Troubles Musculo-Squelettiques : ça fait mal…et ça coûte cher !
Encore une bonne raison de travailler moins pour surfer plus : les troubles musculo-squelettiques (= TMS). Il s’agit d’affections qui touchent les tissus mous autour des articulations (les muscles, les tendons, , les cartilages, les nerfs…). Sur le plan des symptômes, ils se manifestent principalement par des douleurs ou une gêne fonctionnelle qui peuvent devenir quotidiennes.
Pour schématiser, deux grandes catégories de travailleurs susceptibles de développer des TMS peuvent être distinguées :
– les personnes ayant un travail pénible ou répétitif (travailleurs de force, ouvriers, maçons, mécaniciens, jardiniers, caissières de supermarché, ouvriers de l’électronique, etc.).
– les personnes qui ne bougent pas (ou très peu) au travail : c’est le cas des personnes, de plus en plus nombreuses, qui passent le plus clair de leur temps arc-boutées devant un ordinateur. Moins on bouge, plus on risque d’avoir mal au dos par exemple.
Le Bulletin Epidemiologique Hebdomadaire du 9 février 2010 fait le point sur les TMS. Les TMS sont la première cause de morbidité au travail. Les TMS les plus fréquents sont le syndrome du canal carpien au niveau du poignet, les tendinopathies de la coiffe des rotateurs au niveau de l’épaule, l’épicondylite latérale au niveau du coude, l’hygroma du genou, les cervicalgies et les lombalgies.
Pour prévenir les TMS, il semblerait qu’il y ait encore « du boulot » en matière d’amélioration des postes de travail, de gestion des horaires et des cadences de travail, notamment pour les travailleurs intérimaires ou saisonniers…Les chefs d’entreprise, les salariés sont sensibilisés depuis quelques années au problème. Plusieurs campagnes de sensibilisation ont déjà été menées : « Les TMS, parlons-en pour les faire reculer » ; « Les TMS, la prévention, on s’y met tous »,ou encore « Allégez la charge » au niveau européen.
Il est difficile d’évaluer la prévalence exacte des TMS car d’un côté on a les travailleurs « durs au mal » qui n’auraient jamais l’idée de mettre une lombalgie chronique sur le compte de leur travail, d’où une sous-déclaration de cette catégorie de personnes. Certains patients ont peur de déclarer leurs symptômes car ils redoutent un changement de poste, une baisse de salaire ou un licenciement. A l’opposé, on a les patients qui sont tentés d’attribuer tous leurs maux à leur travail (sujet sensible mais que j’ai déjà rencontré dans ma pratique médicale) : comme exemple caricatural on a le sportif qui a passé sa vie à traumatiser ses articulations en pratiquant à outrance le rugby, le tennis, la course à pieds ou tous autres sports usants pour l’organisme, et qui va décréter que ses douleurs sont exclusivement liées à son travail ( 😯 ). Une fois son état reconnu en maladie professionnelle, ce type de patient est susceptible de poursuivre ses activités sportives intensives ou inadaptées comme si de rien n’était. Le risque est donc aussi à la sur-déclaration des maladies professionnelles liées aux TMS. Car quand un patient affirme qu’il souffre, un médecin le croit évidemment sur parole et dispose de peu d’outils objectifs pour quantifier la douleur du patient et attribuer son imputabilité au travail.
Quelques chiffres sur les TMS : 37 856 cas, soit 79,5% des maladies professionnelles (MP) reconnues par le Régime général de l’Assurance Maladie en 2006, étaient liés à des TMS des membres ou des lombalgies chroniques. En 2008, les TMS représentaient 40 000 maladies professionnelles indemnisées par le régime général, soit un surcoût direct annuel de 800 millions d’euros d’après le BEH. En 2006, les arrêts de travail liés aux TMS ont entraîné la perte de plus de sept millions de journées de travail.
3 Commentaires
Je souhaite attaquer mon employeur pour usure de mon organisme liée à mon travail, puisque j'utilise là-bas mon coeur et mes poumons pour respirer, mes yeux pour voir, et mes neurones pour réfléchir…
Il est grand temps que la société reconnnaisse tout le mal que provoque le fait de travailler!
😆
Il faut aussi rappeler qu’en France, les TMS représentent 87 % des maladies professionnelles et le mal de dos représente 20 % des accidents du travail. En 2017, leur coût direct pour les entreprises s’est élevé à près de deux milliards d’euros à travers leurs cotisations accidents du travail et maladies professionnelles (AT/MP). Pour les salariés, près de la moitié des TMS entraînent des séquelles lourdes avec des risques de désinsertion professionnelle.