Pendant le Roxy Pro, nous avons rencontré la surfeuse professionnelle de Biarritz, Lee-Ann Curren, avec qui nous avons parlé de sa préparation pour le surf mais aussi de son documentaire Titan Kids primé au Festival du Film de Surf d’Anglet sur les jeunes surfeurs des favelas brésiliennes qui s’évadent de la misère grâce au surf.

Comment te prépares-tu physiquement au surf avant une compétition comme le Roxy Pro Biarritz ?

Pour préparer mon surf, on a fait un peu d’entraînement avec Pauline Ado et Patrick Florès, l’entraîneur de l’équipe de France. J’essaye de me mettre plus dans une mentalité de compète, plus dans mon surf. Et ça a bien marché pour l’instant (Lee-Ann a terminé 9e du Roxy Pro). Sinon, je pense que c’est plus un travail hors saison ; pendant la saison de compétition, il faut savoir se reposer, se préserver tout en surfant toujours très régulièrement. Pour moi, en tout cas, ça marche comme ça.

Je fais pas mal de gym, de renforcement musculaire. Hors saison, je surfe plus pour tenter de nouvelles manœuvres. Du coup, dès que la saison commence, je sens que j’ai progressé et appris plus de tricks. Vu que je me suis fait mal au ménisque l’année dernière, je me suis fait enlever la moitié du ménisque, je ressens encore une certaine douleur quand je cours. Donc je ne cours pas énormément. Je vais courir de temps en temps dans le sable, mais pas des kilomètres. J’ai fait pas mal de rééducation.

Niveau nutrition ?

J’essaie dans l’ensemble de manger assez naturel, de boire pas mal de jus de fruit et de manger équilibré. Mais de temps en temps, ça ne m’empêche pas de manger du chocolat ou de boire du vin. J’essaie aussi de me faire plaisir. Je ne suis pas un régime alimentaire hyper rigoureux mais je peux quand même dire que j’ai une hygiène de vie assez saine. Je cuisine un petit peu sans aller jusqu’à dire que je suis une super cuisinière (rires). Quand je suis à la maison, évidemment je ne vais pas au restau tous les jours donc j’essaie de me faire des petits plats.

Parle-nous un peu de ton film « Titan Kids »…

En fait, c’était assez marrant comment ça s’est passé. J’ai un copain depuis trois, André Silva, et on se voit pratiquement à l’occasion de tous mes voyages. Lui, il vient un peu ici en France quand j’y suis, c’est-à-dire seulement deux à trois mois par an, et moi, je vais au Brésil, chez lui, de temps en temps puisqu’il est Brésilien. André m’avait parlé depuis longtemps d’un projet de documentaire sur sa ville natale où je n’étais jamais allée. Quand j’y suis allée, j’ai commencé à y repenser naturellement, de moi-même, une fois dans l’eau, à force de voir tout le monde qui fracassait, d’être confrontée aux conditions de vie, etc. J’en ai parlé à André et il m’a avoué qu’il y avait repensé aussi plus sérieusement. On a voulu se lancer mais le problème, c’est qu’il ne restait que deux jours avant le départ pour pouvoir filmer ce qu’on voulait. On s’est donc motivés pour filmer pas mal de contenu. Ensuite, on est rentrés en France. Ma mère a rencontré Frank Delage lors d’une soirée et lui a parlé de notre projet de film. Le hasard fait souvent bien les choses. Il a bien aimé parce qu’il avait déjà réalisé un film sur une favela au Brésil. Frank nous a donné pas mal de conseils et prêté du matériel. Puis, on est repartis pour un deuxième voyage au Brésil pour filmer.

Tu avais une idée précise de ce que tu voulais faire de ce film ?

Au début, je ne savais pas a quoi m’attendre parce que je redoutais la réaction des gens sur place. Je me disais que ce n’était pas évident pour eux d’être filmés. Mais finalement, ils ont plutôt bien accepté l’idée du film. Ils ont vraiment joué le jeu et étaient vraiment enthousiastes et je pense que c’est ce qui ressort de ce film et qui en fait quelque chose de pas mal, à mes yeux. On a filmé tellement d’images, je crois que je le connais réellement par cœur. J’ai fait le montage, donc je peux réciter tout ce que disent les personnes du début à la fin ! (rires) Tout ça pour dire que j’ai forcément une vision différente de la version finale de Titan Kids. Mon moment préféré est quand même celui de la fin avec le petit David qui fait sa petite musique, son rap, c’est un moment émouvant. Ce qu’il dit est hyper pertinent pour son âge, puisqu’il a seulement 12 ans. J’étais impressionnée par ce qu’il faisait. Je m’intéresse aussi beaucoup à la musique et je le trouve hyper doué.

Je vois que tu porte le bracelet « I love Boobies »… ?

Oui, toujours. Je fais un peu partie du team Keep a Breast donc dès que je les vois, je vais me faire mouler le buste. C’est super ce qu’elles font. Le cancer du sein est une maladie qui tue beaucoup de femmes dans le monde. Je trouve que c’est une bonne chose de sensibiliser les gens et d’organiser des actions qui versent des fonds à la recherche contre ce cancer. J’ai grandi avec Rell Sunn comme idole. C’était une de mes surfeuses préférées et une amie de ma mère et sa mort m’a beaucoup touchée. C’est sans doute ce qui m’a motivé à agir quelque part. Les surfeuses et les surfeurs qui participent à Keep A Breast ne sont pas toutes des personnes célèbres mais il y a pas mal de personnes qui nous suivent et qui suivent ce qu’on fait, via le net, ou autre. Donc, si on commence à parler de ça, peut-être que certaines personnes feront plus attention ou se poseront au moins les bonnes questions. Ce n’est pas très dur pour nous, ça ne nous demande rien et ça peut aider beaucoup de personnes.

Propos recueillis par Elisa Routa.

Photo Roxy / Dane Peterson.

Lire aussi l’article sur le Roxy Charity Surf.

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