuisent de retrouver Brett Archibald vivant alors que la nuit tombe de nouveau.

Mais 28 heures plus tard, le mercredi 17 avril au matin, le surfeur sera miraculeusement retrouvé par le bateau Barrenjoey* – épuisé, déshydraté, blessé, et brûlé par le soleil, mais vivant !

A peine monté à bord du Barrenjoey, Brett Archibald a pu raconter par téléphone ce qui lui était arrivé à Australian Surfing Life (ASL):

« Nous faisions une traversée difficile, la mer était très mauvaise. Je suis monté sur le pont pour faire pipi et boire un peu d’eau. C’est là que j’ai réalisé que j’avais vraiment le mal de mer. J’ai eu deux gros vomissements, puis je crois que j’ai perdu connaissance…  Je ne me souviens pas être passé par-dessus bord…  Quand tu tombes, tu t’en rends compte, tu essayes de t’accrocher à une corde ou à quelque chose. Quand j’ai repris mes esprits, j’étais dans l’eau sans gilet de sauvetage, et le bateau était déjà à 100 mètres de moi… Il était 3h15 du matin, il y avait un orage sinistre, et je me retrouvais au milieu de ce détroit dangereux (cf. carte). Quand j’ai vu le bateau s’éloigner, j’ai bien cru que tout était fini.

Il n’y avait pas d’île à moins de 15 kilomètres, mais je me suis résolu à rester calme, en espérant que quand le bateau aurait réalisé que j’étais tombé, il ferait demi-tour. Quand ils ont fini par revenir, ils sont passés à moins de 250 mètres de moi, mais ils ne pouvaient pas me voir parce que la houle était trop grosse. Quand ils m’ont dépassé, j’ai su que j’étais vraiment dans la mouise.

La seconde nuit fut un carnage. J’avais des requins qui me frôlaient, je me suis fait piquer par une méduse, et des mouettes essayaient même de s’attaquer à mes yeux et m’ont fait des plaies profondes au niveau du nez.

C’était incroyable, totalement incroyable. J’ai laissé tomber à un moment. Je suis allé sous l’eau et je me suis dit « je laisse tomber, je ne peux plus continuer ». Mais je n’arrivais pas à me noyer car mes poumons ne voulaient pas de l’eau et je remontais sans cesse à la surface. Je me suis alors repris et je me suis dit à moi-même: »Okay, nous avons besoin de poursuivre », et j’ai continué à nager et à faire du sur-place.

J’ai aperçu des îles et j’ai essayé de nager vers elles mais le courant était trop fort. Je me suis laissé flotter avec le courant. Le matin j’ai aperçu d’autres îles, mais je ne pouvais pas non plus les atteindre.

Je n’ai absolument rien trouvé pour m’aider à flotter. Je ne pouvais pas y croire, d’habitude on voit des déchets partout, mais là je ne voyais pas le moindre bout de bois, ni boogie board ni quoi que ce soit. Je n’ai pas vu un seul détritus, pas même un bout de papier. Et j’ai dérivé pendant 28 heures et demie. »

ASL: Combien de temps auriez-vous pu tenir comme ça ?

« Le corps humain est une machine étonnante, surprenante. Je ne crois pas que j’aurais pu tenir beaucoup plus aujourd’hui. Avant la nuit suivante,  je serais probablement mort.

Je devais trouver mon rythme, je restais immobile pendant 5 minutes, puis je nageais. J’ai vu la terre à 5 reprises, mais je ne pouvais jamais m’en rapprocher car les courants me repoussaient à chaque fois.

J’ai vu un bateau de pêche et je pensais qu’il allait pouvoir me récupérer, mais il a changé de route et je ne l’ai plus revu.

Puis enfin, le bateau providentiel sur lequel je suis maintenant (le Barrenjoey), qui est sorti de nulle part.

Le capitaine, Tony Eltherington, avait organisé toute la recherche et le sauvetage, et ce sont eux qui m’ont trouvé. Quand j’ai vu leurs mâts, j’ai nagé vers eux. Manifestement ils essayaient de me trouver mais ils n’arrivaient pas droit vers moi et ils risquaient de me louper de 200 mètres. Comme je ne pouvais pas siffler car ma bouche était trop sèche, j’ai appelé à l’aide. Le capitaine m’a entendu mais ne me voyait pas ! Ils ont finalement réussi à repérer d’où venait le bruit et m’ont vu avec leurs jumelles et sont venus me récupérer. Je peux vous dire que je n’ai jamais été aussi heureux de voir un bateau de toute ma vie, malgré le fait qu’il soit rempli d’Australiens ! Je suis maintenant un Aussie converti, j’adore ces gars !

Les premières images du sauvetage de Brett Archibald:

Heureusement il y avait un médecin à bord et il a été incroyable, il a assuré depuis le début. Il m’a réhydraté et réchauffé. Je pouvais à peine boire avec ma langue grosse comme une balle de tennis. Le docteur s’est vraiment bien occupé de moi, il m’a posé une perfusion, a mis des pansements sur mes blessures, a soigné mon visage, a recollé mon nez…

Je suis toujours sur le Barrenjoey, et les gars ont surfé une gauche parfaite pendant que je dormais. Mon bateau va venir me récupérer maintenant, et ensuite nous allons pouvoir poursuivre notre surf trip. »

ASL: Votre surf trip?!? Mais vous n’allez pas vous faire hospitaliser ?

« Non, non. Nous avons un docteur ici et il me prend bien en charge vous savez. Il m’a dit que tout allait bien et que dans un jour ou deux, je devrais être opérationnel. Je dois avouer que mon foie et mes reins sont fatigués, que mes glycémies sont basses, que mon rythme cardiaque n’est pas au top, mais je sais que ça ira mieux demain… Ils nous font solides en Afrique du Sud ! Nous avons 8 jours de trip, je ne peux pas aller à l’hôpital, nous devons surfer. Nous avons eu une bonne aventure, mais nous avons gaspillé deux jours à me chercher… Les voilà qui arrivent d’ailleurs. Je dois vous laisser et aller les saluer… »

Brett Archibald en a profité pour rassurer sa femme, ses proches et les nombreuses personnes inquiètes qui avaient été averties de sa disparition sur la page Facebook consacrée aux recherches.

*le même bateau où Darren Longbottom avait été secouru par deux médecins français.

Sources: – www.surfinglife.com.au/news/sl-news/10153-lost-and-found
– http://www.smh.com.au/national/australian-tells-of-miracle-rescue-at-sea-20130420-2i72z.html

Lire aussi: – les surfeurs miraculés du tsunami aux Mentawai ;

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9 Commentaires

  1. Vlam dit :

    Mouahahah… ce barbare!

  2. sebastien dit :

    recit impressionnant

  3. Adrien dit :

    En effet, c’est incroyable !

    Ce récit me rappelle, un peu, un film : « Open Water », basé sur un fait réel.
    Je n’en dis pas plus, pour ceux qui souhaiteraient se cultiver !

  4. amsm dit :

    Mais alors si je comprends bien, les mouettes c’est bien plus dangereux que les requins?
    Parce qu’on en a plein sur nos côtes de ces bouffeurs de noses…

  5. SurfBlog dit :

    Le mec qui a pris les photos est un bon ami chez qui j’étais il y a un mois, il a quelques histoires de ce genre dans son sac, mais celle-là ! C’est dingue.

  6. Anthony dit :

    incroyable histoire effectivement ! Merci pour ce récit !

  7. nicomessanges dit :

    Sans parler de la haute mer il peut nous arriver a tous de nous faire coincer par les courants et de se retrouver bien malgré nous assez loin du rivage avec ou sans planche et bien souvent une personne vous observant en difficulté va immédiatement prévenir les secours qui mettront alors tout en oeuvre pour vous récupérer .le problème c’est que parfois le coût du sauvetage peut être assez élevé surtout lorsque l’hélicoptère est nécessaire à l’intervention.pour éviter ce genre de désagrément financier pensez à prendre une licence au club de votre choix,la licence comprend une assurance qui vous permettra entre autre d’éviter de payer le prix fort face au sauvetage.Les licences sont abordables environs 50 euros pour l’année ,vous pourrez également profitez de planches disponibles dans le club en question,d’être informé sur les compétitions de votre secteurs…

  8. Dans le même genre mais plus près de chez nous dans les Landes.

    Jean Damitio, 52 ans, a passé 15 h à nager après être tombé de son voilier:

    « Très vite, je ne savais pas où j’allais. Je me suis dit que j’étais en train de tourner en rond. Et la nuit est tombée. A deux reprises, j’ai fait la planche. Mais j’ai eu très froid. J’ai donc nagé lentement et sans m’arrêter jusqu’à la côte, après avoir aperçu les feux des bateaux, au large de Bayonne. »

    « J’avais très soif. J’ai bu un peu d’eau de mer volontairement, bien que cela soit contre-indiqué. Et j’en ai bu un peu involontairement. »

    http://www.sudouest.fr/2013/07/01/capbreton-tombe-de-son-voilier-il-a-nage-15-heures-pour-atteindre-le-rivage-1102406-4018.php

  9. Kevin dit :

    Encore un incident qui en dit long ! Ce miraculé à énormémént de courage et de sagesse. C’est un très bel exemple, d’un fait qui peut en effet arrivé à n’importe qui d’entres nous. Comme quoi la patience et le controle de soi et de ses émotions est vital dans des moments critiques comme celui-çi. Il a su garder son calme et son instinct de survie, et au final il a triomphé. Le plus surprenant c’est qu’il n’avait rien de matériel pour s’appuyer et se reposer. Quant aux requins, ils ont encore prouvé qu’ils ne sont pas toujours les coupables. Ils sont juste venus lui tenir compagnie..

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