Je vous recommande fortement la lecture de l’article « Écouter pour mieux articuler son corps, la récupération du surfeur blessé » dans le tout nouveau Surfer’s Journal n°92 (Octobre-Novembre 2012). Le kinésithérapeute Marc Messina nous livre une mine de conseils pour préserver notre corps qui peut se mettre à grincer si on ne se prépare pas correctement à la pratique du surf. Extrait :

Parce que le surf n’est pas que le plaisir des vagues de rêve, mais aussi la dure réalité d’un corps qui souffre à les affronter, des conseils ont été cherchés auprès de Marc Messina, surfer assidu depuis des décennies et kinésithérapeute-ostéopathe, cadre formateur à l’École de kinésithérapie de la faculté de médecine de Bordeaux.

Quels sont les points forts et points faibles de la musculature que développe le surf ?

Avant tout, il faut comprendre que chaque sport induit, par sa pratique régulière, ses propres déséquilibres musculaires. Le surf n’échappe pas à la règle. Il développe bien sûr prioritairement la musculature du dos et celle des épaules. Il suffit de reprendre la rame après une quinzaine de jours de repos pour rapidement situer les zones de contractures douloureuses à ce niveau. Par contre les muscles de la ceinture abdominale et ceux des membres inférieurs sont sous-exploités, alors même qu’ils sont indispensables à l’exécution de manœuvres performantes dans la vague. Sans parler du rôle de protection du dos permis par un sanglage abdominal efficace.

Le “piston” du surfeur, ce sont ses épaules. Solide ou fragile, comment cette mécanique marche-t-elle ?

En réalité l’épaule ne fonctionne pas comme un piston, sinon nous serions seulement capables d’effectuer des mouvements de translation du bras, ce qui serait très limitatif pour ramer. L’épaule plus qu’une articulation est un véritable complexe musculaire qui permet des mouvements rotationnels, donc tridimensionnels dans l’espace environnant. Les muscles les plus profonds permettent la stabilité. Les muscles plus superficiels qui donnent le galbe musculaire de l’épaule. Ce sont eux les véritables moteurs du bras, ils permettent la propulsion. Le bon équilibre entre ces deux systèmes superficiel et profond est fragile. Il peut dans certaines conditions se dérégler, les problèmes alors apparaissent…

Quand on sent que ça grippe (petites douleurs à l’épaule…), quelles précautions, quels gestes pour continuer sans que ça empire ?

D’une manière générale, rappelons que la douleur est un véritable signal d’alarme de l’organisme face à une agression, quelle que soit son origine. Il est nécessaire de respecter ce signal, sous peine de voir les choses s’aggraver, se chroniciser et du coup mettre plus de temps à guérir.

Souvent on estime que les choses vont s’arranger toutes seules, parfois par excès de “virilité”. La plupart du temps, ce n’est pourtant pas le cas.

Le conseil que je pourrais donner comme thérapeute, devant une douleur d’épaule, c’est de consulter le plus rapidement possible un professionnel de santé compétent, ne serait-ce que pour obtenir un simple avis avant que le problème ne s’aggrave.

Prenez l’exemple d’une simple tendinite de l’épaule. Prise à temps, elle est généralement facile à traiter et la guérison est rapide. Si le surfeur laisse traîner sa douleur 2 ou 3 mois, le rétablissement complet risque de prendre plusieurs mois ! Il n’est pas rare de recevoir dans nos cabinets des patients dont les douleurs ont traîné plus d’un an !

Entre posture (allongé, cambré) et choc (wipe-out), qu’est-ce qui est récurrent dans les maux du surfer ?

Ces quelques dernières années, les problèmes rencontrés chez le surfer ont beaucoup changé. Les pathologies que je rencontrais il y à 30 ans, au début de ma carrière professionnelle, ne sont plus les mêmes qu’aujourd’hui, ainsi que la façon de les traiter. L’avènement du surf acrobatique moderne a débouché sur des traumatismes inhabituels en surf. Je pense aux ruptures des ligaments croisés du genou, autrefois exceptionnelles, comme aux luxations d’épaules, aux arrachements tendineux, aux fractures de chevilles et à différentes atteintes plus ou moins graves de la colonne vertébrale. Ceci rentre dans le cadre de la traumatologie sportive aiguë lourde, les mauvaises chutes en quelque sorte, pouvant éloigner le surfer des vagues pendant plusieurs semaines ou pire plusieurs mois. Notons cependant que ces blessures touchent plus fréquemment le surfer confirmé, voire de haut niveau, que le surfeur estival.

J’écarte de ce chapitre ce qui relève de la « bobologie” du surfer, tels que les chocs, hématomes et autres coupures plus ou moins superficielles de la peau, résultats des plus fréquentes collisions entre surfers, liés à la surpopulation des spots, notamment l’été. Notons toutefois qu’au-delà de ces blessures de faible gravité, les services d’urgence enregistrent aujourd’hui des traumatismes plus graves comme des traumatismes crâniens ou des plaies très profondes, laissant augurer du port obligatoire du leash (voire du casque comme pour les enfants dans les stations de ski par exemple).

Pour ce qui est de la posture, cette question est essentielle en surf, puisque le surfer passe une grande partie de ses sessions à ramer… en position allongée. Cette position n’est évidemment pas naturelle pour le dos. La colonne vertébrale est avant tout conçue pour rendre possible la verticalité propre à l’espèce humaine et donc la locomotion par le biais des membres inférieurs et la préhension par celui des membres supérieurs.

Ce sont surtout les zones charnières qui souffrent à la longue chez le surfer. Elles sont situées notamment à la base du cou, qui est la transition entre la colonne cervicale et le haut du dos, mais aussi au bas du dos qui permet la liaison entre le rachis mobile (particulièrement les deux dernières lombaires) et le rachis fixe (le sacrum). Les disques intervertébraux sont très sollicités par cisaillement lors de la rame, les petites articulations du dos également du fait du travail excessif en cambrure donc en raccourcissement des muscles dorsaux. Les contractures font place à l’usure au fil du temps et donc aux douleurs chroniques de la colonne vertébrale. Les “tontons” surfers en savent quelque chose…

Dans la suite de l’article, Marc Messina explique photos à l’appui comment s’étirer, quel renforcement musculaire effectuer, quels sports complémentaires pratiquer et comment faire pour durer en surf comme un Joël de Rosnay ou un Kelly Slater. A lire dans le Surfer’s Journal n°92 que vous pouvez commander en cliquant sur ce lien.

A propos de l'auteur :

Surf Prevention est le site sur le Surf, la Sécurité, la Santé et l'Environnement.

 

Tags: , , , , , , , ,

 

2 Commentaires

  1. voilà un sport qui m'a toujours impressionné ! ils sont forts et courageux ces surfers !
    stéphanie

  2. Alexandre dit :

    Je vais tout de suite aller l’acheter ! Merci pour cet article.

Laisser un commentaire