En période estivale, l’eau est censée être plus propre que le reste de l’année car il pleut généralement moins. (Faussement) rassuré par les Pavillons Bleus et les analyses des eaux de baignade qui indiquent une « bonne qualité de l’eau », vous vous dites que vous pouvez profiter des bains de mer sans risque pour votre santé dans votre station balnéaire préférée. Erreur…

Comme l’indique le titre de l’article volontairement provocateur, il faut bien prendre conscience qu’en été sur une plage très fréquentée, la pollution provient en grande partie de nous-mêmes, ou plus exactement des centaines voire des milliers de personnes qui vont se tremper dans un espace limité. Plus il y a de monde dans l’eau, plus la pollution est grande et fera peser un risque pour l’environnement marin.

La partie la plus polluée est le bord de la zone de bain où est concentré le plus grand nombre de personnes qui pataugent. On le voit généralement à la couleur de l’eau qui n’est pas toujours d’un bleu lagon et qui contraste avec le reste du plan d’eau. Même s’il n’est pas question de se baigner en dehors de la zone de bain surveillée quand vous vous baignez en été, préférez vous y baigner aux heures les moins fréquentées, en début de matinée ou en soirée quand il y a moins de monde. Ou alors faites quelques brasses vers le large pour vous écarter du troupeau de baigneurs où la pollution est la plus concentrée et où l’on nage dans un bouillon de microbes et de produits chimiques.

Pollution bactérienne. Chaque être humain héberge à la surface de sa peau des millions de bactéries et autres microbes (encore plus pour ceux qui se mettent à l’eau tout transpirants ou sans s’être lavés depuis 2 jours…) C’est autant de micro-organismes qui vont se retrouver dans l’eau et passer d’une personne à l’autre. Quand on s’immerge dans une zone de bain fréquentée, il est mathématiquement impossible d’échapper aux bactéries qui vont notamment se loger dans le conduit auditif externe et qui vont causer un très grand nombre de cas chaque été d’otites externes (motif numéro 1 de consultations dans les cabinets médicaux des stations balnéaires fréquentées en été). Ce bouillon de culture à bactéries est la raison pour laquelle on déconseille fortement de se baigner avec une plaie.

Pipi dans l’eau. Quand on se baigne en été, on passe régulièrement dans des courants chauds faisant suspecter la miction du baigneur ou du surfeur d’à côté. Comme nous l’avons vu, faire pipi dans son maillot ou sa combinaison n’est pas forcément ce qu’il y a de plus sale (l’urine étant normalement stérile). Par contre, les urines peuvent contenir des résidus de médicaments chez les personnes qui en prennent comme des psychotropes que l’on retrouve dans l’eau, et surtout les hormones contenues dans les urines des femmes qui prennent une pilule contraceptive. Ces hormones engendrent la féminisation des poissons mâles, une baisse de la fécondité des poissons femelles et l’apparition de poissons hermaphrodites.

Pollution chimique. L’une des pollutions les plus nuisibles pour l’environnement marin dans les zones très touristiques est constituée par les crèmes solaires et les divers cosmétiques dont se badigeonnent les plagistes avant ou après s’être trempés dans l’eau de mer. On voit régulièrement des touristes dégoulinant de crème solaire se mettre dans l’eau. Le problème est que les crèmes solaires asphyxient littéralement l’eau de mer. De petites quantités de crème suffisent à entraîner la formation d’une couche étanche et hydrophobe à la surface de l’eau qui empêche les échanges gazeux de se faire entre l’air et la mer, déréglant la respiration naturelle de l’eau de mer et perturbant les algues et les poissons. De plus, de nombreuses crèmes solaires sont toxiques pour le corail et pour le plancton à la base de l’écosystème marin. Les crèmes solaires contenant des nanoparticules dérèglent le métabolisme des poissons et perturbent leur comportement. Pour limiter ces effets néfastes, il faudrait encourager l’utilisation de crèmes solaires respectueuses de l’environnement et en rationaliser l’usage en limitant notre temps d’exposition au soleil et en privilégiant la protection vestimentaire avec chapeau et top de protection solaire ou combinaisons anti-UV.

Les eaux de baignades sont également polluées par les divers objets en plastiques que l’on trempe dans l’eau et qui relarguent des composants toxiques : nous avions déjà évoqué les phtalates des jouets gonflables comme les matelas et animaux gonflables ; mais aussi du bisphénol et autres polluants chimiques des matières plastiques. Les surfeurs ne sont pas en reste avec une partie de leur matériel et notamment certaines wax qui sont toxiques pour l’environnement.

Tout ça, c’est pour la pollution « involontaire » que les gens relarguent sans toujours en avoir conscience. Reste ensuite la pollution délibérée comme les dizaines de milliers de mégots sur les plages, les centaines d’emballages plastiques ramassés tous les matins par les services de nettoyage

Bref, nous avons encore beaucoup de travail avant de profiter de plages touristiques respectueuses de l’environnement marin…

Bon, j’espère qu’avec tout ça je ne vous ai pas dégoûté d’aller à la plage en été 😉

Nous verrons dans un prochain article où et comment profiter d’une eau de mer saine.

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